Pas moins de 40 mille jeunes avaient participé au congrès national dédié à la jeunesse en décembre 2016. Le ministère de tutelle leur avait réservé, aux quatre coins du pays, quelque 1.230 tribunes de dialogue sur moult sujets d'actualité juvénile. La stratégie nationale promise alors n'a toujours pas vu le jour Sept ans passés, la révolution n'a pas encore porté ses fruits. Et les jeunes qui l'ont défendu, à tout prix, n'en récoltent que des maux enrobés dans des mots aussi figés. Des promesses en l'air qui émaillent, à chaque fois, les tons monotones des crises et des tensions. A vrai dire, les professions de foi électoralistes des uns et des autres, fusant de toutes parts, avaient servi d'appât factice, berçant d'illusions de larges franges sociales dont la jeunesse en particulier. Drôle de nos partis politiques qui font toujours jouer la corde sensible. Mais, ils n'ont guère l'art et la manière. Les officiels, eux aussi, ne sont pas en reste. En vase clos, ils n'ont rien à dire à des jeunes qui n'en veulent plus. Ce tiers exclu de leur philosophie compte aujourd'hui près de 3 millions d'âmes à la fleur de l'âge. Ce vif potentiel humain, véritable dépositaire de l'avenir, sent avoir, plus que jamais, besoin de toute forme de communication et d'expression. Et voilà qu'un nouvel an vient pointer le nez, sans nous avoir fait oublier le corpus et le tracé du congrès national dédié, fin décembre 2016, à la jeunesse de la Tunisie. Pas moins de 40 mille jeunes ayant goûté l'acception du franc-parler face à la ministre de tutelle et autres responsables du secteur qui leur avaient réservé, aux quatre coins du pays, quelque 1.230 tribunes de dialogue à moult sujets d'actualité juvénile. Un mois et demi de voyage dans les idées et les propositions qu'ils ont, volontairement, émises noir sur blanc ont dû faire un tour d'horizon de toutes leurs préoccupations. Du chômage à l'emploi, il y avait eu autant de soucis qui les angoissent au quotidien. L'événement était tel, marqué d'un tapage médiatique, qu'il avait donné raison de voir la réalité autrement. En fait, système éducatif, emploi, rapport des jeunes avec les institutions de l'Etat, jeunes et sport, culture et technologie, comportements à risque, citoyenneté et discours alternatif furent les six thèmes déjà abordés au terme dudit congrès. Ce fut, alors, l'essentiel de ce qu'on avait longuement discuté. Et sur quoi devait, par la suite, reposer la stratégie nationale de la jeunesse en Tunisie, ainsi annoncée en conclusion. Maison des jeunes, et après ? Louée, somme toute, tant par le chef du gouvernement Youssef Chahed que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Majdouline Cherni, cette stratégie est restée lettre morte. Une année déjà, on n'en a rien entendu. La toute récente inauguration, par Béji Caïd Essebsi, de la maison des jeunes pilote à la cité Ettadhamen est considérée comme le point de départ d'une nouvelle politique révolutionnaire. Mais, que va changer une telle réalisation par rapport au chômage endémique des jeunes de ce quartier et leur faible taux de scolarité ? Quel impact sur leurs comportements, leur citoyenneté et le regard qu'ils portent sur la vie politique en général? Certes, cette nouvelle structure semble de portée, mais elle ne va pas répondre aux besoins pressants des jeunes du quartier. Sans emploi ni éducation, et encore moins d'intérêt politique à leur égard, on n'arrive jamais à reconquérir leur confiance. Parmi les objectifs du dernier congrès national du dialogue, tels que fixés par la ministre : « aider nos jeunes à refaire confiance aux institutions de l'Etat, se prendre en charge et comprendre que leur participation à la vie politique n'est pas une faveur, mais un droit sacré». A ses dires, seuls 7% d'entre eux s'adonnent à une activité politique. Grande déception! Une autre enquête du terrain, récemment publiée par l'Institut tunisien pour la démocratie et le développement (Tidd), a montré que la majorité écrasante des jeunes des régions intérieures ne croient plus à l'Etat. Et par ricochet à ses institutions et à tous ses partis politiques. Cette grande déception disparaîtra-t-elle sous l'effet de la simple création d'une maison des jeunes ? Certes, il y aura beaucoup à faire dans ce secteur. Il est temps, faut-il le souligner, de parer au plus urgent. L'emploi des jeunes se pose, ici et maintenant, en priorité nationale. De même, une formation réellement professionnalisante demeure encore plus motivante, dans la mesure où elle devrait donner sur le marché du travail. Soit, un véritable tremplin pour l'emploi. «L'emploi, notre souci», ainsi s'exprime Mme Majdouline Cherni. Dans une interview accordée à notre journal, dans sa livraison du 28 décembre 2016, la ministre a promis, en ces termes : «C'est officiel, ce sera à partir du mois de mars prochain (2017) que la tutelle et les ministères concernés recruteront 8.000 chômeurs en leur garantissant des postes de travail ». Et d'ajouter, sur un ton rassurant, « nous avons déjà signé des conventions avec des hommes d'affaires afin que nos jeunes soient recrutés ». Que la ministre fasse, aujourd'hui, preuve de ses engagements.