Le textile-habillement constitue un des secteurs stratégiques pour l'économie tunisienne. Etant exportateur par excellence, il a connu ces dernières années des difficultés qui ont impacté sa croissance. En 2017, ces indicateurs se sont stabilisés, reflétant une reprise. Des mesures exceptionnelles ont été prises en juin 2017 dans le cadre d'un Conseil ministériel restreint dans le but de soutenir davantage les professionnels et assurer un repositionnement du secteur, mais qui tarde encore à se concrétiser. Les perspectives ainsi que les problématiques du secteur du textile-habillement ont été débattues, hier, lors d'une conférence organisée par la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) ayant pour thème « Comment réussir le repositionnement du secteur Textile-Habillement en Tunisie ? ». Pour Slim Feriani, ministre de l'Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises (PME), le secteur a été parmi les plus touchés par la conjoncture économique difficile de ces dernières années, avec la fermeture de près de 400 entreprises et la perte de milliers d'emplois. Il compte actuellement près de 1600 entreprises et emploie près de 160 mille personnes contre 2000 entreprises et 200 mille emplois avant 2011. Des chiffres qui montrent le poids économique important de ce secteur et l'impératif de le soutenir davantage pour retrouver ses années de gloire. « Nous sommes en période de stabilisation. Il y a des indicateurs d'amélioration. En tant qu'autorités, nous veillons à offrir des incitations aux professionnels. Le Conseil Ministériel Restreint de juin dernier a été crucial. Une vingtaine de mesures ont été prises et nous continuons les réunions de suivi pour la réalisation de ces décisions. Je peux citer le rééchelonnement des dettes de la Cnss et aussi de l'administration fiscale. Aussi, la mise en place d'un fonds de 400 MDT pour le soutien des PME dans tous les secteurs sera aussi un mécanisme pour renforcer le financement dans le secteur », indique-t-il. Concernant les importations croissantes des articles d'habillement, il souligne que la Tunisie a opté pour une économie ouverte, estimant qu'il est possible de réduire ces importations pour les produits de consommation, mais il est difficile pour les matières premières utilisées dans l'industrie. Il assure que cela devrait inciter à renforcer la compétitivité des entreprises tunisiennes face aux marques étrangères et à améliorer la qualité des produits tunisiens. Renforcer le contrôle De son côté, Tarak Chérif, président de la Conect, a affirmé que la Tunisie a une expertise confirmée dans le secteur qui remonte à plus de 30 ans, depuis la promulgation de la loi 72. Une expertise qui devrait être soutenue pour mieux renforcer le rendement et la compétitivité du secteur. « Nous ne devons pas abandonner notre industrie. Il faudrait mettre en place une politique adéquate de soutien et trouver des solutions aux problématiques du secteur », lance-t-il. Il évoque la préoccupation majeure des industriels, qui est celle du dumping, avec l'invasion des produits étrangers, insistant sur le rôle du l'Etat dans le contrôle des produits importés. M. Chérif affirme que la loi de finances 2018 prévoit, ainsi, l'indication du prix de référence, ce qui réduirait incontestablement ce problème qui nuit grandement à la compétitivité des entreprises tunisiennes. Il ajoute qu'il faut soutenir davantage l'industrie en général, au niveau de la logistique, du financement afin d'améliorer sa productivité. Il évoque le cas de la Chine qui connaît actuellement des changements radicaux. Avec la hausse des salaires, les investisseurs chinois sont en train de délocaliser dans d'autres pays, à l'instar de l'Ethiopie et du Maroc. Cela représente, pour M. Cherif, une opportunité importante pour la Tunisie. La Chine qui était jadis un concurrent pourrait, ainsi, devenir un partenaire, en attirant les investisseurs chinois à investir dans notre pays. Dans l'attente Pour Samir Ben Abdallah, président du Groupement Professionnel de la Confection et de l'Habillement (GPCH) à la Conect, l'application des mesures ministérielles pourrait avoir un impact très positif sur le secteur et offrir une bouffée d'oxygène aux professionnels du secteur. « Mais nous attendons toujours. Il y a eu du retard dans l'application. Ces mesures comportent plusieurs avantages que ce soit au niveau du rééchelonnement des dettes de la Cnss ou aussi dans le soutien à la promotion du secteur avec 4,5 MDT octroyés pour le Cepex et 2,2 MDT octroyés pour l'API », affirme-t-il. Il estime que le secteur pourrait, ainsi, réaliser un saut qualitatif certain en 2018. M. Ben Abdallah indique également qu'il est important que les autorités tablent sur l'ouverture de certains marchés prometteurs pour le textile et habillement tunisiens. Il s'agit du marché algérien, sur lequel sont appliqués des droits de douane de 30% sur les produits tunisiens, appelant à ce que les responsables tunisiens défendent ces produits pour mieux profiter de ce marché prometteur. Il souligne que le marché américain est aussi un marché important et qu'il est temps pour les autorités tunisiennes de lancer les négociations pour un accord de libre-échange. Ce marché pourrait attirer davantage les marques étrangères pour venir s'installer en Tunisie et créer de l'emploi.