L'EST a remporté le classico devant une grande ESS dans un match quelque peu gâché par le «cadeau» superflu offert au leader qui n'en avait nullement besoin On va devoir s'habituer à ne plus écrire exclusivement sur le sport et les matches dans nos articles normalement réservés à l'activité sportive sans traiter d'autres sujets et problèmes qui lui sont devenus intimement connexes. C'est que chez nous, depuis la «révolte» du 14-Janvier 2011, rares sont devenues les rencontres de football qui se déroulent sans confrontations entre une frange violente de supporters et les forces de l'ordre. Sans, non plus, des actes désolants d'effronterie et de coups de gueule commis par les joueurs à l'adresse de l'arbitre. Ce sont là les nouveaux ingrédients des recettes de nos matches de football. Et exactement à l'identique du match aller ayant eu lieu à Sousse entre nos deux meilleures équipes : l'ESS et l'EST, leur duel retour d'avant-hier à Radès s'est déroulé dans les mêmes conditions de troubles qui font, tout simplement, rougir. On aura tout vu dans ce match : du beau football, des buts, du suspense, des écarts de conduite, des bourdes arbitrales, des cartons jaunes et rouges, du jet de projectiles de tous genres, des pétards, des bombes lacrymogènes, des affrontements entre des supporters de l'EST et les agents de l'ordre public et l'on en oublie. Et comme vous pouvez le constater, ce fut un plateau à la sauce aigre-douce. Le côté aigre illustré par tout ce qui est négatif et néfaste continuera à s'imposer à nous tant que le pays ne sera pas sorti de sa tourmente sociopolitique devenue trop pesante et à haut risque. Quant au côté doux, eh bien, il a trait à la réconciliation de nos clubs avec le beau football et le nivellement conduisant au suspense et au spectacle envoûtant. Du beau jeu à la bourde arbitrale En effet, le choc EST-ESS a tenu toutes ses promesses puisqu'on a eu droit à un rythme soutenu des deux côtés tout au long de la rencontre ponctuée d'un chassé-croisé époustouflant. Les spectateurs et les téléspectateurs se sont régalés avec les cinq buts plantés dans les filets des deux keepers, Achraf Krir (3) et Moez Ben Chérifia (2). Et sans prétention, j'étais à deux doigts de comparer fièrement la qualité de notre classico au grand duel d'avant-hier soir ayant opposé le Real Madrid au PSG. Les points communs étaient multiples même les bévues arbitrales, mais avec une seule différence : chez nous, le civisme et le fair-play n'étaient pas au rendez-vous. Dans ce match plein et ouvert à tous les scénarios, une belle réplique tactique a été donnée par les deux entraîneurs Khaled Ben Yahia et l'Algérien Kheireddine Madhoui. Ces deux coaches appelés au secours des deux protagonistes tout récemment ont fait montre d'une maîtrise tactique qui s'est rapidement traduite par une transformation totale du look de leurs équipes. Dans le bon sens bien sûr. En plus du duel tactique entre ces deux hommes dont l'empreinte était manifeste, des duels de haut niveau ont également été enregistrés sur le terrain entre les joueurs. Dans ce match pleinement disputé, l'EST a eu le dernier mot grâce en particulier à sa rage de vaincre et à son réalisme. Ses assauts offensifs à répétition ont fini par payer. Mais ce fut suite à une kyrielle de rebondissements et de renversements de situations au score. L'ESS a tenté de réduire l'écart la séparant du leader «sang et or» (8 points). Elle a montré des potentialités offensives énormes grâce à l'apport de Hamza Lahmar et Bangoura qui étaient un vrai poison pour la défense locale. Ces deux hommes étaient les auteurs des deux buts étoilés (37' et, 43'). En revanche, l'Espérance, toujours assoiffée de victoires, n'a jamais accepté la moindre concession. Elle a su rendre les coups et renverser la vapeur grâce aux trois buts marqués par Youssef Blaïli (17e) Taha Yassine Khenissi (sur penalty 82') et le ressuscité Haïthem Jouini (89'). Dans ce match hitchcockien et très spectaculaire on a enregistré deux faits saillants. Le premier est incontestablement la bourde monumentale commise par l'arbitre Karim Khémiri qui a cruellement sifflé un penalty injustifié en faveur de l'EST à la 82' pour main inexistante de Omar Kanoté. L'EST n'avait nullement besoin de ce «cadeau» car on voyait venir son but égalisateur suite à sa prise d'assaut de la défense étoilée. Le deuxième fait marquant fut la «première» tactique courageusement testée par Khaled Ben Yahia lorsque son équipe était menée au score (1-2). Il a tout simplement tenté une alchimie qui déroge aux règles connues en alignant ensemble trois avant-centres à partir de la 75'. Il s'agit de Haïthem Jouini, Bilel Mejri et Taha Yassine Khenissi. Les deux derniers étant incorporés respectivement à la 66' et à la 75'. Bizarrement, ce fait a été une alchimie très fructueuse puisque Khenissi va égaliser avant que Haïthem Jouini ne parvienne à offrir la victoire à son équipe. Ce dernier, qui confirme son regain de forme d'un match à l'autre, semble bien parti pour arracher irréversiblement une place de titulaire à part entière malgré le retour de Taha Yassine Khenissi. A rappeler que Jouini a failli marquer un premier but quand son tir décoché à partir des 20 mètres est allé s'écraser sur la transversale à la 64'. Avant ce match, on pensait qu'avec le retour de Khenissi, Ben Yahia allait se trouver devant le dilemme d'aligner ensemble Jouini et Khenissi ou de «sacrifier» Jouini. Eh bien, l'ex-libéro de charme de l'Espérance vient de nous donner indirectement une réponse éloquente à ce propos : le coup est bel et bien jouable.