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A chacun sa touche
Galerie Mille Feuilles
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 01 - 2015

Exposition collective de Gouider Triki, Anna Latreille-Ladoux, Mohamed Ali Belkadhi, Ahmed Mejri, Othman Taleb, Henri Ducoli, Leïla Shili et Dominique Medard.
A la galerie Mille Feuilles, plusieurs peintres, venus d'ici et d'ailleurs, ont exposé leurs plus belles œuvres offrant aux regards différents genres, différents styles et différentes techniques. Chacun d'eux a fait cavalier seul et a caressé le regard par la simple voix de son imaginaire. Tantôt torturés, tantôt lucides et sereins, tous ont noyé leur pinceau dans un univers où l'imagination a crié son désir de s'exprimer. Une fée est passée à la galerie Mille Feuilles et a saupoudré l'endroit des rêves de plusieurs artistes. Des œuvres parlantes, dont les mots indélébiles sont noyés dans les fluctuations de la vie.
L'univers d'Anna
Le premier regard se pose sur les fresques d'Anna. D'immenses tableaux qui noient les visiteurs dans un azur lumineux et limpide. Cette artiste polonaise est tombée amoureuse de la Tunisie, elle y vit et travaille depuis déjà deux ans... Elle a succombé aux dieux de la mer qu'elle pérennise dans toute sa beauté... L'infiniment grand, le bleu azur, richesse de notre pays. Ses tableaux sont d'une couleur saisissante, voire apaisante, rehaussées par une illustration de personnages presque réalistes...On a l'impression parfois qu'on est en face d'une photographie... Ciel dégagé, mer calme. Comme si Anna Latreille avait fait un travail sur elle-même, une sorte d'introspection et sa bouée de sauvetage est l'intarissable mer.
On ne perçoit pas l'horizon,elle dépeint l'infini et cela nous entraîne dans une sérénité ineffable. Puis, l'artiste a fait valser ses personnages. Il y en a même qui sont scindés en deux, démembrés. Engloutis peut-être, mais la tête émerge toujours... Ils respirent, on assiste donc à une sorte de purification... Nullement agressifs, les tableaux de cette artiste caressent le regard et nous entraînent loin, là où tout n'est que calme et volupté.
Par la suite, on est interpellé par les créations de Mohamed Ali Belkadhi...Lui, il récupère les matériaux que lui offre la vie de tous les jours.
Deux beaux tableaux longilignes fabriqués à base de toile de jute. En relief, ce sont juste des sacs en toile que l'artiste, comme par magie, en a fait des toiles qui s'imposent par leurs couleurs... Le noir et le rouge; «noir symbole de la mort, du deuil», nous dit-il; et «rouge en référence à la violence qui sévit désormais dans notre société»... Le tout est sillonné par un trait fluide qui tend vers l'infini... comme si l'œuvre restait en suspens ou qu'elle ne se terminait que par rapport au regard de l'autre. Fidèle à ses convictions, Mohamed Ali Belkadhi reste un artiste engagé... Il dénonce une société gangrenée par l'agressivité... Puis, le regard rencontre les anonymes, des visages inconnus, des photos artistiques. Des yeux qui semblent chercher une identité, des repères perdus. Tout cela dégage un mal-être, certes, mais qui émerveille le visiteur par sa chaleur et sa beauté.
Crayons et portemine
Le regard ne sait plus où se balader, puis il vient se réfugier dans les croquis de Othman Taleb... Il s'agit d'un jeune peintre. Il a commencé le dessin à l'âge de 16 ans à Alger, dans les années 80. D'où sa passion pour l'art. Après des études d'architecture il a fini par suivre la voie de sa passion : la création... « Au début, nous dit-il, c'était la photo documentaire et puis après j'ai été passionné par le monde la peinture»... Il n'a que 37 ans et bientôt il exposera à Londres... «Mon travail n'a pas de frontières», nous dit-il, «l'humain ne peut avoir de frontières»... Il est ici et ailleurs, il est partout... Les dessins de Othman Taleb sont réalisés avec un portemine tendre, du graphite qui n'agresse pas le papier. Il est tel un metteur en scène, il met en action des scènes où l'amour, la mort, l'ange, la foule et les visages se mêlent. Il met en scène des nus pudiques. Dans toute cette cohue, on distingue des détails minutieux, des courbes nettes et des formes claires. Ses crayons effleurent le papier. «Je superpose des personnages», nous dit-il «de la Renaissance au contemporain et je fais interagir ces mêmes personnages. Vous savez, quand je commence mon dessin affirme Othman Taleb, je ne sais pas à quoi ça va ressembler». Son art le devance et nous offre des scènes attrayantes. La Pietra par exemple, explique l'artiste, «c'est un peu la mère avec l'enfant... vous savez». Le sujet de la mère est intemporel, on le retrouve inchangé depuis l'époque de la Renaissance.
