La deuxième réunion en l'espace seulement d'une semaine des signataires du Document de Carthage suscite le scepticisme de certains responsables de partis politiques. Sur le fond, malgré les déclarations de Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, autour des mesures qui "pourraient être prises" en faveur des familles nécessiteuses et des retraités, Fathia Saïdi, membre du bureau politique d'Al-Massar (faisant partie du gouvernement d'union nationale), estime que "rien de nouveau n'a été décidé". "A la dernière réunion, il était convenu que chaque partie vienne avec des propositions concrètes, il n'en est rien, et il n'y avait même pas d'ordre du jour", regrette-t-elle. De son côté, Issam Chebbi, secrétaire général du parti Al-Jomhouri, qui cette fois n'a pas du tout été invité à la réunion (contrairement à celle de la semaine dernière), pense que le Document de Carthage, loin de constituer une solution, est devenu la source du problème. "Ce document est devenu un prétexte pour couvrir l'échec", a-t-il précisé à La Presse. Il a qualifié ce qui se passe actuellement sur la scène politique de "guerre de pouvoir en vue de 2019". Chebbi demande à l'ensemble des protagonistes de "clarifier leurs intentions pour 2019" et "de ne pas tourner autour du pot". Par ailleurs, il s'interroge sur l'absence du chef du gouvernement, à qui, normalement, incombe la responsabilité de prendre des décisions. Chebbi y voit une volonté d'écarter Youssef Chahed de la présidence du gouvernement. Même analyse du côté du secrétaire général du parti Al-Tayar, pour qui il ne fait aucun doute que Hafedh Caïd Essebsi et Ennahdha ne veulent plus de Youssef Chahed ou qu'ils cherchent à le neutraliser jusqu'en 2019. Concernant les mesures qui pourraient être prises dans les prochains jours, Chaouachi explique que c'est la preuve que "la pression du peuple" peut avoir des répercussions positives. Cependant, selon lui, les mesures annoncées ne sauraient être suffisantes, en l'absence d'une guerre sans merci contre les monopoles et sans un strict contrôle des réseaux de distribution afin de maitriser les prix à la consommation.