Nous avions maintes fois souligné que les techniciens tunisiens n'avaient absolument rien à envier à leurs homologues étrangers. Cette affirmation n'avait assurément aucune consonance discriminatoire. Il fut un temps où nous avions vraiment besoin de ces valeureux techniciens pour nous faire profiter de leur expérience. Certains d'entre eux ont enseigné dans nos écoles de formation de cadres et formé bien des générations qui, à leur tour, ont pris les choses en main. Aujourd'hui, les choses ont changé. Les bons entraîneurs étrangers, plus exactement ceux qui possèdent plus d'expérience que ceux qui sont sur le marché national, n'acceptent pas de venir dans nos contrées et même s'ils se laissent convaincre, ils sont hors de portée de notre football. Un football qui cherche encore ses marques, sa voie, ses assises professionnelles et qui se trouve à la croisée des chemins. Pensez-vous qu'à l'heure d'internet et des moyens de communication que possèdent presque tous les pays du monde, ces techniciens ignorent ce qui se passe chez nous ? L'exemple Kamel Kolsi De toutes les manières, il est de toute évidence remarquable que les équipes tunisiennes sont de plus en plus portées vers les techniciens du terroir. Au fil des années, on a vu émerger une très belle génération de jeunes, qui ne demande qu'à faire valoir ses qualités, ses idées et ses prétentions. Pour ne pas citer de noms et risquer d'en oublier, disons que nous relevons toutes les semaines des techniciens qui s'affirment et qui iront loin, pour peu qu'on leur fasse confiance, qu'on leur offre l'occasion de s'exprimer et qu'on les laisse travailler. Nous en possédons un bon nombre en fonction, d'autres sont dans les pays du Golfe ou ailleurs, où la solide formation des entraîneurs tunisiens n'est plus un secret pour personne. Les observateurs ont suivi, ces dernières semaines, le travail effectué par Kamel Kolsi au Club Africain. Un Club Africain complètement vidé de sa substance par des événements regrettables et exceptionnels, qui ont failli détruire tout ce qui a été fait depuis quatre- vingt-dix-sept ans. Une équipe à bout de souffle, aux joueurs complètement démotivés, au moral à zéro et qui traîne lamentablement en queue de classement. Certes, il y avait des matchs en retard à jouer, mais personne ne pouvait prédire ce qui serait advenu de cette équipe symbole, si des décisions urgentes n'avaient pas été prises. On a fait appel à Kamel Kolsi. C'est un technicien qui a débuté sa carrière dans son club de cœur à la fin de ses études. Il a contribué à former bien des générations de joueurs et d'entraîneurs, avant d'être sollicité par la FTF pour devenir son directeur technique. A la fin de sa mission, il a réintégré le club, une fois que les choses étaient devenues plus claires. Il a en fait rejoint ceux avec qui il avait, à une certaine époque, fait du beau travail. Sollicité pour réinsuffler l'espoir au sein d'une équipe sans ressort, découragée, vidée psychologiquement, il n'a pas hésité en compagnie de H. Tiouiri, un autre enfant du club, à réinsuffler la fierté, l'espoir et le désir de se battre. Il a si bien métamorphosé cette équipe moribonde en équipe de combat, que plus d'un pensait qu'il serait superflu de chercher quelqu'un d'autre, pour terminer la saison. Ce n'est point les victoires et les résultats qui comptent dans ces conditions, mais bien le nouveau visage d'une formation revigorée en un temps record, pimpante et... ce qui ne gâche rien rajeunie et qui a tout simplement surpris bien des observateurs. Solidarité et mobilisation Où étaient ces jeunes, où était cette force de caractère, cette volonté de jouer pour le maillot ? La réponse se trouve assurément dans la spectaculaire ouverture du score par Ayadi, dans les larmes du très jeune Aounallah qui a marqué un but qui donne une victoire et qui compte dans une carrière, ou tout simplement dans les quelques mots de K. Kolsi qui s'est dit heureux d'avoir réussi à remobiliser les joueurs et à remettre le club sur pied, promettant de poursuivre sa tâche, en mettant en place la stratégie du club au niveau de la formation. Son successeur trouvera en place un club revigoré et prêt à repartir du bon pied à la reprise, des jeunes qui piaffent d'impatience et non pas le vide et le doute.