Par Amel Zaïbi L'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a rendu publics, hier, les résultats chiffrés de l'opération de dépôt des candidatures (par listes) aux élections municipales du 6 mai prochain. Une première lecture statistique de ces chiffres révèle deux éléments d'information capitaux. Le premier est le poids politique de chaque parti qui fait apparaître la bipolarisation du paysage politique, matérialisée par l'hégémonie du couple Nida-Ennahdha, comme une réalité concrète et effective. A en juger par l'écart abyssal entre les deux premiers grands partis politiques (ex aequo) et les autres. Nida et Ennahdha sont les seuls à avoir déposé des listes dans les 350 circonscriptions électorales, suivis de Machrou Tounès dans 84 municipalités. Le parti de Mohsen Marzouk devance légèrement toutes les autres formations politiques, y compris les partis les plus en vue et habituellement les plus parlants dont : Courant démocratique 72 municipalités, Tounès Al Irada 47, Afek Tounès 46, Mouvement Chaab 40, Parti destourien Libre 32. Au bas du tableau : Béni Watani 8 communes, Al Badil 4 et le Mouvement des Démocrates socialistes, La Tunisie D'abord, le Parti Al Moutakbal et le Mouvement Démocratique dans une seule municipalité chacun. Du côté des coalitions, ce n'est pas mieux puisque le Front Populaire est présent dans 132 municipalités et l'Union civile, regroupant 11 partis politiques, dans 43 municipalités. Ces chiffres donnent d'ores et déjà un avant-goût des résultats des prochaines élections municipales en dépit de toutes les suspicions et autres accusations portées contre les deux grands partis de chercher à imposer leur hégémonie sur la scène politique et, partant, à manipuler les électeurs. Quels que soient la méthode pragmatique et l'esprit entreprenant qui ont présidé à l'élaboration des listes de Nida et Ennahdha, le fait est que ces deux formations politiques peuvent prétendre disposer d'importantes capacités de mobilisation de la masse électorale même dans le dernier quart d'heure. Ce qu'il faut toutefois reprocher à Nida, encore plus qu'à Ennahdha, c'est le manque de discipline partisane face aux critères d'éligibilité, notamment pour ce qui concerne la parité homme-femme, et c'est là le deuxième élément d'information fourni par les résultats de l'opération de dépôt des candidatures. Nida perd ainsi 14 listes contre une pour Ennahdha. Les partis en lice ont jusqu'à la date du 3 mars prochain pour rectifier le tir et récupérer leurs listes. Les partis qui ont cependant respecté fidèlement le critère de parité sont essentiellement Afek, PDL, Béni Watani, Parti socialiste et six autres.