Par Abdelhamid Gmati Le peuple tunisien vieillit. D'après les statistiques de l'INS, les Tunisiens sont les plus âgés en Afrique et dans le monde arabe. La tranche d'âge 30-59 ans représente 34.3% de la population et celle de 60 ans et plus représente 15%. Et on nous dit que d'ici 2050, le nombre des sexagénaires se multipliera par deux voire par trois. Ce qui aura des conséquences négatives sur l'économie tunisienne et les conditions de vie en général. Le rapport national sur la situation de l'enfance en Tunisie pour l'année 2015 a dressé un état des lieux de la situation de l'enfance dans le domaine de la santé, de l'enseignement, et de la protection de l'enfance menacée. Le nombre des enfants âgés de moins de 17 ans s'élève à 3 millions 195 mille enfants soit 28,7% du total de la population. Plusieurs études ont été menées concernant cette population enfantine. Et les résultats sont, pour le moins, inquiétants. Le président de l'Association Tunisienne de Défense des Droits de l'Enfant révèle que 21,5% des enfants tunisiens vivent dans la pauvreté. « Les statistiques sont effrayantes, silencieuses et ne reflètent pas la réalité », souligne-t-il, avant d'affirmer qu'« il n' y a pas de travail pour les enfants, c'est de l'exploitation ». Cependant, l'enquête nationale sur le travail des enfants en Tunisie, réalisée par l'INS et présentée mardi dernier, révèle que 216.000 enfants travaillent dans le circuit économique en Tunisie soit 9,5% de la population enfantine âgée de 5 à 17 ans. 48,8 % travaillent dans l'agriculture, l'élevage et la pêche, le commerce (20,2 %) et l'industrie manufacturière (10,9 %). Et 180 000 d'entre eux exercent des métiers interdits et dangereux tels que les mines, les transports... L'enquête a précisé que bien qu'elles ne soient pas considérées comme des activités économiques, les tâches ménagères effectuées par les enfants, les filles notamment, ont des répercussions négatives sur la fréquentation scolaire et la santé en raison du temps considérable qui leur est réservé. La proportion des garçons occupés économiquement est plus élevée que celle des filles quel que soit l'âge. Au niveau régional, une forte disparité des proportions de ces enfants a été enregistrée, elle va du simple à 12 fois (de 2,4 % au sud – ouest contre 29,8 % au centre ouest) soit un écart de 27,4 points. La proportion des enfants économiquement occupés enregistrés dans les districts donnant sur la façade maritime, du Nord au Sud du pays, et le Sud, ne dépasse pas la moyenne nationale (9,5 %). En relation avec le taux de scolarisation, l'enquête a révélé que les proportions des enfants occupés économiquement augmentent proportionnellement avec les taux de déscolarisation, soulignant que dans les différents groupes d'âge, les filles poursuivent leurs études avec des proportions plus élevées que celles des garçons. Et la protection de l'enfance a lancé une alarme concernant l'exploitation des enfants par des contrebandiers. Et cela se fait avec l'appui et la complicité des parents qui banalisent la contrebande. Des stratégies de protection de l'enfance dont le projet baptisé « Tous contre le travail des enfants en Tunisie » ont été lancées pour lutter contre le travail des mineurs et l'abandon scolaire précoce, en particulier pour les fillettes, exploitées ensuite comme aides ménagères. Selon le ministère de l'Education Près de 100.000 élèves quittent l'école chaque année. « Ils sont plus de 100.000 et plus du tiers abandonnent spontanément l'école. Ils seront récupérés par la drogue. Nous avons observé de jeunes écoliers, arrivés au collège, incapables d'écrire leurs nom et prénom. Pour combler leur manque et pour se faire remarquer, ils agressent leurs camarades », déplore un responsable de l'Observatoire social tunisien. Autre fléau : les résultats de la deuxième enquête sur la consommation des stupéfiants en milieu scolaire en Tunisie ont révélé que 31% des lycéens dont la tranche d'âge est comprise entre 15 et 17 ans ont consommé au moins une fois dans leur vie une drogue (Cannabis, médicament, colle, cocaïne, Subutex, Ecstasy). Le reniflement de la colle s'élève à 1.6% chez les garçons et à 0.5% chez les filles. 17.7% des élèves se procurent ces substances au sein des établissements éducatifs. 33% des élèves s'approvisionnent dans les endroits avoisinant les établissements. Autre fléau : d'après les statistiques réalisées au sein de l'Association tunisienne des femmes démocrates, le nombre des victimes de viol a augmenté. Selon les derniers chiffres du ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, le nombre d'enfants victimes d'abus sexuels a triplé de 2013 à 2016. 3 cas de viols d'enfants sont enregistrés chaque jour. Parmi les cas signalés auprès des délégations de l'Enfance dans toutes les régions, 33% sont victimes d'abus sexuels directement et 51% ont fait l'objet de harcèlement sexuel. Il est évident que la protection des enfants devrait être placée parmi les priorités, les actions menées jusqu'à présent étant insuffisantes. A.G.