Faute de couverture sociale, les footballeurs, de l'avis de notre interlocuteur, doivent se prendre en charge eux-mêmes et penser à leurs vieux jours. « En moyenne, la carrière d'un footballeur tunisien dure 7, 8 ans tout au plus, et ce, à cause d'une hygiène de vie pas toujours correcte. De ce fait, la carrière des joueurs tunisiens est beaucoup plus que courte que celle de leurs confrères en Europe. Parallèlement à ce handicap, la couverture sociale est quasi inexistante. Même l'assurance, qui est obligatoire et de l'ordre de 200 mille dinars, ne couvre que les risques des blessures contractées aux entraînements ou au cours des matches. Aujourd'hui, on voit beaucoup de joueurs qui gèrent très mal leur après-carrière, à part quelques-uns qui réussissent leur reconversion en entraîneurs, en agents de joueurs ou en lançant un projet sportif. D'autres s'investissent dans les cafés ou salons de thé. Il y a ceux qui investissent dans l'immobilier. Il y a des cas de joueurs qui sont morts et n'ont pas touché leur retraite de leur vivant, car les clubs pour lesquels ils ont joué n'ont pas honoré leurs dettes envers les caisses sociales. Avant la révolution, les caisses sociales n'étaient pas intransigeantes sur les cotisations des adhérents des clubs de football. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, puisqu'elles envoient systématiquement des mises en demeure aux mauvais payeurs. En 1994, quand le professionnalisme fut instauré, on a commencé par le Smig et les cotisations étaient dans les cordes des clubs. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, vu les salaires exorbitants que versent la plupart des clubs aux entraîneurs et joueurs. Du coup, nos équipes de football ne cotisent plus. Par conséquent, les caisses sociales leur infligent une pénalité de 4000 dinars pour chaque trimestre non honoré. Aujourd'hui, les dettes des clubs envers les caisses sociales s'élèvent à 400 mille dinars pour certains d'entre eux, voire même 2 millions de dinars pour d'autres, ce qui est énorme. Il faut savoir que la cotisation sociale est de l'ordre de 6 % du montant du salaire. Quand on sait qu'en moyenne, les salaires des joueurs et des entraîneurs de la Ligue 1 tunisienne avoisinent les 80 millions de dinars par saison, les cotisations sociales reviennent à 5 millions de dinars. Pour conclure, tout le système mis en place est à revoir. Les décideurs dans les clubs doivent penser à une assurance complémentaire, ce qui résoudrait le problème, outre que les cotisations sociales doivent être honorées. En attendant, on peut penser à doter au moins les anciens joueurs internationaux d'un carnet de soins dans le centre médicosportif. On peut penser aussi à créer un fonds spécial d'entraide pour les footballeurs professionnels, à alimenter en soutirant un petit pourcentage des salaires des joueurs et des entraîneurs. La plupart de nos joueurs ne sont pas conscients des difficultés qu'ils pourraient rencontrer une fois leur carrière achevée. C'est pourquoi, il faut bien réfléchir à ce problème en instaurant un mécanisme bien rodé afin de doter les joueurs d'une retraite comme tous les autres métiers du reste ».