Inauguration, vendredi dernier, de la nouvelle vitrine du musée national de Carthage intitulée « Carthage et les Etrusques, une si vieille amitié», par le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, en compagnie de la ministre du Tourisme Selma Elloumi-Rekik et en présence de plusieurs personnalités du monde politique et économique, d'ambassadeurs et d'acteurs dans le domaine de l'Histoire et du patrimoine. Il s'agit de l'un des événements les plus importants avec lequel on démarre la nouvelle année. L'inauguration d'une nouvelle vitrine au musée national de Carthage dédiée à l'une des civilisations les plus fascinantes et encore mystérieuses de l'Antiquité celle des Etrusques et leurs relations étroites avec les Carthaginois. Durant deux semaines, le public découvrira pour la première fois une collection de plus de 2000 pièces archéologiques des Etrusques appartenant à la période allant du 4e au 7e siècle avant-JC. Les Etrusques sont un peuple de l'Etrurie, région de l'Italien ancienne. Durant cette exposition inédite et exceptionnelle, les visiteurs auront l'occasion de découvrir quelques facettes de cette première grande civilisation pré-romaine. En effet, bien avant la naissance de l'Empire romain, ce sont les Etrusques qui ont fait jaillir la lumière sur le bassin méditerranéen, dominant la péninsule italienne avec leur politique démocratique et d'ouverture. Le public pourra voir des pièces rares d'une grande valeur historique, des objets de la vie quotidienne, des pièces rares et uniques en céramique étrusque en Bucchero (poterie noire), d'autres pièces en bronze et d'autres inspirées de la culture grecque. A découvrir, également, l'un des objets uniques appartenant à cette partie de l'Histoire; il s'agit du premier et plus ancien passeport connu dans le monde d'un Carthaginois voyageant en Etrurie(Italie). C'est une «tessera hospitalis» en ivoire bronze, jeton d'hospitalité, signe d'identité qui remonte au VIe siècle avant notre ère. Cette vitrine témoigne des relations amicales qui unissaient les Etrusques aux Carthaginois : des relations commerciales, artistiques, militaires et techniques. A ce sujet, le directeur général de la Direction du patrimoine, Abdelhamid Largueche, qui a déclaré que cette exposition montre la relation étroite qui existait entre les deux peuples et qui dépassait les relations commerciales pour devenir une relation d'échange et d'alliance entre les deux peuples. Largueche a, par ailleurs, souligné que l'exposition durerait deux semaines avec comme public cible les élèves et les lycéens qui seront accompagnés par des médiateurs et des guides spécialisés. Pour sa part, le directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Jean Gran-Aymerich, spécialiste de la civilisation étrusque a mis l'accent, dans son exposé, sur la spécificité du peuple étrusque par rapport aux autres populations de la même époque au niveau de la langue, de l'origine et des mœurs. « Le peuple étrusque cultive sa différence avec une langue unique différente des langues indo-européennes ou sémique, des origines méconnues et des mœurs avant-gardistes pour l'époque», a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «La femme étrusque avait un rôle important qu'aucune femme de cette époque (romaine, grecque ou punique) ne possédait. En effet, les femmes étrusques pouvaient assister aux jeux et spectacles publics, participer aux banquets à côté de leurs maris, hériter et donner leurs noms en tant que mère à leurs enfants de la même manière que les pères» a-t-il avancé. « Depuis la fin du 19e siècle, les découvertes archéologiques à Carthage ont montré qu' il y avait des objets étrusques à Carthage essentiellement enfouis dans les tombes», a mentionné le chercheur en affirmant : « Aujourd'hui, après plus d'un siècle et demi de fouilles et de découvertes, les chercheurs considèrent que Carthage présente en dehors de l'Etrurie (Italie actuelle) la plus importante collection en nombre et en variété d'objets étrusques». Pour Gran-Aymerich, l'exposition «Carthage et les Etrusques, une si vieille amitié» illustre qu'avant les guerres puniques et les affrontements entre Carthaginois et Romains, le peuple italique cultivait des relations privilégiées avec les Carthaginois durant 4 à 6 siècles AV JC. Prenant la parole, le ministre des affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, a mis l'accent sur l'importance de cette exposition dans le cadre de la promotion du patrimoine au niveau national et international. Il a, d'autre part, a tenu à souligner l'importance du partenariat public-privé dans la valorisation des trésors archéologiques de la Tunisie, citant comme exemple l'apport de la banque tunisienne Biat comme mécène dans l'élaboration de la vitrine de la nouvelle collection archéologique « Carthage et les Etrusques». Le ministre a saisi cette occasion, également, pour annoncer la mise en œuvre de plusieurs projets dans le but de promouvoir la ville historique de Carthage dans le cadre du nouveau plan national de la promotion du patrimoine national dans les différentes régions de la Tunisie afin que le patrimoine devienne désormais une source de création de richesse et de développement. Dans ce contexte, la directrice du musée et du site de Carthage, Sondes Douggui, a présenté le projet de mise en valeur des monuments du site de Carthage : la réhabilitation, la restauration et l'aménagement de différents monuments soit les ports puniques, le Tophet de Carthage, la Place de l'Unesco, la reconstruction du cirque, les citernes de Mâalgua, la zone du théâtre romain et le musée national de Carthage.