Les échanges commerciaux de la Tunisie avec les pays africains ne dépassent pas les 4% de l'ensemble des exportations tunisiennes, selon des statistiques officielles de 2017. Les transactions commerciales avec l'Afrique subsaharienne ont, quant à elles, atteint 342 millions d'euros en 2013 (un peu plus de 1 milliard de dinars) contre plus de 1 milliard d'euros (plus de 3 milliards de dinars) pour le Maroc La jeune société privée de transport de fret, Express Air cargo, lancera 21 nouvelles lignes desservant plusieurs pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, vers la fin du mois courant, selon un récent communiqué de presse. Des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Cap Vert, la Centrafrique, le CongoBrazzaville, la République démocratique du Congo(RDC), la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Gambie, le Ghana, la Guinée équatoriale, la Guinée Bissau, la Guinée Conakry, le Liberia, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Sierra Leone, le Tchad et le Togo seront, ainsi, accessibles aux investisseurs et hommes d'affaires tunisiens. Et le gouvernement encourage cette ouverture économique et semble déterminé à jeter les fondements d'un bon démarrage. D'ailleurs, soutenue par l'Etat, la compagnie nationale Tunisair avait annoncé la couleur, en passant de 5 destinations africaines à 16 en 2017. Se joignant à une course effrénée vers un continent « terrain d'un nouveau grand jeu», selon des géopoliticiens avérés, la Tunisie semble être désormais résolument tournée vers le continent africain. Hélas ! On ne l'a pas fait un peu plus tôt. Mais, mieux vaut tard que jamais, comme on dit. Reste à savoir si les parties prenantes ont déjà établi l'état des lieux, étudié les risques et planifié les mesures préventives requises pour réussir dans un nouvel espace géographique et géopolitique, dont on sait très peu de choses. D'autant que les échanges commerciaux de la Tunisie avec les pays africains ne dépassent guère les 4% de l'ensemble des exportations tunisiennes, selon des statistiques officielles de 2017. Les transactions commerciales avec l'Afrique subsaharienne ont, quant à elles, atteint 342 millions d'euros en 2013 ( un peu plus de 1 milliard de dinars) contre plus de 1 milliard d'euros (plus de 3 milliards de dinars tunisien) pour le Maroc. Risques et mesures préventives Investir en Afrique n'est pas une sinécure. L'adage : qui veut aller loin n'a qu'à ménager sa monture. Mieux s'entend, les risques auxquels on pourrait faire face en Afrique pèsent beaucoup plus qu'ailleurs, en ce sens que la stabilité et l'environnement réglementaire dans nombre de pays subsahariens posent généralement plus de difficultés. Si bien que chaque pays a ses propres spécificités juridiques, culturelles et civilisationnelles. D'où la nécessité d'accompagner les entreprises et les investisseurs tunisiens. Un accompagnement dont il revient à l'Etat de concevoir les méthodes et les mécanismes adaptés. Car beaucoup d'entrepreneurs tunisiens qui s'ouvrent à l'export vers l'Afrique subsaharienne, la francophone et l'anglophone, ne connaissent pas comme il faut les acteurs locaux. Cette méconnaissance est due à l'absence d'informations disponibles sur les entreprises africaines de façon générale. D'autant que la presse tunisienne parle peu de questions africaines. Tout autant qu'il y a des risques politiques et classiques, comme les risques d'expropriation ou de non-convertibilité, dans le continent noir. Espaces africains et trésors méconnus des Tunisiens Du Mali à la Guinée en passant par la Côte d'Ivoire, l'Afrique subsaharienne regorge de richesses qui pourraient changer le sort de millions d'Africains et inverser la tendance de certaines idées reçues véhiculant l'image d'un continent «pauvre» et «arriéré». Pourtant, les Tunisiens n'en savent pas grand-chose. Ces richesses restent, toutefois, peu ou mal exploitées en raison de l'instabilité politique, de l'insécurité ou encore de l'absence d'études préalables à leur exploration, d'après certains spécialistes des questions africaines. Au Mali, qui dit richesses naturelles, dit pierres précieuses. Les grenats (utilisés en joaillerie depuis des milliers d'années) se trouvent dans les environs de Nioro et de Bafoulabe (région de Kayes, Ouest). Les pegmatites (roches magmatiques à grands cristaux de taille supérieure à 20 mm) sont localisées dans les environs de Bougouni (région de Sikasso, Sud), dans le bassin de Faleme et dans l'Adrar des Ifoghas à Kidal, au nord, selon des recensements du ministère malien des Mines. Les régions du nord Mali contiennent, également, du schiste bitumeux (870 millions de tonnes). Ce produit est défini comme étant des roches mères enfouies dans la «fenêtre pétrolière» du sol pour être transformés en hydrocarbures. On y trouve également du sel gemme (53 millions de tonnes), utilisé, entre autres, pour l'alimentation du bétail. En Côte d'Ivoire, le potentiel minier est estimé à 800 milliards de dollars, selon des chiffres officiels. Le sous-sol de ce pays regorge de richesses évaluées à plus de 3 milliards de tonnes de fer, 390 millions de tonnes de nickel, 1,2 milliard de tonnes de bauxite, 3 millions de tonnes de manganèse et 100 mille carats de diamants, selon Mamadou Koulibaly, enseignant d'Economie a l'Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody. Quoiqu' important, ce potentiel minier reste peu exploité, en raison de certains obstacles. «Les données géologiques et minières sont insuffisantes, la prospection et les recherches ne sont pas importantes, et les ressources humaines sont peu qualifiées», explique M.Koulibaly dans des déclarations à la presse internationale. D'autres richesses inexploitées La Guinée n'est pas non plus en reste. Elle dispose d'importantes ressources minières dont les principales sont la bauxite avec près de 2/3 des réserves mondiales et une production de 13,6 millions de tonnes en 1997 (2e rang mondial), date des dernières statistiques. Les gisements de fer contiennent des réserves de 15 milliards de tonnes. Le sous-sol guinéen est également riche en ressources minières encore moins connues comme le chrome, le nickel et le cobalt. Ces ressources se trouvent dans la zone du massif de Kakoulima, située à 50km à l'Est de Conakry. Selon des explorations géologiques menées en 1963, la région de Kindia (135 km de Conakry), contient d'importants gisements d'étain (métal blanc utilisé pour fabriquer des articles ménagers) de tungstène (utilisé dans des applications électriques), de molybdène (agent d'alliage qui renforce la dureté des aciers éteints et gâchés) et de manganèse (les Egyptiens et les Romains l'utilisaient dans la fabrication du verre). Reste à dire que l'Afrique représente 23% de la superficie des terres émergées de la planète, totalise aujourd'hui 1,17 milliard d'habitants, soit déjà 16% de la population mondiale, présente l'indicateur de fécondité le plus élevé au monde : 4,7 enfants par femme. Puis, d'ici 2050, la population africaine pourrait dépasser 2 milliards d'habitants et la classe moyenne en Afrique de l'Ouest dépassera les 300 millions d'habitants, selon des rapports de la presse internationale. Il revient, au demeurant, aux matelots de la barque carthaginoise de méditer ces chiffres pour ainsi bâtir le présent et l'avenir d'un pays, d'une nation.