Après le décevant ESS-EST, on s'attendait à un rachat de notre football avec le derby EST-CA. Il n'en fut rien du tout. C'est que la médiocrité s'est bel et bien installée sur nos pelouses. Et ce n'est pas de bon augure ! La phase aller du championnat national tire à sa fin et, à ce jour, on n'a pas assisté à un seul match contenant les ingrédients du beau spectacle comme si nos équipes en ont égaré la recette. Et ce n'est pas le grand derby de la capitale entre les deux frères ennemis, l'EST et le CA, qui pourrait nous contredire à ce propos. En effet, le duel d'avant-hier joué à Radès était d'un niveau tout juste moyen pour ne pas dire médiocre. A l'instar de toute la Tunisie, notre football est dans la tourmente, tel un navire en perdition. Tout le monde a soif de voir nos équipes nous offrir un beau spectacle de temps en temps. Mais il semble que la disette ne soit pas près de s'estomper. C'est du moins la conclusion avec laquelle on est sorti à quelques journées de la fin de la phase aller du championnat. Les nostalgiques ne se reconnaissent plus à l'occasion des classicos et des derbys un de nos jours, tellement la fadeur et l'insipidité sont toujours au rendez-vous, car même le «bras de fer» entre l'EST et le CA n'en fut pas un. Que de déchets ! Ni le leader «sang et or» animé par la volonté de prolonger au maximum sa série rose, ni le CA, pourtant bien motivé pour se réconcilier avec ses supporters, ne nous ont régalés de beau jeu et suspense habituels. Comme lors du match ESS-EST, le derby était saccadé car les coups francs et les arrêts de jeu pour un «oui» pour un «non» formaient les ingrédients de ce plateau loin d'être alléchant. Au moins cinq joueurs des deux camps ont dû quitter le terrain, sur blessure, avant le coup de sifflet final de la rencontre. Ainsi, l'infirmerie de l'EST sera désormais très fréquentée. C'est qu'après les blessures contractées il y a quelques jours par Taha Yassine Khénissi et Haïthem Jouini, c'est au tour de Saâd Bguir et Chamseddine Dhaouadi d'endurer le même calvaire, et de se voir contraints à être remplacés respectivement par Bilel Mejri (70') et Ali Machani (80'). On a l'impression que nos joueurs ne cherchent plus le beau geste technique, mais plutôt le tibia de l'adversaire, se fichant éperdûment des spectateurs venus pour passer un moment agréable dans un stade de football. On est de plus en plus déçu par la qualité du football tunisien qui s'enlise davantage au point de risquer de perdre ses férus si son niveau continuait dans sa descente. On a eu droit à tous les déchets : mauvaises passes, jeu fréquemment décousu, rythme lent, rareté des occasions de but et surtout forte sollicitation de l'arbitrage. Toutes ces composantes ne peuvent nullement donner un beau match et offrir aux spectateurs et aux téléspectateurs le spectacle recherché et susceptible d'égayer leurs dimanches ou leur temps libre. Pour ce qui concerne le rendement des deux équipes, on peut dire que les absences ont pesé quelque peu sur les automatismes des «Sang et Or». Sans Khénissi, Badri et le remplaçant qui promet Mehdi Ben Sghaïer, Faouzi Benzarti s'est trouvé obligé de chambouler un peu les rôles de ses joueurs. Ce qui a affecté l'efficacité du groupe. Même sur le plan individuel, seul Ghaïlane Chaâlali s'est montré au-dessus du lot grâce à sa générosité hors pair dans l'effort et à son omniprésence sur tout le rectangle de jeu. Par ailleurs, Ali Jmel semble avoir ravi irréversiblement la titularisation à l'international Moez Ben Chrifia, contraint une nouvelle fois à être cloué au banc de touche. Du coup, le choix de Faouzi Benzarti paraît scellé une bonne fois pour toutes sur ce point. Du côté du Club Africain, on n'a pas vu la résistance habituelle des «Rouge et Blanc» ni même un désir d'inquiéter l'Espérance, ne serait-ce qu'un peu. Finalement, ce fut un derby sans couleurs. Un derby à oublier, même si l'EST a réussi l'essentiel, à savoir la victoire, grâce à un penalty douteux.