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La coalition au pouvoir à l'épreuve
L'ARP vote aujourd'hui la destitution du gouverneur de la BCT
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 02 - 2018

Comme pour anticiper sa destitution, Chedly Ayari a affirmé, hier, mercredi, lors d'une séance d'audition tenue par la commission parlementaire des finances, qu'il allait quitter son poste de gouverneur de la Banque centrale de Tunisie indépendamment de la décision qui sera prise aujourd'hui. Bien que tardive pour quelqu'un qui, en août prochain, aura 84 ans, cette manière de tirer sa révérence évitera, néanmoins, beaucoup de gêne aussi bien à ceux qui veulent le maintenir à son poste tout comme ceux qui veulent le voir partir
Aujourd'hui, l'Assemblée des représentants du peuple va examiner la proposition émise par le président de la république Béji Caïd Essebsi de démettre le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) Chedly Ayari de ses fonctions. La proposition vient à la suite d'un nouveau «blacklistage» de la Tunisie par le Parlement européen dans la liste des «pays tiers susceptibles d'être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme». Cette décision a fait entrer le chef du gouvernement Youssef Chahed, dans une colère noire. Sa réaction fut immédiate et après consultation avec le chef de l'Etat, il a annoncé «le limogeage» du gouverneur de la BCT rendu «coupable» de ce nouveau malheur.
L'annonce est tombée comme un couperet et depuis, elle alimente les discussions et les débats. Les interprétations et les commentaires vont bon train quant à la responsabilité des parties dans ce nouveau camouflet. Il est vrai que ce «blacklistage» tombe au mauvais moment pour le gouvernement qui déploie des efforts de séduction pour attirer les investisseurs étrangers afin de boucler son budget et s'apprête à sortir sur le marché monétaire international pour obtenir de nouveaux crédits. Cette réputation «sulfureuse» qui, certes, ne vaut pas «sanction», risque d'entraver ses démarches et d'impacter la décision du FMI pour débloquer la nouvelle tranche du crédit. Elle envoie, également, un mauvais signal aux investisseurs et aux créanciers du pays. Le vote du Parlement européen met, en effet, en cause l'existence de «failles dans le système financier du pays qui pourraient permettre l'introduction d'importantes sommes d'argent dont l'origine serait difficile à contrôler». Cet argent pourrait servir au «financement du terrorisme».
Le vote du Parlement européen était attendu
Pourtant, le vote du Parlement européen était prévu et attendu depuis plus de deux mois. Le Groupe d'action financière (Gafi), qui est un organisme intergouvernemental créé en 1989, «surveille les progrès réalisés par ses membres dans la mise en œuvre des mesures requises, examine les techniques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ainsi que les mesures permettant de lutter contre ces phénomènes, et encourage l'adoption et la mise en œuvre des mesures adéquates au niveau mondial». Il a appelé, en 2012, la Tunisie à se conformer au nouveau «cadre des mesures devant être mises en œuvre» pour «lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que le financement de la prolifération des armes de destruction massive».
Ce revers traduit, en fait, «les maux qui gangrènent l'économie et les finances publiques». Selon les statistiques officielles, le secteur informel représente près de 55% de l'économie nationale alors que, selon l'Instance de lutte contre la corruption (Inlucc), 25% des marchés publics ne sont pas conformes à la réglementation en vigueur. De quoi donner le tournis au gouvernement.
Dans son rapport de l'évaluation nationale des risques de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme, publié au mois d'avril 2017, la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf) a évalué les risques encourus par différents secteurs, organismes gouvernementaux et non gouvernementaux dans le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Elle a relevé plusieurs failles notamment dans les secteurs les plus exposés aux risques de blanchiment, à l'instar du secteur bancaire. Ainsi, selon son secrétaire général, Lotfi Hachicha, plus de 500 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme au cours des dix dernières années ont été transférées à la justice. La Ctaf a également procédé au gel de plusieurs comptes bancaires pour une valeur de plus de 100 millions de dinars.
Entre 2011 et 2016, le volume d'argent des dossiers, dont certains concernent des sociétés offshore libyennes, transmis à la justice a atteint 10 milliards de dinars. 53% des opérations « douteuses » dépassent les 10 millions de dinars chacune, 26% pour des opérations entre un million et dix millions de dinars et le reste des opérations sont inférieures à un million de dinars.
Responsabilité collective
Il ne fait aucun doute, la responsabilité de Chedly Ayari, à qui on reproche son «conservatisme et son inertie», en sa qualité de président de la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf), est évidente dans ce nouveau «blacklistage» de la Tunisie. Ses explications, hier devant la commission des finances de l'ARP, n'étaient pas tout à fait convaincantes. Mais l'on ne peut admettre qu'une seule personne, aussi importante soit-elle, ou encore une seule institution de l'Etat, assument à elles seules l'entière responsabilité d'un tel camouflet. La diplomatie tunisienne a été pointée du doigt pour sa léthargie, malgré les dénégations du ministre des Affaires étrangères. Comme elle ne peut pas être du seul ressort du gouvernement actuel étant donné que la Tunisie est entrée, depuis 2011, dans des zones de turbulences et il est devenu un pays «exportateur de terroristes» et une «lessiveuse» d'argent sale. Inutile de revenir sur la responsabilité de la «Troïka» dans la recrudescence du terrorisme et son laxisme face à la circulation de cet argent. La déficience de notre système est criarde sur ce point précis et le financement occulte des partis politiques et de ces milliers d'associations, caritatives notamment, qui ont poussé comme des champignons n'est qu'un secret de Polichinelle.
