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Le voyage de l'étoile
Littérature Kateb Yacine, l'homme et l'œuvre
Publié dans Le Temps le 02 - 12 - 2012

Te voici donc Kateb Yacine qui partit en Octobre 89 mais toujours vivant pour nous .,,,.Te voici avec ta haute silhouette , ton regard interrogateur sur les êtres et les choses , tes mains fragiles d' écrivain.
Tu marches encore dans les rues de Constantine ta ville natale avec ses paysages sauvages au dessus des ravins, ses ponts suspendus de sidi Mcid , del Kantara à donner le vertige. Constantine implantée dans son site monumental promontoire en son repaire végétal que tu décris dans ton roman Nejma .Tu marches dans ce Sétif des hauts plateaux de terre à blé verdoyante tel le drapeau brandi par les manifestants du 8 mai 45 le Setif de tes 15 ans ou suite à la répression coloniale sauvage, tu fus arrêté, détenu avec des milliers de voix . Sétif qui resta comme un cœur battant avec les autres lieux de lutte Guelma Sedrata à la frontière Tuniso- algérienne. Ces lieux qui furent la scène de tragédies qui te jetèrent à la rue et dans la poésie. J'ai été arrêté, exclu du collège. La classe ne m'intéressait plus après la prison. Te voilà à Annaba, à Alger, émigré en France, je suis retourné chercher du travail. Pendant toute cette période où l'écriture venait à toi, te voilà à Tunis, en Yougoslavie à Hambourg, en Belgique, florence, Vietnam, Chine, New York. Voyageur détestant les frontières, détestant les cérémonies officielles et les officiels, aventurier du quotidien, du presque rien, car en fait, tu n'as possédé que tes itinéraires intérieurs, partagés par tous. Tu t'émerveillais à redécouvrir ce polygone étoile représentant le tracé de l'Algérie. Combien de distances, as tu parcouru le sillonnant dans tous les sens ? Directeur du théâtre à Sidi bel Abbes puis dirigeant la troupe de l'Action Théâtrale ACT en 69 , investi par l'écriture en arabe dialectal et par l'écriture collective .Tu réunis autour de toi, étudiants , travailleurs, chômeurs, musiciens, des jeunes qui n' avaient pas lu Nejma, d'autres qui te connaissaient à peine. Q' importe, la troupe était ouverte à tous, disciplinée pourtant pour un objectif, le respect du public, de ton public, celui des petites salles, des lycées, des campagnes, des unités agricoles ou ouvrières ; ces comédiens durs au travail auraient joué dans un champ d'oliviers. Voici dans la pièce en 1971, Mohamed prends ta valise, tout le drame des émigrés en pleine crise du pétrole, cette émigration décrite déjà dans la pièce le Polygone Etoilé en 1966 en un texte éclaté en diverses écritures ; ici, c'est mieux et c'est pire, pas de milieu, une lampe à pétrole, une marmite de fer blanc, une seule chaise. L'écriture théâtrale de Kateb Yacine dans ces années là, c'est le trait rapide, le flash, la dérision à travers une ironie cinglante....ça fait rien c'est un Algérien qui travaille beaucoup et qui ne mange rien et qui rappelle d'autres écrits ; vive la France, les arabes silence. Dans la pièce, la Poudre d'Intelligence, tu mets en scène le Jeha du folklore maghrébin tournant en dérision le Sultan, les muftis. Jeha qui berne le sultan par son âne soi disant faiseur d'or, Jeha appelé ici nuage de fumée. Lorsque l'âne divin sera royalement nourri et qu'il pourra solennellement en présence de toutes les personnalités civiles militaires et religieuses se soulager sur un tapis plus riche encore car il aime les honneurs alors, O sultan, tu ne sauras que faire de l'or miraculeux. O, sultan tu es privé de trois choses, l'intelligence, l'or et l'amour. Pour ce qui est de l'intelligence et de l'amour, nous verrons plus tard. L'essentiel est de se procurer la montagne d'or qui permet de tout acheter et les autorités religieuses n'échappent pas à nuage de fumée... Les ennemis de la philosophie ont inventé le turban comme un rempart protégeant contre toute science, leurs crânes désertiques. Est -ce cet humour qui t'a sauvé de la tragédie, ce fonds d'ombre de tes écrits, sûrement ce regard ironique sur les êtres et les choses, il le fallait pour mettre un peu à distance les injustices, pour partager des luttes de libération que ce soit dans L'homme aux sandales de caoutchouc où tu mets en scène les combattants du Vietnam dans Palestine trahie ou la guerre de 2000 ans , saout nissa, écrites peu avant ton décès...La dérision pour soutenir les faibles contre la violence, l'intolérance, l' injustice avec toujours ce respect pour les luttes populaires. La marche de l'oncle ho chi Minh. Il marche dans nos rêves, L'homme aux sandales de caoutchouc, le paria au front si haut L'homme qui ne dort pas beaucoup, 1970.
