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Arrêtons de perdre du terrain !
Dossier : champion's league, nos clubs ont-ils les moyens de leurs ambitions?
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 02 - 2018

L'évidence est de reconnaître que nos clubs qui vivent au-dessus de leurs moyens sont en danger, et qu'en fin de compte, ils ne sont pas prêts à aborder les compétitions continentales en pleine possession de leurs moyens. En cédant leurs meilleurs éléments (pour résorber une partie de leurs dettes ?), ils amoindrissent leurs capacités d'action et réduisent leurs chances de briller.
Prenons telle qu'elle est cette classification qui a été faite et qui a placé la compétition tunisienne en tête de ses consœurs africaines et arabes. Certes, il ne s'agit pas pour nous de remettre en question quoi que ce soit, mais d'être vigilants. Un classement pareil pourrait induire en erreur plus d'un, au point d'enrayer les efforts de ceux qui appellent à améliorer le niveau général de nos clubs et de nos compétitions en vue de favoriser ceux qui se délectent de leur léthargie.
En effet, une compétition est, dit-on, le fidèle reflet de clubs qui la disputent. Au point de vue de l'organisation générale du football dans le pays, de la régularité de la compétition, de la formation et de l'encadrement nécessaires, tout le monde reconnaît que tout va aussi bien dans le meilleur des mondes. Les écoles de formation et la valeur de nos cadres ne sont un secret pour personne. Reste la structuration de notre football et les bases sur lesquelles il repose. Nous ne retiendrons que l'aspect «professionnel» de la question. Le football amateur, c'est tout un autre sujet qui aura sans doute un dossier qui lui est propre.
Les clubs tunisiens, comme ceux du reste du continent d'ailleurs, en plus de leurs titres nationaux, ne rêvent que de «la Ligue des Champions» et, à un degré moindre, de la «Coupe de la CAF» qui gagne en prestige de par la valeur des formations qui la disputent.
Mais...la question qui se pose et qui taraude tous les dirigeants des équipes engagées est bien celle qui est relative aux moyens dont ces candidats aux consécrations disposent pour atteindre cet objectif ultime.
N'oublions pas quand même que les équipes tunisiennes qui prennent part à ces compétitions ont toujours et régulièrement fait figure honorable. Elles y ont imposé leur sceau et les ont marquées de leur excellent comportement.
Mais à quel prix ?
Procédons pour bien comprendre le problème qui se pose à quelques comparaisons de ce milieu ambiant dans lequel vivent les équipes nord-sahariennes et celles du sud du Sahara qui nous délèguent souvent des formations constellées d'étoiles, mais dont la domination et la «durée de vie» sont rarement constantes. Ces équipes, pour «vivre», sont dans l'obligation de «vendre» leurs meilleurs éléments à des équipes européennes ou...maghrébines, mieux nanties et supposées disposant de moyens financiers plus importants. Pour les équipes du Maghreb (Egypte compris) c'est souvent et à quelques exceptions près des seconds couteaux qui atterrissent entre nos murs.
Dans des pays comme le Soudan, le Sénégal, le Kenya, la Namibie, le Botswana ou l'Ouganda, et bien d'autres, le football est une raison de vivre. Dans ces contrées, on organise des championnats de plus en plus structurés, observe un haut responsable à la Fifa. «Ces championnats existent au Sénégal et en Côte d'Ivoire et en Guinée par exemple, mais ils ne se déroulent pas tous régulièrement et peuvent parfois être suspendus pendant un ou deux ans», constate le sélectionneur Claude Le Roy qui a roulé sa bosse partout en Afrique.
Les moyens de financement font défaut et les autorités des lieux (plus rationnelles et plus courageuses que les nôtres) avouent qu'elles ont «d'autres priorités nationales».
Le «courage» est bien d'avouer qu'au lieu de subventionner ces clubs pseudo-professionnels mal organisés, asphyxiés par les dettes et entre les mains de personnes qui ont maintes fois avoué leur incompétence, devant les problèmes qui se posent, les autorités devraient faire valoir que la construction d'une usine, d'un terrain, d'une salle, est beaucoup plus utile, du moins plus urgente pour résorber le chômage ou pour encadrer des jeunes, les former et les arracher à la rue. Imaginons ce qui pourrait se passer si elles le faisaient et qu'un club rétrograde en division inférieure !
