C'est avec la Marche des fleurs des troubadours de Bizerte, Nabeul, Le Kef et Tajerouine que s'est clôturée la seconde édition de Sicca Jazz et surtout après une soirée de folie avec l'artiste nigéro-américaine Iyeoka précédée par le groupe tunisien Yuma. La Kasbah et tout Le Kef affichaient complet. On a rarement vu un tel nombre de personnes affluer à La Kasbah comme ce fut le cas le samedi soir pour le dernier concert de Sicca Jazz, un embouteillage monstre bloquait même la circulation et on avait du mal à trouver une place de parking. Il faut dire que depuis des décennies, aucune mise à niveau de l'infrastructure de la ville n'a était faite. La soirée a commencé avec le jeune groupe tunisien «Yuma» composé de deux jeunes autodidactes, Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami. Ce duo accompagné par Sara Mistrale au violon a présenté presque la totalité des titres de leur premier album «Chura» qui sort dans quelques jours. Une musique entre folk acoustique mélangée à des sonorités électro. Le duo a réussi à transporter le public vers d'autres contrées à travers la voix si spéciale de Sabrine Jenhani et les chansons à textes bien poivrés. Puis, est venu le temps du voyage vers l'Afrique avec Iyeoka dont le titre Simply Falling, a été vu plus de 15,5 millions de fois. Le public de Sicca Jazz a assisté à la belle performance d'une grande interprète. Iyeoka est une chanteuse à la voix puissante dont les prouesses lyriques et le talent vocal évoquent l'esprit de figures bouleversantes: Nina Simone, Sade, Lauryn Hill et Amy Winehouse. Les mots chantés se transforment en dons uniques et émotionnellement complexes à son public, qui abordent de très nombreuses questions : l'amour, les femmes, la culture, la lutte et les relations humaines. Poétesse et artiste-interprète, Iyeoka canalise sa culture et les influences de ses ancêtres. Elle a donné du plaisir au public très nombreux de La Kasbah qui a suivi ses moindres mouvements sur scène et a chanté en chœur avec elle ses plus beaux titres. Une seconde partie de soirée qui a dépassé les deux heures, le public en a reçu de sa belle énergie et de ses ondes positives quelle déverse avec générosité. Sicca Jazz et après... Durant ces trois jours de Sicca Jazz, Le Kef a vécu au rythme d'un évènement fait par les siens, le staff du festival assurait l'ensemble de l'organisation, et non seulement des soirées et des concerts, il a créé tout autour de cette programmation plus d'une activité de découverte. Le circuit touristique et culturel de Am Salem, ancien conservateur à la retraite du Musée du Kef fut un pur moment de plaisir. Il raconte si bien Le Kef et ses monuments, il nous a fait découvrir des sites bien nichés dans la médina, l'église Saint Pierre, la Ghriba du Kef, Ras El Aïn, les thermes et les citernes, la Basilique... il nous a aussi transmis son inquiétude quant à l'état de délabrement et d'abandon des ces sites qui pourraient être une source considérable de richesse non seulement pour la ville mais pour tout le pays. Ceux qui ne connaissaient pas Le Kef ont aussi pu le découvrir autrement à travers les randonnées qu'on a organisées et les déjeuners au Barrage Mallègue... et pour finir avec, encore une note d'espoir, le dimanche matin sur l'esplanade de Boumakhlouf et de La Kasbah des centaines d'enfants avec des couronnes de fleurs ont fait leur marche des fleurs pour célébrer le premier jour du printemps, la fête de l'Indépendance et le Sicca jazz. Cette grande cité du nord-ouest, classée zone rouge, et dont beaucoup de gens appréhendent la visite et certains artistes refuseraient l'invitation a su transmettre un message positif aux siens et aux autres, un message de vie, un message d'espoir.