Dans le cadre de leurs activités d'échange interculturel, l'ambassade de Colombie en Algérie, l'Instituto Cervantès et l'ambassade d'Espagne à Tunis, en collaboration avec l'Institut supérieur des langues de Tunis (ISLT), proposent, du 21 février au 10 avril, un cycle de films colombiens datant de la dernière décennie. L'occasion de donner aux étudiants comme aux universitaires une vision plus élargie de la culture et de la société colombiennes à travers le cinéma. La programmation comprend une sélection de trois longs-métrages réalisés par de jeunes cinéastes colombiens contemporains. Ce cycle représente une occasion idéale pour les étudiants et les universitaires de l'Institut supérieur des langues de Tunis (ISLT) d'élargir leur connaissance du cinéma colombien et de s'immerger dans ses productions récentes. Depuis plus de 10 ans, grâce à une politique publique volontariste, et l'apparition d'une jeune génération prometteuse, inspirée par ses aînés, on assiste à un essor sans précédent du cinéma colombien, avec de nombreuses récompenses dans les festivals. Or, depuis plus d'un siècle, existait une cinématographie colombienne, instable, florissante puis disparaissant, en échos aux conflits qui ont déchiré le pays pendant des décennies. Mais qu'en est-il du cinéma colombien aujourd'hui et que garde-t-il de son Histoire ? Comment la jeune avant-garde du cinéma colombien s'inscrit-elle dans l'Histoire de son pays et de son cinéma ? C'est ce que les cinéphiles tunisiens, peu habitués au cinéma colombien, pourront découvrir à travers le regard des meilleurs cinéastes colombiens apparus au début des années 2000. Au centre de leurs films, la question du territoire est primordiale, qu'il s'agisse de la forêt dans «El abrazo de la serpiente» (l'étreinte du serpent) de Ciro Guerra, film d'aventures, sensoriel et hallucinant, ou, à travers lui, de raconter le peuple de la campagne colombienne ou les liens entre passé et présent, à l'instar de «La tierra y la sombra» (La Terre et l'ombre) de César Acevedo, Caméra d'or 2015 au Festival de Cannes, ou encore dans «Gente de bien » de Franco Lolli, un conte moral narrant avec finesse les distinctions sociales d'aujourd'hui en Colombie. C'est avec «Gente de bien» du réalisateur colombien Franco Lolli qu'a eu lieu hier, 21 février, le coup d'envoi du cycle cinématographique colombien. Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 2014, le film «Gente de bien » est le premier long-métrage du jeune réalisateur. Né à Bogotá en 1983, Franco Lolli a fait ensuite ses études de cinéma à la Femis à Paris. Son premier court métrage, «Comme tout le monde» (2006) a remporté le Grand Prix du Festival de Clermont-Ferrand. Son deuxième court métrage, «Rodri» (2012) a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. «Je n'ai jamais connu mon père, mais j'ai imaginé mille fois ma rencontre avec lui. Ce film, c'était pour me confronter à la question de la filiation père-fils» explique Franco Lolli en parlant de son film «Gente de bien»aux médias. Mais au-delà de ce point de départ aux accents très personnels, le film met également en scène le fossé entre les classes sociales au sein de la société colombienne, en particulier dans la capitale Bogota. María Isabel, femme issue de la classe aisée, est généreuse et ouverte, qui va prendre en sympathie un père et son fils de 10 ans qui viennent de se rencontrer. Elle s'efforce de les aider de différentes manières, jusqu'à les inviter dans sa maison de campagne avec sa famille pendant les fêtes de Noël. Le titre espagnol du film est ainsi polysémique : les « gente de bien» sont à la fois des personnes qui ont des biens matériels et des personnes qui font le bien. Le prochain film au programme est «El abrazo de la serpiente» (L'étreinte du serpent) de Ciro Guerra. Celui qui disait que « La Colombie est un pays qui ne s'est pas encore raconté, encore moins à travers le cinéma. Tout est à construire et créer». Primé à la Quinzaine des réalisateurs, ce film, tout aussi bien sur le plan narratif que visuel, plonge le spectateur au cœur de la forêt amazonienne et confirme l'ambition de cet auteur créatif. A travers ce film qui sera projeté le 14 mars prochain à partir de 14h00 à Institut supérieur des langues de Tunis, Ciro Guerra emmène le spectateur dans une sorte d'Odyssée amazonienne. Son œuvre témoigne des ravages de la colonisation, de la religion occidentale et du capitalisme (le commerce du caoutchouc) dans une région économiquement et culturellement dévastée (disparition des langues ancestrales). Dans son film,Ciro Guerra nous confronte aux mystères d'un monde inconnu. Le troisième film «La tierra y la sombra» (La terre et l'ombre) de César Acevedo, Caméra d'or 2015 au Festival de Cannes. Il s'agit d'un film dramatique racontant l'histoire d'Alfonso qui retrouve sa famille plus de dix ans après l'avoir quittée. Il a maintenant un petit-fils, et son fils est gravement malade. En effet, l'exploitation intensive de la canne à sucre et les terres brûlées font tomber sur ce pays des pluies de cendres, se logeant dans les poumons des malchanceux, noircissant le ciel – et les esprits. Alfonso veut convaincre sa famille d'abandonner leur maison pour partir loin des cendres et de la poussière. Le film sera projeté le 10 avril à partir de 14h00, toujours à l'Institut supérieur des langues de Tunis. Des rendez-vous qui valent absolument le détour !