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Les drames des temps de l'underground
Lu pour vous — Le Ceint de nuit
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 12 - 2017

Abubakr Ayadi revient sur une époque où l'exode rural transformait Tunis en espace multidimensionnel de tragédies à répétition. Tout est là : les étoiles contraires, les destins ravagés, le dénuement qui fait oublier à l'individu son humanité et qui le livre à la pire décadence... et aux vautours.
Les personnages de Abubakr Ayadi s'embourbent. Pas de rédemption en vue. Seulement quelques soubresauts pour garder l'attachement mécanique à la vie. On le comprend dès les premières pages où le ton est donné, comme un avertissement.
Khadouja, la mère soumise à une constante pression. Ourida, la fille, adolescente à laquelle on interdit l'école et qui est vouée aux tâches les plus ingrates. Fadhel, le cadet qui semble inconscient de ce qui se passe à cause de son jeune âge. Ammar, le père qui a définitivement baissé les bras. Kamel, l'aîné qui vit au jour le jour.
Une pauvreté intemporelle
Des personnages qui viennent de rejoindre Tunis après avoir tout quitté dans leur village natal où la vie devenait impossible. Ils sont à Mellasine, l'un des quartiers pauvres qui ceinturent la capitale tunisienne, habitant un gourbi, une hutte faite de bric et de broc, sur une terre marécageuse (Sabkhet Sedjoumi) aux relents putrides.
Une description lancinante de cette pauvreté intemporelle qui se prononce, à diverses périodes de l'histoire, au voisinage immédiat des métropoles. Elle peut être d'hier comme d'aujourd'hui et sans doute comme demain et donc malaisée à identifier. Pourtant, c'est devant le hanout (boutique-échoppe) de Omar le Djerbien où Ammar aime à se prélasser que l'on saisit le segment de l'époque quand tout ce joli monde élève la voix pour ressasser le coopérativisme qu'a connu la Tunisie jusqu'en 1969 mais aussi discuter des sujets de l'heure : la Palestine tiraillée, Jamel Abdennasser encerclé, la guerre du Vietnam enflammée...
Mais les vieux ne s'attardent guère car ne parvenant à se concentrer sur rien, ils «tuent» le temps en jouant à la kharbga (une sorte de jeu de Go primitif), ne remarquant qu'à peine que le bidonville a des petits maîtres au bras long. Ammar en fera l'expérience à ses dépens quand le gourbi qu'il habite et qui lui semble le pire de ce que peut vivre un homme est détruit par les gens du parti unique qui est, de fait, l'Etat. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il n'appartient pas à ce parti.
De toutes petites joies
Une époque terrible où des populations entières venues de l'exode rural subissaient d'innommables tragédies, vivant dans le dénuement le plus total, au défi de leur propre humanité, livrées aux vautours de la nouvelle Tunisie post-coloniale.
Les épisodes se suivent, dramatiques, rarement entrecoupés de minuscules joies, par exemple quand Abdelhamid, qui est éduqué et qui fait office de scribe, tombe amoureux de Ourida.
Car tout va mal pour les personnages de Ayadi. Kâmel sauve une inconnue de ses agresseurs et il est tabassé jusqu'à rester des mois entre la vie et la mort. Ammar reconstruit le gourbi mais El Far (le rat), l'un des sbires du parti unique, le fait de nouveau détruire. Khadouja meurt, arrivée à l'extrême limite de ce qu'une femme peut endurer.
C'est le lot de cet underground sordide dont l'impression culmine quand Ourida accompagne Abdelhamid et la mère de celui-ci pour aller rendre visite à Kamel à l'hôpital, traversant Tunis, l'autre Tunis, pas celui des gourbis de zinc et de relents de marécage, plutôt celui des lumières, de la prospérité, des bâtiments énormes, des foules riantes, des belles avenues, des vitrines... C'est ainsi que Ourida la voit, avec le sentiment d'appartenir à un autre monde.
Kamel a aussi une toute petite revanche sur les vicissitudes du temps quand, devenant proscrit, chassé par les sbires du parti et les policiers en armes, il tombe par hasard sur Chadia, celle qu'il avait jadis sauvée de ces agresseurs et qui le sauve à son tour. Toute petite parce que Chadia se révèle une fille de joie charriant une longue histoire de drames en série et parce que Kamel finit par disparaître.
Le Ceint de nuit, 250 p., mouture arabe
Par Abubakr Ayadi
Editions Sahar, 2017
Disponible à la librairie Al Kitab, Tunis.


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