«Le cuivre dans tous ses états». Il ne s'agit point là d'une simple exposition d'objets anciens, encore que la collection présentée soit digne d'un musée, pas plus d'une présentation d'objets de design actuels, mais bien d'une volonté affirmée de renouer des liens distendus, de rendre hommage aussi bien aux anciens qu'aux modernes en recréant une dynamique, et surtout de mettre en valeur un savoir-faire préservé à ce jour. Ces expositions que nous présente Dar Yass, et la démarche entreprise par Yasmine Belkhoja et Mohamed Messaoudi ne sont guère innocentes : elles s'attachent à recueillir une mémoire et à réactiver la relève. Tant pour la première manifestation, «La céramique dans tous ses états», que pour celle-ci : «Le cuivre dans tous ses états», il est impératif de s'y arrêter, et de saluer le processus ainsi enclenché. Car il ne faut guère s'y tromper. Il ne s'agit point là d'une simple exposition d'objets anciens, encore que la collection présentée soit digne d'un musée, non plus d'une seule présentation d'objets de design actuels, mais bien d'une volonté affirmée de renouer des liens distendus, de rendre hommage aussi bien aux anciens qu'aux modernes en recréant une dynamique, en rendant leur dignité aux objets usuels et quelquefois triviaux du quotidien, et surtout de mettre en valeur un savoir-faire préservé à ce jour. Dans le très bel écrin de Dar Yass, Yasmine Belkhoja, jeune architecte, et Mohamed Messaoudi, chimiste dévoyé pour qui rien de ce qui touche au patrimoine n'est étranger, ont entrepris de renouer les liens d'un art séculaire : celui de la dinanderie. La collection d'objets anciens présentée a une histoire, un pedigree, une origine : une grande partie provient de Kairouan, objets issus de demeures anciennes, d'héritages dispersés, ou objets considérés sans valeur et tout bonnement livrés à la casse......Et recueillis par ce fureteur impénitent de Mohamed Messaoudi qui vous expliquera avec passion la différence entre le halleb kairouanais, sans pied et creusé en son assise, avec celui de Tunis, doté d'un pied douche, ou encore entre la tassa de hammam, et la sababa en fonction de ses origines. L'autre partie de la collection provient des cavernes aux trésors du célèbre brocanteur de la rue El Marr, Abdelaziz El Euch, découvert par Aly Bellagha, connu comme le loup blanc par les amateurs de carreaux et de pierres anciennes. Il en résulte un magnifique ensemble de pièces anciennes usuelles, érigées par leur qualité d'exécution et leur ancienneté au rang de pièces de musée : dalouas, stal hammam, kassaâ, tafala, boîtes à encens... Quelques pièces exceptionnelles à remarquer : un baptistère issu de Hammam Sidi Belghith, un alambic du XVIIIe siècle, deux étonnants plateaux à la magnifique ciselure, datant de plus de deux siècles, et achetés à un antiquaire parisien, et une délicieuse zoghdida, cette batterie de cuisine miniature que l'on offrait à l'aïd aux petites filles, et qui appartient à Mme Messaoudi mère. Mais là ne s'arrête pas l'exposition, car il s'agit d'abord et avant tout d'assurer la continuité de cet art, de témoigner de sa vivacité et de sa permanence. L'exposition d'objets contemporains de cuivre vient affirmer haut et fort que ce savoir-faire continue d'exister, qu'il faut le savoir, et qu'il faut le préserver. A Kairouan, seule ville où continue d'exister un «souk ennhas», les Sadfi et Zeramdine perpétuent cet art. Ne faudrait-il pas les inviter de toute urgence à transmettre leur enseignement dans les écoles d'art et métiers ? A Tunis, Jalloul Balti, Nejib Kamoun , Jneina Messaoudi se passionnent, innovent, adaptent formes et motifs. Sponsorisée par la Société moderne du cuivre, l'exposition «Le Cuivre dans tous ses états» pose la question de la transmission du savoir-faire, et lui offre les plus belles réponses.