«Au sud du Sahara, les Etats ne se préoccupent que de leur équipe nationale. Que leurs joueurs obtiennent de bons résultats dans les championnats européens leur suffit. Le développement des clubs locaux ne les intéresse pas », observe Loïc Ravenel, chercheur au Centre international d'étude du sport (CIES) de Neuchâtel, en Suisse.
La planche de salut
Comment dès lors voit-on de temps à autre des équipes redoutables, bien organisées, qui semblent posséder des moyens dépassant les normes ? C'est au prix d'un mécénat qui met au pouvoir soit des hommes d'affaires, soit des hommes politiques, comme le Congolais Moïse Katumbi, que nous connaissons, ancien gouverneur de l'ex-riche province du Katanga, qui est «propriétaire» depuis 1997 du TP Mazembé.
Le club, sous sa présidence, a remporté à plusieurs reprises la Ligue des champions ou de la CAF. Il dispose depuis 2011 d'un stade de 19 000 places à Lubumbashi, construit avec les propres deniers de Katumbi, et depuis 2012 de son centre de formation, la «Katumbi Football Académie», ainsi que d'un lieu de retraite pour les joueurs.
La formation
Autre moyen de s'en sortir, la formation et, pour l'exemple, nous pourrions citer le Dakar Sacré-Cœur qui met ses jeunes sportifs en première ligne. Installé en plein centre de la capitale sénégalaise, le Dakar Sacré-Cœur (ASDSC) veut devenir une référence en Afrique en misant sur la formation des jeunes footballeurs. Mathieu Chupin, président franco-sénégalais de l'Association sportive Dakar Sacré-Cœur (ASDSC), avoue que ses équipes participent au championnat professionnel sénégalais (Ligue 1 pour Diambars et Ligue 2 pour Génération Foot). Elles tirent en effet la quasi-totalité de leurs revenus des transferts.
Al Ahly : champion toutes catégories
Le club cairote est le plus titré du monde. Il possède plus de trophées dans sa vitrine que le Real Madrid ou le FC Barcelone. C'est aussi le plus riche et le mieux structuré d'Afrique.
Avec environ 60 millions de supporters déclarés, dont 50 millions en Egypte, il est le plus populaire du pays devant son voisin le Zamalek, dont l'armoire à trophées est un peu moins garnie. « Selon des chiffres non officiels, Al Ahly dispose d'un budget de fonctionnement annuel d'environ 35 millions d'euros, potentiellement revu à la hausse en cas de transfert de joueurs.
Ce club est capable d'offrir d'excellents salaires et de primes de résultats. Les rémunérations annuelles se situent entre 100 000 et 650 000 euros.
Si Al Ahly, qui a lancé en 2015 un chantier de 380 millions d'euros pour la construction d'un stade de 60 000 places dans la cité du 6-Octobre, peut s'assurer un train de vie haut de gamme, c'est aussi grâce à d'autres sources de revenus. Le club touche des droits télévisés, notamment de Nile sport, bénéficie des cotisations des socios et des dons de mécènes. Ces rentrées s'ajoutent à la vente depuis 2011 de produits dérivés (maillots, écharpes) dans ses boutiques officielles, et aux participations des sponsors: Vodafone, Coca-Cola, Nestlé, Shell... L'année dernière, un contrat de trois ans a été signé avec la société saoudienne Sela Trading, dont le montant est de 27,2 millions d'euros».
A en perdre le nord
Voyons ce qui se passe au niveau du Maghreb : en Algérie comme au Maroc, le professionnalisme institué est relativement contrôlé pour éviter les dépassements et prémunir les clubs contre des dérives suicidaires. Il faut dire que ces deux pays ont pris la précaution d'étudier ce qui se passe chez nous, pour placer dès le départ des balises et des garde-fous.