Du haut de ses 37 ans, ce jeune peintre pense que l'on s'éloigne de plus en plus des choses de la vie... On ne s'émerveille plus, mais Taleb est un humaniste accroché à la réalité, la mine fluide en perpétuel mouvement obéit aux doigts de son maître qui crée le beau... Le tout se démène dans une harmonie renversante. Ses tableaux sont d'une netteté et d'une minutie remarquables; chaque détail est important, un regard, une scène, un visage, une mère, un enfant, un chant d'espoir, un hommage à l'Humanisme... Le croquis sort de ses tripes, il apprivoise ses personnages tout comme le petit prince. Lui, c'est le petit prince du dessin, un sculpteur de la vie, amoureux fou des œuvres de Lucien Freud, un peintre qui sculpte ses personnages comme un orfèvre.
Gouider le chaleureux
Près de la porte, tout discret, s'impose Gouider Triki. Trois tableaux, trois aventures. Lui, c'est un conteur. Il raconte des histoires. Ses tableaux sont tel un conte de fées qui ferait le bonheur des grands et petits enfants. Couleurs chaudes qui rappellent parfois les dunes du Sud. Il nous enmmène loin... on dirait l'arche de Noé, un bateau qui embarque.
Faune, flore, hommes et animaux. Presque enfantins, ses symboles et signes nous baladent dans différentes époques. Ils s'affirment tels des hiéroglyphes et content l'histoire multiculturelle de la Tunisie. Timidement, ses œuvres s'inscrivent dans cette exposition collective et lui donnent une saveur bien de chez nous.
Ses couleurs chaudes apaisent le regard et elles auraient gagné à être plus éclairées... un fond de lumière les aurait mises plus en valeur...
Dominique Medard, quant à lui, occupe tout un mur, il rend hommage à Bacchus, dieu romain du vin et de l'ivresse, à travers des tableaux, réalistes, telles des photographies. Un ensemble de verres d'eau-de-vie, puis, en passant, il titille Botero et tutoie les femmes aux formes généreuses et aguichantes qui montrent leurs graisses sans complexe et qui s'en vantent... Bon vivant, Dominique Medard met en scène sa joie de vivre. Ses tableaux sont nets, clairs, les courbes bien tracées qui peuvent intriguer par leur effronterie. Mais ils demeurent quand même en harmonie avec une ligne tracée bien balisée... Ils sont rebelles par rapport à l'imaginaire et se veulent réalistes... Et ils restent imbriqués dans une réalité intemporelle...
Onirisme et agitation
Seule dans un coin, l'œuvre de Ahmed Mejri nous entraîne dans un univers onirique, moitié homme, moitié animal. L'œuvre semble être la continuité d'un cauchemar dû à une nuit mouvementée... Ce n'est pas de l'abstrait, mais une tentative dans ce sens qui semble laisser paraître un mal-être flagrant... Pour mieux saisir ses œuvres, le peintre devrait faire une exposition personnelle parce que son tableau intrigue, voire agresse le regard.
Henri Ducoli, lui, a choisi de se hasarder dans l'abstrait. Il s'est noyé dans les abysses, il plonge dans les profondeurs. Fluide et en mouvement, son pinceau se noie au fin fond de la mer... méduses, hippocampes, vagues. Les eaux sont loin d'être calmes. Agité, son pinceau obéit à une impulsion... Il ne crée pas, il met en mouvement... Il joue avec son pinceau, un complice qui obéit à ses humeurs à la lettre... Son pinceau est son autre... Tous deux ne font qu'un.
A différents artistes, diverses œuvres... Chacun d'entre eux a fait entendre sa voix... et nous a tracé une voie...


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