Par Anis SOUADI L'intégration économique arabe ne cesse de s'affirmer, d'une année à l'autre, comme le fondement même de la performance et de la compétitivité. D'ailleurs, les experts des différentes institutions économiques et financières internationales ont toujours affirmé que pour prétendre réellement à un niveau de compétitivité bien élevé, mais aussi et surtout l'inscrire dans la durée, toute économie a besoin plus que jamais d'opérer dans un cadre régional bien soudé. Elle est tenue de ce fait d'éviter d'agir en solitaire à la faveur d'une approche complémentaire et non pas concurrentielle. Cette question semble prioritaire tellement les enjeux à venir sont importants. Cela est d'autant plus vrai que dans un marché économique mondial de plus en plus globalisé, les économies arabes ne peuvent pas, individuellement, bien se positionner à l'international ou encore élargir leurs parts de marché même si certaines économies, à l'instar de l'économie nationale, réalisent des performances remarquables. D'ailleurs, dans son allocution à l'occasion du Sommet extraordinaire à Syrte, le Chef de l'Etat a affirmé que les défis et enjeux inhérents aux fluctuations de l'ordre économique mondial nécessitent d'agir au plus vite pour conférer davantage de dynamisme et d'efficacité au dispositif de l'action économique arabe commune, de manière à conforter la complémentarité et l'intégration et à accroître la compétitivité du groupement arabe vis-à-vis des différents ensembles économiques régionaux. Il faut reconnaître en effet que malgré l'importance de leur potentiel, les pays arabes n'arrivent pas à donner une véritable dynamique à leurs échanges économiques. Certes, le niveau des échanges connaît depuis quelques années une certaine évolution mais cela reste tout de même timide par rapport à un marché de plus de 400 millions de consommateurs. En effet, les échanges commerciaux entre les pays arabes ont atteint, en 2009, 70 milliards de dollars, soit 5,9% seulement du volume du commerce arabe avec le monde extérieur. Il convient d'affirmer toutefois que cette timidité des échanges économiques interarabes est due essentiellement à la timidité de l'implication des acteurs économiques eux-mêmes. L'enjeu est de ce fait de taille: garantir rapidement une meilleure implication des acteurs économiques des différents pays arabes, ce qui aurait pour avantage de permettre aux différentes économies de la région de passer du stade du simple échange à celui de l'association réelle, à la faveur bien entendu de partenariats actifs, multiformes et surtout durables. Plus encore, cette association entre les pays arabes aurait la force d'un véritable poids économique qui aiderait les pays de la région à élargir significativement leurs parts de marché au triple niveau africain, européen et international. Elle permettrait également d'assurer un rythme assez accéléré de création de projets communs porteurs pour les différentes économies de la région. Il est vrai justement que toute intégration économique arabe resterait au stade du discours si les acteurs économiques ne passaient pas eux-mêmes à l'action. D'où l'impératif d'agir en complémentarité totale pour espérer créer un marché arabe commun hautement concurrentiel, grâce notamment à l'instauration d'un partenariat global, stratégique et responsable. Cette ambition est tout à fait légitime car les pays arabes disposent d'un important potentiel, notamment en termes d'investissement et de création de richesses. Un tel enjeu repose toutefois sur la nécessité d'améliorer la base productive, de mieux servir la composante innovation et de bien exploiter les spécificités de chaque pays pour mieux diversifier l'offre. Cette question de diversification est d'autant plus impérative que la majorité des échanges des pays arabes repose sur les produits énergétiques. Il est nécessaire également, comme l'a rappelé le Chef de l'Etat au Sommet de Syrte, de consolider les infrastructures reliant les pays arabes les uns aux autres, de garantir les échanges entre eux, d'activer l'initiative relative au financement des petits et moyens projets du secteur privé et d'évoluer graduellement vers une totale liberté de circulation des biens, services et investissements dans l'aire arabe. Pour relever rapidement ces différents enjeux, le marché arabe doit absolument améliorer sa politique d'information, de communication et de sensibilisation. Sans parler de la mise en place de bases de données fiables et actuelles. Cette approche ne manquera pas de servir l'instauration d'une nouvelle dynamique économique entre les différents pays arabes.