Le professionnalisme sauvage a engendré bien des abus Nous ne savons toujours pas quand reprendra la compétition mais après tout ce qu'a vécu notre pays ces dernières semaines, il est sans doute nécessaire que ceux qui veillent sur le sport national ressentent l'obligation de se poser bien des questions à propos de cette activité. Si nous reconnaissons au sport cette place de choix, où réside par conséquent le problème? Il ne s'agit aucunement de remettre en cause quoi que ce soit, mais deux questions entre autres se posent, indépendamment de l'organisation du sport professionnel qui est officiellement reconnu en football, et toléré en handball, basket-ball et même volley-ball. Nous savons, d'après les rapports financiers que l'on rend publics (contentons-nous de ces documents!), que des milliards sont dépensés, dont une partie importante en devises. La première question qui se pose est relative aux joueurs étrangers et à leur apport. Ils coûtent cher, sont grassement payés et de par leur niveau (à quelques exceptions bien sûr), tout le monde est d'accord pour avouer qu'ils ne dépassent en rien (sinon si peu), les joueurs locaux. La seconde a trait aux salaires faramineux des joueurs et aux droits de transferts qui, ne serait-ce que cette année, ont franchi de nouveaux records. Indécent par rapport à ce que vivent et gagnent les Tunisiens. Bombe à retardement Ceux qui ont eu la lumineuse idée d'instaurer un "professionnalisme" débridé, sans garde-fou, sans tenir compte des aspects sociaux et économiques du pays, ont tout simplement posé une véritable bombe à retardement dont les clubs paient aujourd'hui les conséquences. Les écarts entre les recettes et les dépenses, ainsi que les dettes qui enflent d'une gestion à une autre constituent l'illustration parfaite de la faillite qui attend une bonne majorité des clubs. Certes, on nous rétorquera que, pour les équipes qui disputent les compétitions continentales, il leur est difficile de se passer de ces renforts, soit, mais faut-il que la valeur soit établie et reconnue. Mais si nous souhaitons concilier cette exigence avec les réalités nouvelles qui se sont imposées, nous sommes tentés de réunir les responsables, toutes disciplines confondues, afin d'établir des conditions pour le recrutement de joueurs étrangers. Tout d'abord, il faut absolument que ces joueurs paient leurs impôts comme le reste des employés de ce pays. A ce propos, les joueurs tunisiens devraient aussi s'y soumettre, tout en régularisant leur situation au niveau de la CNSS. Ces deux contraintes (si contrainte il y a, lorsque l'on s'aligne sur le reste des travailleurs de ce pays) sont aussi à étendre à tous les joueurs de nationalité tunisienne dans toutes les disciplines. C'est ensuite le niveau minimum des joueurs à recruter qui est à fixer. Nous en voyons défiler depuis des années. La majorité de ces éléments laissent à désirer. Ils bloquent l'éclosion des jeunes joueurs locaux sans apporter le plus attendu. L'Egypte et l'Algérie, entre autres, ont fixé des minimas logiques. L'appartenance à l'équipe nationale conditionne l'autorisation de procéder à tout recrutement. Chez nous, nous assistons à chaque période de recrutement à des carrousels ridicules avec toutes les dépenses qui en découlent. Un business peu sportif Le même raisonnement est valable pour les tout jeunes éléments que l'on recrute dans les centres de formation. A moins de procéder comme ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée, où on accorde automatiquement la nationalité pour pouvoir utiliser les meilleurs en sélections nationales (c'est loin d'être le cas en Tunisie), nous investissons pour les autres. Le fait de les "vendre" au bout de quelques années n'est en rien une justification qui se défend, car on continuera à chicaner sur les chiffres, alors que la rentabilité n'est pas toujours palpable. Nous proposons, à propos de ces joueurs étrangers, d'appliquer (avec rigueur et sans passe-droit), la procédure en vigueur au ministère de la Culture, à chaque fois que l'on fait appel à un artiste étranger en lieu et place d'un Tunisien: le paiement d'un droit qui revient à un organisme créé à cet effet. L'organisme pourrait être une caisse tenue par la FTF, et dont les revenus seront alloués à la formation des jeunes. En imposant entre 15 et 20 pour cent du montant de tout contrat signé avec un joueur étranger, les clubs seront plus regardants sur leurs dépenses. Cela pourrait, par ailleurs, susciter un peu plus de sagesse dans ces opérations qui coûtent trop cher pour la communauté nationale. Avec ce qui attend nos entreprises, principales pourvoyeuses de fonds, et alors que tout doit être fait pour résorber le chômage et se ranger aux côtés de ceux qui sont démunis du minimum, nous pensons que nos clubs devraient, d'une façon ou d'une autre, s'adapter et revoir leur gestion. De toutes les manières, la FTF ne peut continuer à se comporter comme si de rien n'était. La révolution a imposé une nouvelle donne. Il faudra s'y aligner.