A partir de 2018, la Tunisie sera membre permanent du Marché commun pour l'Afrique orientale et australe «La Tunisie s'apprête à devenir, au début de l'année 2018, un membre permanent du marché commun pour l'Afrique orientale et australe (Comesa), ce qui permettra aux pays d'impulser ses exportations vers des destinations autres que les marchés traditionnels européens, et ce, dans le cadre de l'effort déployé par le gouvernement pour équilibrer la balance commerciale», a indiqué le ministre du Commerce, Omar El Behi. Il a ajouté, lors de la séance plénière, tenue hier, à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour examiner le projet du budget du ministère du Commerce, au titre de l'année 2018, que la Tunisie est également devenue membre de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), ce qui constitue avec la Comesa un marché de consommation de 300 millions de consommateurs. El Behi a souligné que la balance commerciale a enregistré, au cours de l'année 2016, un déficit de 12 milliards de dinars alors que le taux de couverture est estimé à 68%. Cette situation a incité le gouvernement et la Banque centrale de Tunisie (BCT) à prendre un ensemble de mesures visant à augmenter les exportations et à rationaliser les importations. Il a affirmé que le ministère du Commerce a préparé une liste des produits de consommation non nécessaires dont «le financement doit être effectué dans sa totalité par les importateurs», a-t-il dit. De même, le département du commerce a exigé des importateurs de présenter les documents des déclarations douanières des pays exportateurs afin d'éviter la manipulation et de soutenir le contrôle technique. En vue d'impulser l'exportation, le ministère du Commerce renforcera le transport aérien de 50% et celui maritime de 30%. El Behi a, par ailleurs, ajouté que les visites d'affaires pour la prospection de nouveaux marchés seront effectuées sous l'égide des responsables du gouvernement pour renforcer la diplomatie économique. Numériser les opérations de contrôle économique La députée Leila Zahaf a plaidé, hier, lors de la séance plénière consacrée la discussion du budget du ministère du Commerce à l'ARP, pour le contrôle des entrepôts frigorifiques des produits de consommation, soulignant la nécessité de numériser les opérations de contrôle économique pour gagner en efficacité mais aussi pour pouvoir cibler les activités commerciales parallèles, ce qui permettrait de générer des revenus supplémentaires pour l'Etat. De son côté, le député Ibrahim Ben Said a appelé à l'augmentation du nombre des agents de contrôle économique pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, estimant que les stocks de légumes fournis aux grandes surfaces pour réguler les prix ont été insuffisants, étant donné la commercialisation de quantités importantes de produits de consommation dans les points de vente au détail. Le député Ali Bennour a, pour sa part, invité les autorités à limiter les importations de pâtes alimentaires à l'instar des biscuits, en provenance de la Turquie, faisant remarquer que le déficit commercial enregistré par la Tunisie impose la révision des accords conclus dans le domaine du commerce extérieur, dans l'objectif de protéger les industries locales. Bennour a, également, estimé nécessaire de prendre des mesures audacieuses pour lutter contre les phénomènes de spéculation et de monopole, soulignant que la lutte contre ces pratiques n'est pas du seul ressort du chef du gouvernement mais doit, aussi, impliquer les gouverneurs et les différents responsables. Grave déficit commercial La discussion du projet de budget du ministère du Commerce pour l'exercice 2018 s'est déroulée en présence du ministre du Commerce, Omar Bahi, et du secrétaire d'Etat auprès du ministre du Commerce chargé du Commerce extérieur, Hichem Ben Ahmed. Ce budget s'élève à 1.660,762 millions de dinars (MD), contre 1.671,304 MD au titre de l'année 2017, soit une régression de 0,6%. Il est réparti entre les dépenses de gestion (1.644,262 MD, en baisse de 0,9% par rapport à 2017), les dépenses de développement (16 MD, en évolution de 38%) et les fonds du trésor (0,500 MD, soit le même montant qu'en 2017). Il importe de mentionner que les dépenses de gestion sont orientées à raison de 97%, vers les dépenses relatives aux interventions publiques auxquelles le budget du ministère prévoit une enveloppe de 1.601,543 MD, dont 1.570 MD consacrés aux dépenses de compensation et 30 MD pour la promotion des exportations. Quant aux dépenses de développement, elles sont réparties entre les investissements directs (2,560 MD contre 2,880 en 2017) et le financement public (13,440 MD contre 8,713 MD en 2017). Concernant le premier volet, les investissements directs provenant des ressources générales du budget ont diminué de 14,8%, passant à 1,560 MD, prévu en 2018. La discussion du budget du ministère du Commerce intervient dans un contexte marqué par une aggravation du déficit commercial qui s'est établi à un niveau inquiétant de 13.210,6 MD, à fin octobre 2017, contre 10.781,2 MD durant la même période en 2016. Le rythme de croissance des importations a été très important cette année, elles ont progressé, en valeur, de 19,6%, à 40.850,8 MD, alors que leur augmentation n'avait pas dépassé 3,8%, durant la même période de l'année 2016. A contrario, les exportations n'ont cru que de 18,2%, à 27.640,1 MD contre +2,9%, à 23.387 MD durant la même période de l'année 2016.