Le visionnaire
Tu regardais l'Algérie à distance et tu ne le savais pas .Tu croyais y être immergé dans ses avancées , ses angoisses, que décrivait -déjà dans ses textes et pratique médicale- le médecin psychiatre Frantz Fanon Algérien d'origine Antillaise , militant de l'indépendance qu'il n'eut pas le temps de voir car il décéda en 1961 , .lui dont les études sur l'impact de la violence coloniale sur la société, résonnaient comme un avertissement ... ce peuple reconnaissant et ingrat, tu ne voulais rien de lui .Ton œuvre éclatée en trois axes, histoire économique et sociale, les luttes contre le colonialisme, le mythe des ancêtres, reprend ces thèmes récurrents que ce soit dans le roman, dans le théâtre, dans'la poésie, tu écrits le cercle des représailles en 1948, les ancêtres redoublent de férocité en 1947, mis en scène en 1958 le cadavre encerclé, écrits en 1948 paru en1954 centre sur la lutte coloniale le roman Nejma en 1956le ‘'Polygone étoile'' en 1966 La poudre d'intelligence en 1967, l'homme aux sandales de caoutchouc en 1969, Mohamed prends ta valise en 1970... Dans un autre registre dans les années 1980, ‘'Saout enissa ‘', ‘'Palestine trahie ‘,'La guerre de 2000 ans'' abordent l'actualité politique et sociale. Le refus de la censure du parti unique, la défense des cultures arabo berbères, la liberté d'expression avec les revendications pour la démocratie. Tu aimais aller à la Pointe Pescade voir le peintre M'hamed Issiakhem dans sa maison au bord de mer, lui dont les toiles de peinture étaient éclatantes de couleurs. Tes couleurs à toi étaient le noir et blanc. Celles du vautour, cet oiseau des montagnes offert un jour à ton père avec ses plumes blanches et noires. C'est lui qui rôde à travers tous tes écrits. Le savais tu- toi qui à Setif, étais si proche de l'antique cité romaine ‘Djamila'- que tu décrivais les drames du passé-présent-avenir. Dans ‘Nejma' ce roman éclaté en quatre personnages, tu plonges dans un labyrinthe maitrisé par une superbe écriture. ‘' j écris en français pour dire aux Français que je ne suis pas Français ; «Nejma femme rêvée, femme symbole, figure présente sous différentes images .et dans tes écrits les contradictions toujours présentes, celles de l'enfance et de l'adolescence, celles des luttes libératrices, celles des ancêtres et de l'individuel. Déjà quand tu avais 16 ans, l'image de ta mère délirante et toi au cœur du drame familial avec ta mère. Cette rose noire qui descendit de son rosier et qui revient dans le personnage de la femme sauvage qui a un pacte avec le vautour et qui dit à force de rester seule j'ai appris le langage des ombres. Le savais tu toi-même que tu étais un visionnaire ? On ne peut qu'être frappé par la résonance presque morbide de tes titres. Le cadavre encerclé, les ancêtres redoublent de férocité, le cercle des représailles univers où rôde le vautour, ce vautour déplumé en plein vol, vautour empoisonné, univers où même les orangers sont sauvages, les femmes portent un voile noir telles les habitantes de Constantine en signe de deuil, selon la légende de la résistance du bey Ahmed à l'entrée des troupes coloniales dans leur cité. Dans la pièce les ancêtres redoublent de férocité, le chœur clame partout dans le pays, on s' arrache la terre et même les cadavres tirent la terre à eux comme une