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Le déséquilibre cotisants/retraités s'aggrave
Entretien avec M.Hafedh Bouktif, Directeur Général du Centre de Recherches et d'Etudes Sociales (Cres)
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 04 - 2016

La situation des caisses de sécurité sociale, qui traversent une crise sans précédent, a soulevé un débat houleux. La réduction des avantages attribués aux retraités et le recul optionnel de l'âge de départ à la retraite, qui ont été proposés, entre autres solutions, pour combler le déficit chronique des caisses, ont suscité une levée de boucliers des syndicats qui refusent que les droits des travailleurs soient remis en question. Le directeur général du Centre de recherches et d'études sociales, Hafedh Bouktif, a bien voulu faire le point sur cette crise.
Quelle est aujourd'hui la situation réelle des caisses sociales ?
Aujourd'hui les deux caisses gestionnaires des régimes de retraite dans le secteur public et privé, à savoir la Cnrps et la Cnss, sont dans une situation très difficile, voire critique. Particulièrement pour le secteur public, le cumul du déficit financier enregistré, depuis les années 90, au niveau des pensions de retraite ne cesse d'augmenter, menaçant ainsi la pérennité du système et l'octroi de cette prestation pour les générations futures. Le recours à l'augmentation périodique des cotisations, comme mesure de solution, n'a pas réussi, à lui seul, à atténuer ce déficit sur le long terme.
Plus précisément, le déficit financier de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale s'est élevé à la fin de l'année 2014 à 285 MD. Il faut ajouter à cela la dette cumulée depuis 2012 auprès de la Cnam au titre des cotisations au régime de base de l'assurance maladie qui a atteint 1.100 MD à la fin de 2015.
Quant au déficit de la branche de la retraite de la Cnss, il s'élève à 555,8 MD selon les chiffres définitifs de 2014. Cette situation appelle les acteurs politiques et les partenaires sociaux à s'engager dans un processus de réformes aussi bien urgentes que structurelles afin de rétablir l'équilibre financier notamment du régime de retraite public sur le long terme, tout en respectant un principe fondamental sur lequel repose le système de sécurité sociale en Tunisie, à savoir la répartition et la solidarité entre les générations.
Ce principe se mesure notamment par le ratio (cotisants/retraités) qui doit être élevé pour respecter un certain équilibre entre les actifs et les retraités, et ce, par le biais des cotisations prélevées sur les actifs afin de financer la retraite.
A titre indicatif, ce ratio était de l'ordre de 6,19 en 1976 dans le secteur public. Il a baissé à 2,4 en 2015 et il continuera à baisser et atteindra 1,34 en 2050.
Je rappelle que les prestations de la branche de la retraite dans le secteur privé et public représentent près de 70% du volume des prestations fournies par les caisses. Ces prestations concernent actuellement 306.203 pensionnés pour la Cnrps parmi lesquels figurent 201.706 retraités et environ 638.000 pensionnés pour la Cnss qui comptent 382.000 retraités.
D'autre part, on remarque que la croissance annuelle moyenne de cette population de retraités dans le secteur public, ces dernières années, est de l'ordre de 5,6%, alors que la croissance annuelle moyenne des actifs n'a pas dépassé 1,5%.
Quelles sont les pistes de solutions que vous suggérez en tant que Centre de recherches et d'études sociales?
Le Cres, organisme de recherches et d'aide à la décision en la matière, est membre de la sous-commission tripartite «protection sociale» créée dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions du Contrat Social signé entre le gouvernement et les partenaires sociaux en janvier 2013.
Il est également coordinateur de la sous-commission sectorielle en charge de la réforme de la protection sociale dans le cadre du processus national d'élaboration du nouveau plan de développement économique et social pour la Tunisie.
A ces titres, le Cres a participé à l'élaboration d'une nouvelle vision stratégique dans le but de réformer l'ensemble du secteur de la protection sociale, qui englobe aussi bien la dimension assistance sociale aux populations pauvres et vulnérables que la dimension sécurité sociale basée sur les régimes contributifs.
Cette vision préconisée concerne notamment l'institution d'un Socle national de protection sociale, conformément à la recommandation n°202 de 2012 adoptée par l'Organisation internationale du travail sur les socles nationaux de protection sociale.
Ce socle comprendrait trois paliers. Un palier de base adapté à la réalité nationale et constitué de certaines garanties sociales de base (couverture santé universelle, revenu social minimum, assurance perte d'emploi...), un deuxième palier comprenant les garanties du régime contributif de sécurité sociale (pension de retraite et assurance maladie) et un troisième palier relatif aux assurances volontaires complémentaires.
Les réformes à introduire relatives à la sécurité sociale, particulièrement pour les pensions de retraite et l'assurance maladie, doivent être étudiées et envisagées dans le cadre des garanties à réformer ou à mettre en œuvre dans le cadre de cette réforme globale.
D'ailleurs, il est prévu que le Cres présente un projet sous forme d'une matrice des réformes structurelles à envisager dans une démarche graduelle pour l'ensemble du secteur de la protection sociale selon un schéma de cohérence globale qui s'appuie sur les résultats d'études de faisabilité et de calcul d'incidence relatives aussi bien aux couvertures sociales universelles qu'à la couverture sociale des assurés sociaux.
Une fois validée par le gouvernement et les partenaires sociaux, cette matrice constituera une feuille de route pour les années à venir en vue de mettre en œuvre ces réformes et d'atteindre les résultats escomptés, à savoir une protection sociale pérenne pour tous.
Les jeunes ont encore plusieurs années de cotisation devant eux. Auront-ils, un jour, une retraite inférieure à celle des générations passées ?
Il est encore tôt pour affirmer cela. Ce qui est certain, c'est que le statu quo ne favorise pas les jeunes qui payent aujourd'hui de plus en plus lourdement la facture de l'absence de réformes structurelles dans ce domaine, et ce, par l'accès de plus en plus tardif à la vie active en raison notamment des forts taux de chômage.
Je pense que l'engagement actuel des pouvoirs publics et des partenaires sociaux en vue de réformer structurellement le secteur de la protection sociale est de nature à rassurer les jeunes quant à leurs droits à la dignité et à bénéficier d'un développement équitable et solidaire pour tous.


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