Ex-pivot du Stade Rennais, Bertrand Marchand est une vieille connaissance du football tunisien pour avoir conduit successivement le Club Africain (2005-2007), l'Etoile Sportive du Sahel (2007-2008) et l'équipe de Tunisie. Il a réussi à remporter la Ligue des champions avec l'ESS (2007). Ces succès lui ont valu le prix de l'Unecatef (2007) récompensant le meilleur entraîneur français en 2007. A 64 ans, Bertrand Marchand a été engagé par l'équipe de Bab Jedid pour six mois pour remplacer l'Italien Marco Simone. Avant de retrouver le CA, vous avez été contacté auparavant par le CSS et l'ESS. Pourquoi ce choix ? Certes, j'ai eu des contacts fort sérieux avec le Club Sportif Sfaxien et l'Etoile Sportive du Sahel. Mais c'est par amour que j'ai décidé de renouveler mon expérience avec le grand Club Africain. Ce sera pour moi un challenge fort passionnant. J'ambitionne d'aider l'équipe clubiste à redevenir l'une des meilleures d'Afrique. Nous avons les moyens humains de réaliser ce défi. Après 12 ans, comment avez-vous trouvé le CA de 2017? Le football a fait un bond vers l'excellence depuis 12 ans. Il a évolué dans le monde entier, et ce, grâce aux footballeurs africains qui se sont imposés dans toutes les grandes équipes. Bien sûr, le CA a changé par rapport à celui que j'ai entraîné en 2005. Je vous affirme que si le football a évolué c'est grâce aux footballeurs africains qui sont devenus indispensables en France, en Italie, en Angleterre, en Russie et en Allemagne. L'équipe de France est composée aux 2/3 de footballeurs africains. Comment jugez-vous la prestation du CA face à l'EST et au CSS? Avant de donner mon avis, il faut remercier Kamel Kolsi qui a brillamment su composer avec les joueurs à sa disposition. Ils ont été appliqués, volontaires et déterminés à jouer d'égal à égal avec les Sang et Or et le CSS. Ils ont eu le mental qu'il fallait pour venir à bout d'un ensemble sfaxien bien en jambes. Le potentiel des jeunes est assez intéressant pour travailler dans la sérénité. Je suis optimiste pour l'avenir du Club Africain. Face à l'EST et au CSS, l'équipe a manqué de profondeur, parce que Saber Khelifa est un joueur de couloir. Du jeu et du potentiel pour marquer des buts, voilà ce qui fait défaut. Mais face au CSS, le CA a mieux joué et a même gagné son match sur le fil. C'est réconfortant. Après avoir entamé votre travail avec le CA, quel rôle pour Kamel Kolsi? Je connais parfaitement Kamel Kolsi, qui était directeur technique des jeunes lors de mon passage avec le CA en 2005. Il a fait du bon travail. Tout le staff va rester et Kamel Kolsi sera à mes côtés pour guider le CA vers les sommets. Le retour au bercail de Dhaouadi et Belaïd aurait-il des répercussions positives sur le rendement de l'équipe? Ce sont deux grands joueurs qui ont assez de qualités techniques pour prêter main-forte aux jeunes qui ont besoin de leurs expériences. Certes, ils ont 30 ans, mais regardez Ronaldo, il est âgé de 32 ans. Il ne faut pas oublier que Zouhaïer Dhaouadi, c'est moi qui l'a amené de la JSK au CA avec Kamel Idir. Je l'ai aussi appuyé à avoir un contrat à Evian, mais il a été malchanceux. Dhaouadi a été le seul joueur local titulaire en équipe de Tunisie. J'ai besoin de ces deux joueurs au potentiel indiscutable. Vos ambitions immédiates avec l'équipe de Bab Jedid? J'ai une envie de faire renaître le CA et penser aussi à 2020. Je veux lancer les jeunes du club dans le grand bain. Il ne faut pas oublier que derrière le CA, il y a des responsables dévoués qui veulent placer ce prestigieux club dans les sommets. Nous sommes dans l'obligation de nous coller au groupe du haut du tableau. A mon avis, il ne faut pas rater le train vers l'Afrique qui va nous ouvrir d'autres horizons. Vous ne cessez depuis votre arrivée au CA de parler des jeunes! Et comment ! Il faut réformer les centres de formation, créer des académies pour les joueurs africains qu'après on peut exploiter. Il faut aussi une post-formation. Je veux aussi lancer des jeunes, et ce, pour préparer une grande équipe d'Afrique en 2020. Pourquoi pas. Le club possède le potentiel, à nous d'en profiter. Vous ne trouvez pas que les jeunes sont délaissés au CA. Y a-t-il un remède à cette défaillance? J'ai remarqué que les équipes des jeunes élites et juniors sont mal encadrées. Il faut remédier à cela. Je vais suivre avec Kamel Kolsi les entraînements et voir ce qui ne marche pas. Il ne faut pas oublier que le Club Africain est un tout : il va de la préformation à l'équipe professionnelle. Avez-vous pensé à l'attaque qui ne possède pas un avant-centre type ? Face à l'EST, le CA a joué sans un attaquant, surtout que Saber Khelifa est un attaquant de couloir. Mais face au CSS, il y a le jeune attaquant Aounallah qui m'a fait une bonne impression. Il a réussi à marquer le but de la victoire. Je vais composer avec lui tout en cherchant un attaquant de pointe pour l'avenir.