Les moyens de communication sont devenus tellement indispensables dans notre quotidien qu'on parle aujourd'hui de nomophobie. L'émergence de nouvelles technologies de communication a entraîné la naissance de plusieurs phénomènes sociaux qui ont influencé négativement la santé mentale de l'être humain et ont même bouleversé les comportements sociaux et les rapports humains. L'addiction aux cellulaire, smartphone et tablette en est l'un de ses résultats. Aujourd'hui, nul ne peut ignorer que ces moyens de communication ont acquis une place importante dans notre vie au quotidien .On parle dès lors du phénomène de la nomophobie (un terme qui désigne la phobie de ne pas avoir son téléphone portable et qui vient de l'anglais «no mobile phobia»). «Mon smartphone, c'est toute ma vie» « Mon portable est plus important que ma brosse à dents ! Et je n'imagine pas ma vie sans lui. Il m'accompagne partout. Je peux me passer de tout, mais jamais de mon appareil où il y a toute ma vie, car il me permet de rester tout le temps connectée, de garder le lien avec mes amies, ma famille, de suivre toute l'actualité, de tchatcher en permanence.... », décrit Rania, une jeune de 23 ans. Elle ajoute que le fait d'avoir tout le temps son portable avec elle la rassure et lui procure un sentiment de bien-être. «L'idée de sortir sans amener mon portable me panique parce que je me sentirais perdue et sans repères», explique encore la jeune étudiante. L'appareil téléphonique et tout ce qu'il contient dedans est devenu indispensable dans la vie des Terriens comme il permet aux individus de s'envoyer des textos, des e-mails et de discuter instantanément. Mais si ces outils de nouvelles technologies ont bel et bien facilité la vie et la communication entre les individus, ils ont, néanmoins, beaucoup d'effets négatifs, sur la santé physique et psychologique de leurs utilisateurs. Le fait de regarder son portable constamment, partout dans la rue, dans les transports, au boulot, dans les salles de classe....ne peut être considéré que comme une sorte d'addiction qui pourrait avoir des effets néfastes. Notre sociologue, Khalil Zamiti, confirme cette idée en avançant que cette dépendance aux appareils et écrans a des effets très dévastateurs sur le cerveau et même sur l'œil. «Le fait d'être tout le temps branché sur ces appareils peut endommager l'œil, le cerveau et causer des troubles psychologiques», explique-t-il. Cette dépendance peut même conduire à la nomophobie, car le fait de s'angoisser quand on se retrouve sans téléphone portable crée chez la personne accro un sentiment de frustration et de malaise. Mehdi est un jeune qui se déclare être un véritable accro à son smartphone. Ce fonctionnaire à la trentaine ne peut pas se séparer de son téléphone portable même pendant les réunions de travail. Il avoue même qu'il ne peut pas patienter et répond illico mais discrètement aux tonnes de messages qu'il reçoit pendant qu'il bosse. Une brisure des relations humaines Toujours selon l'ex-professeur en sociologie à la Sorbonne, ce phénomène d'addiction aux nouvelles technologies de communication, notamment les smartphones et ordinateurs, s'explique par le changement qu'a subi la société. En effet, les enfants de la génération C (communiquer, collaborer et créer) ont grandi avec la naissance de ces nouvelles technologies. «Ces enfants sont le propre de leur époque, ils sont nés, se sont adaptés et ont évolué dans ce milieu envahi par les nouvelles technologies. Le passage d'une ancienne société à une autre basée sur l'économie collaborative explique bien ce phénomène social», précise-t-il. Et pour mieux comprendre les origines de cette transformation de la société, l'expert précise que, dans la société des années 70, et 80, c'étaient les techniques du corps qui prédominaient. Les enfants de cette époque inventaient leurs propres jouets (billes, tire-boulettes...). Le passage des techniques du corps aux techniques matérielles, à partir des années 90 a permis à ce phénomène de gagner de l'ampleur. «Cette focalisation sur les écrans s'avère dangereuse car elle crée une vraie brisure des relations humaines», conclut Khalil Zamit.