Les partis qui composent le gouvernement d'union nationale vont étudier le programme de relance économique et sont appelés à faire parvenir leurs remarques avant le 20 septembre Après seulement une année à la tête d'un gouvernement d'union nationale avec pour mission d'appliquer le Document de Carthage, Youssef Chahed est contraint de remanier de manière relativement profonde son gouvernement, preuve que l'instabilité au sommet de l'Etat que connaît la Tunisie depuis la révolution n'a pas tout à fait disparu. Toujours est-il que lundi prochain, le deuxième gouvernement Chahed sera très probablement adoubé par le Parlement (non sans essuyer une série de critiques, y compris de la part de la majorité nidaïste et nahdhaouie). Après le vote de confiance, les nouveaux ministres devront très vite se familiariser avec leurs ministères, car le temps presse. Les 28 ministres et les 15 secrétaires d'Etat font face à des défis énormes qu'ils devront relever en seulement deux années (en 2019 auront théoriquement lieu les prochaines élections présidentielle et législatives). Suite à une réunion avec les partis de la coalition gouvernementale, Youssef Chahed a promis de leur envoyer hier même tous les documents, chiffres à l'appui avec les commentaires des conseillers, qui détaillent l'orientation générale du gouvernement sur le plan économique. Les partis partenaires auront jusqu'au 20 septembre pour donner leurs avis, suite à quoi le gouvernement fera une sorte de synthèse qu'il proposera enfin aux partis et organisations nationales le 25 septembre. A cette date, Youssef Chahed devrait avoir un programme clair jusqu'à la fin de son mandat. Remettre le pays au travail « Ce gouvernement n'a pas droit à l'erreur, note le secrétaire général du parti Al-Jomhouri, Isaam Chebbi. Le gouvernement devra présenter un programme de relance économique qui soit accompagné d'un calendrier, de sorte que l'on sache avec exactitude où en est le gouvernement dans deux mois, neuf mois ou deux ans ». Pour lui, mises à part les guerres contre le terrorisme et la corruption qui doivent se poursuivre, le gouvernement Chahed II est appelé en urgence à redresser la situation économique en rétablissant notamment les équilibres financiers. « En parallèle, les réformes structurelles doivent être menées à leur terme. Je pense notamment à la réforme du secteur public et celle de la sécurité sociale », explique-t-il. Bien qu'il valorise le Document de Carthage, l'économiste Radhi Meddeb rappelle que le document trace les grandes lignes pour le gouvernement. « C'est un travail de longue haleine qui doit se poursuivre sur plusieurs décennies », commente pour La Presse Radhi Meddeb, qui estime que le gouvernement actuel devra d'abord engager une vraie guerre contre la corruption. « Ce qui a été fait jusqu'à présent est certes utile, mais les arrestations ont simplement visé des opérateurs de la contrebande », fait-il remarquer. L'économiste pense également que le gouvernement doit remettre le pays au travail et relancer la machine économique pour retrouver la voie du développement et pas seulement de la croissance. Radhi Meddeb s'attend à ce que le gouvernement restaure les équilibres financiers à tous les niveaux (balance commerciale, balance des paiements, budget de l'Etat, caisses sociales, etc.). « Evidemment, la machine économique devra être relancée en tenant compte des transformations postrévolutionnaires, dit-il. Le mot d'ordre de toute entreprise doit être l'inclusion ». Sur le plan politique, Meddeb espère que le gouvernement Chahed II réussira à « amorcer une véritable décentralisation. « Il faut accélérer le vote du Code des collectivités locales et donner du pouvoir aux citoyens », conclut-il. Enfin, l'économiste dit croire fermement que le rétablissement de la confiance entre l'Etat et la population passe par la révélation de la vérité à propos des assassinats politiques.