couverture, bientôt ceux qui se croient vivants, ceux qui vivent sur notre dos n'auront plus où dormir et le vautour dit il n' y a plus personne il n' y a plus que moi l'oiseau de mort il n'y a plus d'amour il n'y a plus personne... Pour toi Kateb, les ancêtres ne sont d'aucun secours, ils ajoutent aux déchirements et aucun soleil ne vient éclairer l'histoire collective dominée par la tragédie coloniale. Tu es pareil au poète espagnol Garcia Lorca qui eut la prémonition de son assassinat par les fascistes, toute guerre est un héritage et seuls nos pères décapités se disputent le ciel . Le polygone étoilé. Toi tu n'étais pas de ceux qui chantent les hymnes de toutes les couleurs, ton univers habité par des ombres maléfiques, projette sur l'avenir de la société les trahisons, les déchirements, les massacres de la décennie noire en Algérie. Combien deviennent actuelles ces phrases, jaloux de leurs mystères, jamais on n'attendait le retour des béni Hillel, ils revenaient bouleverser les stèles et emporter leurs morts . Tu étais en fait toujours dans histoire du futur alors que tu croyais parler du passé car tel est le décalage des pressentiments des poètes, leur folie, leur démesure et leur perspicacité. Tu planais très haut et les étoiles du polygone ne brillaient que dans un ciel noir.
La joie et le désir
Et pourtant, que de tendresse de courtoisie pour ce peuple du quotidien, dont tu ressentais tous les élans, dont tu étais toujours à l'écoute avec un étonnement renouvelé, voyageant parmi tous les publics, disponible à tous. Qui était tu pour toi-même ? Tu n'étais pas L'homme de l'amour heureux, de la joie du bonheur donné par celle que l'on aime, cette femme Nejma est restée l'image du désir non accompli, par on ne sait par quelle fatalité du silence, tu t'éloignais toujours dans une mer trouble sur un fond violent, un rêve dans un rêve . Celle qui s éloignait te ressemblait à peine, je t'offre mon corps en étoile de mer mes yeux sombres et le sel de ma langue disait-elle. Une seule femme nous occupe et son absence nous réunit et sa présence nous divise ..... Salut porte fermée couverture d'un autre livre abattue sur nous les pages du livre déchiré ...Nejma Nejma ouvre ta porte ou ta fenêtre .......le polygone étoilé 1966. Coupez mes rêves tels des serpents ou portez moi dans le sommeil de Nejma, je ne puis supporter cette solitude le poème au couteau 1948. Cet élan du désir renouvelé inscrit dans différents textes. Fleur et racine je m'éveille avec elle couple tenace chacun passant ses nuits dans les rêves de l'autre......les ancêtres redoublent de férocité ....mais les rivages de ta chair ne sont que gouffres et brisants. Ne peut être amoureux que celui qui se fait une haute idée de l'amour, as-tu déclaré dans un entretien au journal Algérie actualité. Oui tu te voulais
Anonyme partageant les luttes des oubliés alors que tu étais si célèbre partout dans le monde ceux qui t'ont connu dans les baraquements modestes de Kouba où tu habitais avec ta troupe dans les années 70 ou au centre familial de Ben Aknoun venaient vers toi comme vers un ami Parfois ils avaient assisté à tes spectacles, parfois ils ne connaissaient rien de toi. Tu parlais avec de grands gestes, les mains ouvertes, et ton regard vif SPAN st


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