Entre les faux arguments et la recherche du second souffle, les clubs et les entraîneurs acceptent en quelque sorte cette nouvelle règle qui arrange tout le monde. Ça ne concerne plus que le championnat tunisien, mais aussi des championnats de grande valeur et de haut niveau : on parle là du changement fréquent d'entraîneurs et la dernière valse au CSS, à l'EST, au COM et à l'ESM en dit beaucoup sur la précarité du métier d'entraîneur. Ce n'est pas donc un phénomène tunisien, tous les championnats le font et le vivent mais probablement à des degrés moindres. Cette saison, les exemples sont nombreux et pratiquement la plupart des clubs tunisiens ont changé en quelques mois leurs entraîneurs avec le record à l'EST qui a utilisé 3 entraîneurs (c'est une règle qui date depuis des années !) entre Benzarti, Kebaier et Ben Yahia, au CA qui a limogé Simone, à l'ESS qui a évincé Velud ou au CSS qui s'est séparé de Motta puis de Dridi, au ST qui a enrôlé Nebil Kouki à la place de Mohamed Kouki. La fréquence est énorme et on n'apporte pas grand-chose si on dit que le premier souci est de chercher de meilleurs résultats du haut au bas du classement. Perdre en compétition africaine, enchaîner des défaites et rester en bas du tableau, c'est le premier argument. Il y a aussi la mauvaise adaptation avec des entraîneurs qui ne s'imposent pas et qui ne trouvent pas de bonnes conditions de travail. Là, on parle de salaires impayés non seulement aux entraîneurs, mais aussi aux joueurs qui n'ont plus la tête aux entraînements et qui lèvent le pied. Les conflits avec certains dirigeants, supporteurs ou même agents de joueurs (qui, dans certains clubs, font la loi !) peuvent expliquer un départ. Dans tout cela, et même si on reste avec les mêmes joueurs, on cherche une réaction, une amélioration des résultats et parfois ça marche très fort avec l'exemple de Marchand et Kolsi qui ont succédé au catastrophique Marco Simone. C'était un bon casting qui a amené un staff qui réussit alors que son prédécesseur n'a pu rien faire. Nouvelles règles On peut parler d'instabilité, de mauvais effets sur l'harmonie des équipes, mais c'est une nouvelle règle qui s'impose. C'est le court terme qui reste le souci, et les résultats, loin de tout projet sportif. Ça arrange même les entraîneurs qui ont une liberté de circulation dans le championnat local mais aussi dans d'autres championnats. Ils savent bien que quand ils sont limogés, ils trouveront le lendemain un preneur, c'est-à-dire un autre club tunisien qui a limogé son entraîneur. Cette précarité ne dérange plus personne, avec un mercato d'entraîneurs qui n'a plus de date et qui reste ouvert toute la saison. La règle fédérale de trois entraîneurs maximum par saison est complètement oubliée et annulée, voilà que chaque président de club a la liberté d'engager deux, trois ou quatre entraîneurs par saison. Ce sont de nouvelles règles qui arrangent ceux qui aiment la mobilité, mais techniquement, ce n'est pas normal du tout. C'est comme si on est dans une course de 100 mètres et que l'on a un éternel sprint tous les jours. Plus le temps de monter une équipe, de dresser un projet de jeu, de travailler au moins sur 6 mois. Non, tout cela, il faut l'oublier, chaque entraîneur sait bien qu'il doit capitaliser des points et gagner des titres, chez les grands, sans se soucier de la manière, de la qualité du travail, de l'intégration des jeunes. C'est une éternelle histoire qui se répète toutes les saisons.