Profitant de la coopération privilégiée avec la Jordanie, la Tunisie compte contribuer au projet de reconstruction de l'Irak, du Yémen et de la Syrie. A l'occasion de la tenue de la 9e session de la Haute commission mixte tuniso-jordanienne, le Centre de la promotion de l'exportation (Cepex) a organisé ce mercredi, avec le concours de l'ambassade tunisienne à Amman, le Forum économique tuniso-jordanien, en présence de Son Excellence l'ambassadeur de Jordanie, le ministre du Commerce tunisien Omar Elbehi et son homologue jordanien Yaareb Alkoudhat. Une délégation d'une quarantaine d'hommes d'affaires jordaniens représentant 36 entreprises industrielles, le représentant de l'Utica, Aref Belkhiria, et ses deux homologues jordaniens Issa Hider et Zied Homsi étaient également présents. La Jordanie : une passerelle pour accéder au nouveau Moyen-Orient Dans son allocution d'ouverture, le ministre du Commerce, Omar Elbehi, a souligné le rôle important que joue ce forum dans l'élaboration d'une coopération plus approfondie, ainsi que d'une meilleure inclusion économique entre les deux pays. De nouveaux horizons de collaboration sont ainsi ouverts pour les professionnels tunisiens, vu que «la Jordanie est le portail de l'Irak et des pays du Golfe, et la Tunisie est le portail de l'Afrique et de l'UE». «La communauté internationale estime que le coût de reconstruction de la Syrie, de l'Irak et du Yémen durant les 12 prochaines années s'élève à 1,5 million dollars. Sans la coopération entre les deux pays, ni la Tunisie ni la Jordanie ne pourront tirer profit d'une telle opportunité», a déclaré le ministre du Commerce et de l'Industrie jordanien, Yaareb Alkoudhat. Il a précisé que les défis conjoncturels imposés par le contexte géopolitique dans la région, et auxquels la Jordanie est confrontée, représentent, actuellement, un potentiel important d'investissement. Pour inciter davantage l'investissement tunisien en Jordanie, le ministre jordanien a mis en exergue les accords de libre-échange bilatéraux, mais également multilatéraux, signés avec plusieurs pays, notamment les pays arabes et les Etats-Unis. «L'investisseur étranger souhaitant investir en Jordanie dispose désormais d'un marché important qui compte plus d'un milliard et demi de consommateurs», a-t-il déclaré. M. Alkoudhat a, par ailleurs, déclaré que ce forum économique réunissant les deux pays marquera le point de départ d'une nouvelle ère d'investissement et de commerce entre les deux pays. Il a également cité la réussite de l'expérience tuniso-jordanienne du transfert du savoir-faire pharmaceutique qui s'illustre par l'exemple du géant pharmaceutique jordanien Hekma, 5e exportateur de médicaments dans le monde. L'entreprise jordanienne installée en Tunisie, depuis une dizaine d'années, assure un taux d'export vers les marchés européens et africains à hauteur de 35% du total de sa production en Tunisie. «La Jordanie compte s'ouvrir sur le marché africain. Elle peut compter sur la Tunisie pour accéder à ce marché prometteur», a-t-il expliqué. Un volume d'échange commercial à booster Toutefois, le ministre du Commerce jordanien a précisé qu'en dépit de l'augmentation du volume des échanges commerciaux enregistrée durant ces dernières années, ceux-ci ne répondent pas aux aspirations des deux pays. Ne dépassant pas 65 millions de dinars, l'échange commercial entre la Tunisie et la Jordanie peut croître et atteindre des valeurs beaucoup plus élevées. A cet égard, M. Elbahi a cité, outre les innombrables ressemblances entre les peuples tunisien et jordanien, sur le plan démographique, culturel, sociétal et niveau de vie, un cadre législatif très favorable à la promotion de l'échange commercial bilatéral. «Les diverses études sectorielles élaborées dans le cadre de l'accord bilatéral d'Agadir sont un véritable point de départ pour ancrer une coopération ainsi qu'une complémentarité sans équivoque entre les deux pays. Les accords de coopération conclus entre les deux chambres de commerce homologués des deux pays serviront à une mise à niveau et une reconnaissance mutuelle en matière de conformité normative entre les deux tissus économiques des deux pays». Par ailleurs, le ministre du Commerce tunisien a énuméré l'ensemble des mesures incitatives à l'investissement que la Tunisie a entrepris, après la révolution. «Durant cette période critique post-révolutionnaire, l'ancien modèle économique a été remis en question. Le tir a été rectifié vers un redressement de l'économie tunisienne, et ce, moyennant plusieurs réformes qui visent essentiellement à améliorer l'environnement économique et à améliorer la compétitivité des PME tunisiennes. La Tunisie est sur les rails pour libéraliser son économie et lui donner un nouveau souffle vers l'ouverture sur le marché international. Dans le cadre du plan quinquennal 2016-2020, des mesures incitatives à l'investissement ont été adoptées; à savoir un nouveau Code d'investissement, des réformes dans le secteur banquier et de nouvelles lois qui renforcent le partenariat public/privé ont été également adoptées», a-t-il affirmé. Des secteurs florissants pour l'investissement Le ministre du Commerce tunisien a mis en valeur le rôle primordial que jouera le secteur privé dans la mise en œuvre de cette nouvelle dynamique de développement et d'investissement via l'activation du conseil d'affaires mixte tuniso-jordanien, récemment créé, et la mise en exécution des accords conclus entre les chambres du commerce respectives des deux pays. Pour sa part, Aref Belkhiria, représentant de l'Utica, a détaillé les secteurs potentiels à développer et dans lesquels les hommes d'affaires tunisiens et leurs homologues jordaniens peuvent investir davantage, à savoir le commerce, l'agroalimentaire, les TIC, l'industrie automobile et l'industrie pharmaceutique. Par ailleurs, il a souligné le rôle crucial que jouera la levée des barrières douanières entre les deux pays pour booster le volume des échanges commerciaux. «Les hommes d'affaires tunisiens et jordaniens sont appelés à renforcer la coopération entre eux afin de développer le potentiel d'investissement dans le commerce et l'industrie, et tirer avantage des positions géographiques respectives des deux pays pour créer un pont de liaison, d'une part, avec les pays asiatiques et les pays du Golfe et, d'autre part, avec ceux du Grand Maghreb et de l'UE», a-t-il confirmé. Quant au représentant de la délégation jordanienne, il a souligné l'importance de l'adoption d'un circuit méditerranéen reliant la Tunisie à la Jordanie pour un transport de marchandises à moindre coût. Outre l'échange et le transfert du savoir-faire dans plusieurs secteurs industriels entre les deux parties, il a mis en valeur la possibilité d'accès au marché américain qu'offre la Jordanie pour les investisseurs tunisiens, grâce à l'accord de libre-échange conclu entre les Etats-Unis et la Jordanie. Cependant, pallier aux difficultés administratives qui entravent le processus de l'exportation est désormais un impératif.