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Taoufik Ben Othmane, ancien sélectionneur national : «Une plus grande facilité d'adaptation» Dossier : QU'EST-CE QUI POUSSE LES JOUEURS TUNISIENS À SE REFUGIER DANS LE FOOTBALL SAOUDIEN ?
Auteur de la qualification de l'équipe nationale au Mondial argentin 1978 comme assistant d'Abdelmajid Chetali, puis aux Jeux olympiques de Séoul 1988 comme sélectionneur en chef, Taoufik Ben Othmane se rappelle d'un exode massif en Arabie Saoudite comparable à celui d'aujourd'hui. A la différence qu'il survint cette fois-ci juste après le Mondial, pas avant. «Cela ressemblait à une récompense pour les Agrebi, Tarek, Limam, Jendoubi, Akid, Ben Aziza... Aux lendemains de la coupe du monde 1978, l'interdiction d'aller jouer à l'étranger a été levée, et on a assisté à une compréhensible ruée vers l'or. Toute cette génération qui a honoré son pays au continent américain avait le droit d'aller au royaume saoudien améliorer sa situation sociale. S'ils étaient restés dans le pays, tous ces joueurs n'auraient sans doute pas gagné grand-chose car le foot national était encore à l'ère de l'amateurisme. Quarante ans plus tard, les données ont changé. Un profane croirait que tous ces joueurs partis les derniers jours du mercato d'hiver en Arabie Saoudite s'y sont donné rendez-vous pour préparer le Mondial. Or ce départ précède de cinq ou six mois le grand rassemblement planétaire. Pourtant, ni le niveau technique ni le rythme du championnat là-bas ne sont meilleurs qu'en Tunisie malgré le recours à de grands entraîneurs étrangers. Pourquoi le choix du football du Golfe plutôt que celui européen? En plus de la facilité pour les clubs tunisiens de conclure des contrats qui leur rapportent de l'argent, je retiendrai une plus grande facilité d'adaptation des joueurs eux-mêmes. Nos footballeurs ont un tempérament arabe et africain basé sur une bonne technique individuelle. Ils n'aiment pas trop le foot européen, très exigeant sur le plan physique et de la rigueur tactique et collective. Voilà d'ailleurs pourquoi deux ou trois joueurs tunisiens seulement ont réussi en Europe: Hatem Trabelsi en premier lieu, Zoubeir Beya et Radhi Jaidi ensuite». «Partis lessivés» «En tout cas, il n'y a pas de règle générale: en terre saoudienne, qui sait, nos joueurs pourraient se libérer et mieux s'exprimer... Le Mondial se prépare au fond deux mois avant l'échéance. En 1978, à partir du mois d'avril, après avoir participé à la coupe d'Afrique des nations, au Ghana, nous avons pu croiser le fer avec la Russie (l'ex-URSS), la Hollande, la France... Voilà pourquoi le stage du mois dernier au Qatar suscite la polémique. Il y a eu là-bas surentraînement, et les clubs sont aujourd'hui les premiers à s'en plaindre. Les conséquences sont visibles en championnat. De plus, la moitié de l'effectif n'était pas avec le sélectionneur car les internationaux évoluant en Europe manquaient à l'appel. Si j'y reviens aujourd'hui, c'est pour rappeler que, maintenant, des joueurs partis dans des clubs saoudiens pourraient en faire les frais. Ils sont peut-être lessivés. Tout cela me paraît pourtant secondaire au vu des délais qui nous séparent de la grand-messe russe».