Treize chansons, écrites et enregistrées entre la France et la Tunisie, forment cet album écrit et composé par le duo. On y retrouve la même âme à la fois locale et internationale, fraîche et mélancolique, sage et rebelle, finalement celle de Yuma. Avec la sortie de «Poussière d'étoiles», leur deuxième album, Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami renouvellent leur engagement pour la musique et pour leurs fans. Ils forment le duo «Yuma», né en 2015 d'une rencontre, deux ans plus tôt, à l'occasion d'une collaboration artistique au festival de musique électronique «Ephémère». L'aventure a été lancée avec le projet Mashup, sur Youtube, qui les a fait connaître auprès des internautes, suivi, deux mois plus tard, du premier album «Chura», un album fait maison, avec les moyens du bord, mais qui les a propulsés aux devants de la scène alternative tunisienne. «Poussière d'étoiles» est une suite et en même temps une autre histoire. On y retrouve la même âme à la fois locale et internationale, fraîche et mélancolique, sage et rebelle, finalement celle de Yuma. 13 chansons, écrites et enregistrées entre la France et la Tunisie, forment cet album écrit et composé par le duo, arrangé par Skander Besbes et Antonin Volson, et dont la musique est jouée par Jean-Denis Moreau au violon, Yves-Pol Ruelloux au cello, Gaetan Samson aux daf et bendir, Antonin Volson aux percussions et Skander Besbes à la guitare et au synthétiseur. Sorti fin janvier, l'album a été possible grâce à la rencontre avec un producteur français, Innacor records, lors du speed meeting professionnel des Journées musicales de Carthage. «C'est un producteur qui a les mêmes valeurs que nous, qui défend les musiques du monde et les projets fragiles», nous explique Sabrine Jenhani. Elle et son autre moitié de Yuma entament leur 4e tournée, avec des dates en Tunisie comme celle du Rio le 23 février, et en Europe (France, Belgique, Grande-Bretagne, Portugal, Suisse). Des festivals de musique alternative arabe s'intéressent également à eux, surtout depuis leur passage par «Visa for music» en 2017 au Maroc. «A l'étranger, le public apprécie notre authenticité, même s'il ne comprend pas les paroles», ajoute l'auteure et interprète. L'identité de Yuma, voulue et préservée depuis leurs débuts, passe par le chant en tunisien. «Dès le départ, nous voulions s'adresser aux Tunisiens avec un langage qu'ils comprennent et nous voulions encourager d'autres jeunes à écrire avec la derja», raconte Sabrine Jenhani. «Poussière d'étoiles», dont beaucoup de titres ont été inspirés par ou écrits sur la route, est en quelque sorte un road album ou carte de parcours avec des souvenirs, des expériences et des choses qui tiennent à cœur au duo. C'est le cas de «Khalini chwaya», inspirée par la ville de Ksour Essaf et ses palais déserts, jadis chargés d'histoires. Celles racontées par Yuma trouvent leurs références dans les fables de La Fontaine comme dans Kalila wa Demna. «Ce sont des paroles tunisiennes imprégnées de mythes, d'adages et d'histoires de grands-mères», décrit la chanteuse, pour qui la musique de Hédi Jouini résume parfaitement cet esprit authentique, dans les rythmes et dans les paroles. Côté musique, «Poussière d'étoiles» guide Yuma vers le chemin de la maturité. « Chura a été un album acoustique. Dans celui-là nous avons eu beaucoup plus de possibilités et nous avons travaillé sur plusieurs instruments, avec une touche électronique très prononcée. Chura est en quelque sorte une version minimaliste de Poussière d'étoiles», affirme Sabrine Jenhani. Pour elle, la rencontre entre parole et musique donne un album aux influences mystiques et spirituelles, aux sons indie/rock et pop, un album aux apparences romantiques mais dont le fil conducteur reste l'engagement social. «Les thématiques évoquent le problème avec le corps, les frustrations, les mariages arrangés et forcés ou encore l'amour inavoué», annonce l'artiste. Avec Ramy Zoghlami, elle œuvre à faire connaître «Poussière d'étoiles». «Nous sommes produits sur l'album et la tournée uniquement. Nous faisons la communication nous- mêmes. Nous avons réalisé deux clips avec nos propres moyens et nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour distribuer l'album en Tunisie», déplore-t-elle. Les clips, de «Nghir alik» et «Khalini chwaya», tournés avec très peu de moyens contribuent à maintenir le lien avec les fans, qui les suivent nombreux sur les réseaux sociaux et lors des concerts. «Nous préservons toujours cet aspect temps réel de notre rapport avec le public, cultivé dès le début avec les mashups. Nous parlons avec les fans et nous les rencontrons après les concerts. C'est grâce à eux qu'on exauce ce rêve musical», conclut Sabrine Jenhani.