De notre correspondant permanent en Angleterre Hamadi LADJEMI Le grand Mourinho est-il déjà devenu MOU? Avant, quand il gagnait les titres partout où il passait, son arrogance faisait rire et on le trouvait même sympathique...quand il gagnait. Mais là, comme si on l'attendait au tournant, on se régale de le voir un peu perdu, jouer les seconds rôles et présenter des excuses non convaincantes. Ainsi est le football. Le football n'épargne personne et ne sourit qu'aux gagnants, les héros du jour. Le football reste un jeu malgré les énormes investissements, il faut qu'il reste une compétition qui attire les foules et qui ne dépasse pas les règles et les normes, sinon, on perd et on se perd. Et, dans le jeu, on aime voir les gagneurs tomber, pour changer. C‘est humain. Les années où Manchester United raflait les titres semblent loin, très loin. On ne parle plus de Sir Alex Ferguson, ni des Beckhams, des Giggs et on en oublie... A Manchester, on ne parle que du nouveau venu, Pep Guardiola et Manchester United, pardon Manchester City. Mourinho, à 54 ans donc et pour la première fois de sa carrière, s'avoue vaincu ou presque. Le grand Mourinho est-il déjà devenu MOU? Il se peut que le résultat d'un certain 29 novembre 2010 continue à le ronger. Ce jour-là, alors qu'il était l'entraîneur du Real de Madrid, en déplacement à Barcelone, Mourinho se voyait infliger une cuisante défaite (5 à 0) par un groupe de joueurs, entraîné par un certain Guardiola. Ce même monsieur qui le suit à Manchester pour lui empoisonner la vie, sa vie sportive. A 15 points derrière Guardiola et lors de sa dernière conférence de presse, Mourinho a essayé d'expliquer les raisons de ce fossé historique entre les deux clubs. Il a parlé de tout, sauf de ses mauvaises prestations qui ont laissé fuir l'ennemi : « On ne peut pas investir 600 millions de Livres Sterling (aux environs de 1 milliard et 980 millions de dinars tunisiens) pour rattraper les équipes qui n'ont pas de limites. Guardiola achète des latéraux aux prix d'attaquants ». En effet, Manchester City a investi 50 millions de livres pour le latéral droit de Tottenham, Kyle Walker. « Guardiola ne voulait plus de ses deux (vieux) latéraux de plus de 30 ans, alors il en achète trois », ajouta Mourinho. Il voulait dire qu'il s'est débarrassé du Serbe Alexander Kolarov, parti à Rome, du Français Baccara Sagna qui reste encore sans club et de l'Argentin Pablo Zabaleta qui a signé à West Ham. Les deux autres latéraux sont le Français Benjamin Mendy et le Brésilien Danilo arrivé du Real de Madrid. « En ce qui concerne les gardiens, continua Mourinho, Guardiola arrive à Manchester City, n'aime pas le meilleur gardien anglais, Joe Hart, l'envoie en prêt à Torino, fait venir le Chilien Claudio Bravo de Barcelona pour le remplacer par le Brésilien de Benfica : Ederson Moraes. Il nous est impossible d'investir ces sommes d'argent, dit-il, l'argent fait la différence. » Le message est bel et bien pour les propriétaires de Manchester United. Je crois que c'est le début de la fin entre ce fameux club et José Mourinho. Il voulait faire savoir à ceux qui veulent l'entendre que l'argent fait la différence. Il veut mettre tous ses problèmes sur le dos des clubs qui n'ont pas de limites, comme Manchester City et le PSG. Ah! à propos du PSG. Un jour, il a dit que son fils se déplace souvent à Paris pour voir le club parisien jouer et apprécier le beau jeu. Par là, monsieur Mourinho a commencé par tracer le chemin de son prochain club. Après tout, il a partout gagné des titres majeurs sauf en France qui a une équipe aux ressources inépuisables. Je crois qu'il voudrait bien suivre son fils. Et pour ne pas finir sur une mauvaise note et gagner du temps, Mourinho a demandé aux supporters de Manchester United de croire encore, qu'il est certes difficile mais pas impossible de défier les voisins avec le temps, la patience et le calme. Des mots qui sont dignes d'un grand Churchill. Seulement, Churchill a gagné sa guerre, Mourinho semble perdre du terrain devant le football de charme de monsieur Guardiola. Un feuilleton qui commence ...à peine.