Toutefois, la réaction «spectaculaire» du chef du gouvernement d'annoncer le limogeage du gouverneur de la Banque centrale, comme si on voulait l'humilier, a été mal perçue. Cette «révocation», annoncée dans la précipitation, ne sera, en fait, effective qu'après le vote à l'Assemblée des représentants du peuple qui doit l'entériner par une majorité absolue de 109 voix au moins. Les procédures de nomination ou de limogeage du gouverneur de la Banque centrale sont assez complexes et compliquées. L'article 78 de la Constitution du 27 janvier 2014 stipule, en effet, que «le président de la République procède par voie de décret présidentiel à la nomination du gouverneur de la Banque centrale sur proposition du chef du gouvernement et après approbation de la majorité absolue des membres de l'Assemblée des représentants du peuple. Il est mis fin à ses fonctions selon les mêmes modalités ou à la demande du tiers des membres de l'Assemblée des représentants du peuple et l'approbation de la majorité absolue de ses membres».
La destitution n'est pas garantie
Il faut revenir six ans en arrière, Chedly Ayari a été proposé en juillet 2012 par le président provisoire Moncef Marzouki après accord avec le chef du gouvernement de la Troïka Hamadi Jebali. Marzouki voulait se débarrasser de Mustapha Kamel Nabli qui, pourtant, présentait un excellent profil pour le poste. Il lui reprochait d'avoir été ministre de Ben Ali. Ayari s'était, à cette période, rapproché du mouvement Ennahdha qui a fait appel à lui pour superviser son programme économique en 2011. Et c'est sur son instigation que son nom a été soufflé pour diriger la prestigieuse institution financière. Economiste de renom, ancien doyen de la faculté de Sciences économiques de Tunis et plusieurs fois ministre sous Bourguiba, il avait côtoyé Béji Caïd Essebsi dans les réunions des conseils des ministres sous la présidence de Bourguiba ou de Nouira. Il a, également, dirigé la Badea (Banque arabe de développement économique africaine). Son mandat de six ans court jusqu'au mois de juillet 2018.
Or, selon certaines sources dont les deux députés Mondher Belhaj Ali et Sahbi Ben Fredj, la destitution «n'est pas garantie». Le mouvement Ennahdha a, paraît-il, été surpris d'apprendre la nouvelle de la «révocation» de Chedly Ayari. Comme, semble-t-il, il n'a pas été consulté à propos de la proposition de Marouane Abbassi pour lui succéder. Avec la fin du «consensus» annoncé unilatéralement par le mouvement Nida Tounès, la partie s'annonce difficile, ce jeudi 15 février, au sein de l'hémicycle. Car, sans le soutien du groupe parlementaire d'Ennahda, Chedly Ayari pourrait terminer son mandat et rester à sa place jusqu'au 24 juillet prochain.
Cependant, d'autres sources, cette fois-ci proches de Montplaisir, pensent que le chef du gouvernement a obtenu l'accord préalable de Rached Ghannouchi, le président d'Ennahdha, avant d'annoncer sa « décision-proposition ». Elles n'excluent pas, également, que lors de sa rencontre, le 1er février avec le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi, la question du remplacement de Chedly Ayari, qui était déjà dans l'air, ait été évoquée entre «amis». En plus de cela, les deux superconseillers auprès de chef du gouvernement, chargés du dossier économique, Tawfik Rajhi et Ridha Saidi, sont «nadhaouis» et occupent leurs bureaux à la Kasbah depuis le gouvernement Hamadi Jebali en 2012.
C'est pourquoi la plénière d'aujourd'hui, qui sera consacrée à l'examen de la demande du président de la République de révoquer Chedli Ayari et d'approuver la nomination de son successeur Marouane Abbassi, sera chaude. Jusqu'ici les partis de la majorité comme de l'opposition ne se sont pas prononcés sur la proposition. Ce sera probablement une occasion pour mettre à l'épreuve la coalition actuellement au pouvoir et qui rassemble particulièrement Nida Tounès et Ennahdha.
Comme pour anticiper sa destitution, Chedly Ayari a affirmé, hier lors d'une séance d'audition tenue par la commission parlementaire des finances, qu'il allait quitter son poste de gouverneur de la Banque centrale de Tunisie indépendamment de la décision qui sera prise aujourd'hui. Bien que tardive pour quelqu'un qui, en août prochain, aura 84 ans, cette manière de tirer sa révérence, évitera, néanmoins, beaucoup de gêne aussi bien à ceux qui veulent le maintenir à son poste tout comme ceux qui veulent le voir partir. Il sait qu' à moins d'une surprise, il sera sacrifié sur l'autel de l'efficience de la gestion des risques. On dit même qu'il aurait subi de fortes pressions pour partir de son propre gré sous peine de connaître le même sort que l'ancien chef du gouvernement Habib Essid.
«Un bouc émissaire», selon certains, pour ne pas s'attaquer à «la racine du problème : la lutte contre le blanchiment de l'argent sale». Son remplaçant proposé, Marouane Abbassi, un économiste principal au sein du groupe de la Banque mondiale dont il est le représentant permanent en Libye, «est bien introduit dans le gotha financier international». Sa nomination sera interprétée comme un signe de bonne volonté à l'égard des bailleurs de fonds mondiaux et des décideurs internationaux.


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