Au train où vont les choses du côté de notre onze représentatif, les locaux peuvent faire leurs adieux à une place en équipe nationale Avec Roger Lemerre (Maâloul était déjà son adjoint !), la polémique avait fait rage, partagé toute l'opinion publique et créé d'insoutenables tensions au sein du groupe. Tensions momentanément tempérées par la conquête du titre africain en 2004 pour reprendre de plus belle et s'achever par un flop monumental et un bon paquet de polémiques. En revenant aux affaires, cette fois-ci en tant qu'entraîneur national en chef, Nabil Maâloul a clairement affiché ses intentions et opéré un retour en arrière qui risque de diviser de nouveau l'opinion publique sportive et footballistique. Et qui risque également de donner libre cours à toutes les interprétations. En effet, il y a plusieurs lectures à cette démarche qui fait la part belle à nos joueurs qui évoluent à l'étranger, quels que soient leur état de forme et leur statut dans leur club ; et qui ignore royalement les joueurs locaux, quel que soit leur état de forme et quel que soit leur statut dans leur club. Lectures, disions-nous. En voici quelques-unes. Solution de facilité. Abdennour, Ben Hatira, Chahed, Chermiti, Darragi, Haggui, Hammami, Jomaâ, Kharzi, Khélifa, Korbi, Mikari, Msakni et Yahia : voici les professionnels à l'étranger dans la dernière liste du sélectionneur national. Quatorze au total. Si l'on fait abstraction des gardiens de but (la Tunisie n'ayant jamais vraiment été exportatrice de derniers remparts, qui sont au nombre de trois et des joueurs de champ qui n'ont aucune chance d'être titularisés), nous nous retrouvons avec une équipe et un onze où les locaux sont aux abonnés absents. Et encore, puisque deux de ceux qui ont été du match contre la Sierra Leone sont les joueurs les plus contestés depuis un bon bout de temps. Nous voulons évidemment parler du duo Mouelhi-Traoui. Cela a donc tout l'air d'une solution de facilité qui n'a d'ailleurs pas abouti à grand-chose, sinon à un bien pâle 2-1 contre une Sierra Leone qui a débarqué chez nous avec seulement 17 joueurs et sans des joueurs importants. L'échec de tous ? A travers sa direction technique bicéphale (on sait avec précision ce que Kamel Kolsi fait, et il le fait très bien, on ne sait toujours pas ce que Youssef Zouaoui fait, à part auditionner les candidats-sélectionneurs et parler de la pluie et du beau temps avec Maâloul à quelques minutes du coup d'envoi d'un match éliminatoire de la Coupe du monde), c'est donc la FTF qui est en cause, ainsi que tous nos clubs en général. En d'autres termes, c'est comme si le football tunisien n'existait pas... A ce point de la situation, la FTF doit fermer boutique et nos clubs s'autodissoudre. Le sélectionneur national doit, lui, élire résidence en Europe, et revenir au pays uniquement quand il y a un match officiel ou amical chez nous. Cela nous coûterait beaucoup moins cher en billets d'avion (nous savons que la FTF est l'une des rares agences de voyages qui marche). Cela nous évitera aussi d'avoir à payer le reste du staff technique qui a beau superviser les matches de notre championnat mais dont les recommandations ne sont pas prises en compte par leur patron. Bouée de sauvetage. Censés apporter le plus, bon nombre de nos professionnels à l'étranger trouvent en notre équipe nationale une véritable bouée de sauvetage. A quelques rares exceptions près, ils sont pour la plupart en difficulté dans leurs clubs, en tout cas pas incontournables et pas décisifs. Cela n'empêche qu'ils ont la priorité absolue en équipe nationale, au détriment de ceux qui évoluent dans notre championnat. A court et à moyen terme, cela leur fait attraper la grosse tête en même temps que ça mine l'ambiance au sein du groupe. A ce propos, l'idée de refaire appel à Haggui (qui n'est plus titulaire à Hanovre), de le titulariser et d'en faire le capitaine n'est sans doute pas la meilleure. Mais en opérant ainsi, le sélectionneur s'aligne les joueurs de l'étranger, prend ses distances de nos techniciens et de nos clubs dont il ne dépend plus et peut alors régner en maître absolu de notre équipe nationale. «Politiquement» payant, mais sportivement risqué. Sont-ils si mauvais? ! A ce point de la situation, une double question se pose : les joueurs locaux sont-ils aussi mauvais que cela, au point de ne soutenir aucune concurrence avec ceux de l'étranger ? Et ceux de l'étranger sont-ils aussi supérieurs au point de ne «souffrir» aucune concurrence? En tant qu'observateurs «neutres», nous pensons franchement qu'il y a une bonne quinzaine de joueurs locaux capables de suite de faire partie du groupe. Tous jeunes, tous talentueux et tous avec une énorme marge de progression. Car il est tout de même frustrant qu'un jeune brille sans qu'il n'ait aucune chance d'accéder au team national, objectif et rêve de tous. En tout cas, pas pour y faire de la figuration, mais pour avoir une chance, une vraie. Est-ce vraiment gratuit? La dernière question qui se pose, c'est de savoir le pourquoi exact de ces choix que les chiffres et les résultats contestent parfois ? Les mauvaises langues disent qu'il y a tout un business derrière. Appeler des joueurs en difficulté dans leurs clubs en équipe nationale pour les relancer, les aider à trouver un club ailleurs, ou alors dans une grande équipe tunisienne, prête toujours à équivoque et donne libre cours aux rumeurs les plus folles. En ce moment, rien ne permet de les démentir...