Ce ne sera pas pour tout de suite, nous le savons, puisque la priorité a été donnée à l'ouverture de l'opéra, mais pour bientôt peut-être. Un musée qui permettra enfin de mettre de l'ordre dans cette jungle que représente actuellement le marché de l'art en donnant une cote, des références, une légitimité, une reconnaissance. Elle se dresse comme une promesse, figure de proue sur l'avenue, lourde d'espoirs à ce jour inassouvis, mais porteuse de tous les possibles. Suscitant attentes et critiques, compliments et dénigrements, passions et curiosités, la cité de la culture érigée au cœur de Tunis ne laisse personne indifférent. Il a suffi de voir les dépits exprimés lors de la visite, inauguration ou pas, du ministre, par tous ceux qui n'en étaient pas. Nous, avouons-le, nous attendons avec fébrilité l'ouverture du futur musée d'art moderne et contemporain qu'on nous y promet. Ce ne sera pas pour tout de suite, nous le savons, puisque la priorité a été donnée à l'ouverture de l'opéra, mais pour bientôt peut-être. Un musée qui permettra enfin de mettre de l'ordre dans cette jungle que représente actuellement le marché de l'art en donnant une cote, des références, une légitimité, une reconnaissance. Alors, en attendant que s'ouvre ce futur musée, nous avons été rencontrer celui qui en a pris en charge les destinées depuis le 1er août dernier, Sami Ben Ameur, conseiller du ministre, chargé de la préparation du musée d'art moderne et contemporain. Est-ce que ce futur musée est prêt, physiquement, et où en est-on exactement ? Disons que les locaux de la cité sont prêts à 80% ; et parmi eux le musée. La climatisation, l'eau, l'électricité, tout fonctionne. Les éclairages doivent être mis en place incessamment. Reste à aménager les cimaises, l'ameublement et les rayons de stockage pour lesquels un appel d'offres doit être lancé. Comment se structurera ce futur musée ? Il y aura trois salles d'exposition : deux grandes de près de 1.000 mètres chacune, et une plus petite de quelque 300 mètres. Elles sont superbes, avec de hautes cimaises, et un magnifique éclairage zénithal. Il y aura également 5 salles de réserve, espaces de stockage disposant de toutes les installations hygrométriques nécessaires. Puis seize salles dont dix réservées aux bureaux, les autres accueillant une salle de lecture, une salle de numérisation et d'audiovision, un magasin pour le matériel et des salles de réunion. Et puis, bien sûr, il y aura un espace de librairie et de produits dérivés ouvert sur le hall. L'ensemble couvrant 5.000 mètres. Que va-t-on y mettre ? Pour commencer, on va le meubler : des paravents-cimaises mobiles structurant les salles en fonction des besoins, et permettant de créer des scénographies adéquates aux différentes expositions. Quant aux expositions en elles-mêmes, on s'est posé la question : de quoi a-t-on besoin, aujourd'hui? De mettre le public en contact avec ce fonds national qui n'a jamais été présenté. Aussi, a-t-on programmé une grande exposition pour l'ouverture, sur «le parcours des générations». Un voyage de la fin du XIXe siècle à nos jours, voyage en deux temps : jusqu'en 1950 en un premier temps, puis de 1960 à nos jours. Ces expositions ne seront pas uniquement des présentations d'œuvres, mais aussi d'archives, de photos, de vidéos, de documentaires que nous allons réaliser. L'exposition sera accompagnée par un livre retraçant le parcours des arts plastiques, qui permettra de traiter tous les grands moments de cette histoire. Vous parlez également d'un grand colloque Toutes les expositions du musée, quels qu'en soient les thèmes, seront précédées d'un colloque scientifique. Celui que nous préparons pour la fin du mois de janvier verra le témoignage d'une trentaine d'artistes ayant vécu une partie de ce parcours, qui viendront témoigner et rafraîchir notre mémoire. Le débat sera planifié, structuré, et le résultat sera édité sous forme de livre. Ces grandes expositions que vous prévoyez seront-elles permanentes ? Après six mois d'exposition, les deux parties seront synthétisées pour être exposées de façon permanente à l'étage supérieur du musée, cependant que le bas sera consacré à des expositions temporaires. Celles-ci présenteront un artiste, un thème, un mouvement, une école. Nous travaillerons avec d'autres grandes collections, celles des fondations, des banques, de la municipalité de Tunis... Par ailleurs, le musée s'ouvrira au monde extérieur, s'intéressera aux arts des pays arabes, mais aussi beaucoup aux arts africains. Nous espérons également pouvoir organiser de grandes expositions internationales, en collaboration avec de grands musées, avec l'IMA. Mais aussi leur offrir des expositions que nous exporterons. Ce musée n'aura-t-il qu'un rôle de conservation ? Certainement pas. Nous voulons qu'il ait une vocation de médiation culturelle, que ce soit un musée vivant, dynamique, interactif. Nous allons aller vers les enfants, créer des outils pédagogiques, organiser des espaces ateliers, des visites guidées, un site actif. Mais pour cela, il est très important que le musée ait son propre statut, soit autonome, ait son budget, puisse entretenir des relations internationales, et des activités libres. En un mot, qu'il devienne une EPNA, c'est-à-dire une entreprise publique à caractère culturel non administratif, comme l'Opéra ou le CNCI. Nous espérons que cela sera bientôt possible. A quel horizon évaluez-vous l'ouverture du musée ? Nous l'espérons pour la fin du mois de juin prochain. En attendant, nous travaillons sur les formations aux métiers des musées : éclairagistes, restaurateurs, archivistes. Des intervenants sont venus du Louvre, du Centre Pompidou, du musée d'Alger... Comment s'appellera ce futur musée ? Peut-être le MAM ? Musée d'Art Moderne ?