En Tunisie, nous connaissons la situation. La meilleure des illustrations serait de revoir les chiffres qui ont filtré ou que l'on a daigné rendre publics au niveau des rapports financiers des clubs «professionnels». Il suffirait d'additionner les dettes pour comprendre les problèmes qui se posent.
Si les clubs que l'on désigne comme « grands » donnent l'impression de tourner, c'est grâce aux mécènes qui les ont pris en main. Mais ces mécènes différent l'un de l'autre. Les uns supportent sans gémir (jusqu'à quand ?) les aléas d'un football mal organisé parce que ignorant où il se situe par rapport à un professionnalisme en transe et un amateurisme au niveau de la gestion défectueuse, les autres croulent sous des dettes abyssales que personne ne sait de quelles manières honorer, alors que le reste des dirigeants passe sa gestion à quémander, menacer de départs ou de grèves, navigue à vue dans un océan d'incertitudes et de menaces
La menace
Si le président du TP Mazembé décidait un jour de partir, la loi l'autoriserait à «vendre» le club. Il en est propriétaire. Mais si un de ces présidents mécènes décidait d'arrêter les frais et de prendre un repos bien gagné, qu'adviendrait-il de l'équipe pour laquelle il a investi et s'est investi ? La barre, placée le plus souvent très haut, risque de faire réfléchir tout repreneur. Il sera question de niveau de vie du club et surtout des dettes qu'on sera obligé de payer pour aspirer un aléatoire retour à la réalité.
Aléatoire, parce que tout simplement, le doigt dans l'engrenage, au vu de la réglementation actuellement en vigueur, inadaptée, mal conçue, complètement dépassée et absolument non fonctionnelle, les nouveaux dirigeants seront dans l'obligation de poursuivre leur fuite en avant : se renforcer, donc s'endetter, espérer et promettre des titres continentaux, s'abandonner entre les griffes du hasard et de l'imprévu.
Entre miracle et évidence
C'est dire que ces titres remportés, dans les conditions énumérées ci-dessus, tiennent du miracle. Les clubs ont investi, contre bon sens certes, mais ils ont réussi en dépit des risques et des problèmes dont ils avaient pleinement conscience. Un risque qui perdurera tant que la situation juridique de nos clubs demeurera telle quelle. Tant que les clubs professionnels fonctionneront sans ressources propres, et...tant que le premier souci des joueurs et des dirigeants sera l'argent. Les uns doivent en trouver quitte à se saigner ou à s'endetter à mort, les autres aller en chercher là où n'est pas forcément leur avenir sportif.
La gestion d'un club ce n'est pas seulement des moyens financiers, mais c'est aussi un savoir-faire, de la prudence et, bien entendu, un minimum de sagesse pour éviter d'embarquer tout son monde dans une aventure sans lendemain. Seuls des règlements bien étudiés, adaptés et rigoureusement appliqués, sont en mesure de remettre à niveau ces associations sportives.
Les mettre au-devant de leurs responsabilités est une question de survie. Plus nous reculons l'échéance et plus nous perdrons du temps et du terrain par rapport à ceux qui ont, dès l'instauration du professionnalisme, fixé la loi du jeu.
Il faut absolument et de toute urgence édicter ces lois du jeu (en attendant appliquer celles qui sont en vigueur et qui sont soit bafouées soit complètement ignorées), donner des délais raisonnables pour que toutes les équipes se mettent à niveau, même au prix d'un renoncement à ce professionnalisme dangereux et qui ne conduit nulle part, pour ceux qui sont incapables de s'aligner et de répondre aux critères.
L'évidence est donc de reconnaître que nos clubs qui vivent au- dessus de leurs moyens sont en danger, et qu'en fin de compte, ne sont pas prêts à aborder ces compétitions continentales en pleine possession de leurs moyens. En cédant leurs meilleurs éléments (pour résorber une partie de leurs dettes ?), elles amoindrissent leurs capacités d'action et réduisent leurs chances de briller.
Soutenir le contraire serait tout simplement refuser de voir la réalité en face.


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