La présence ou, plutôt, l'absence d'une politique efficace en matière de santé néonatale joue un rôle déterminant dans la maîtrise et le contrôle de la mortalité néonatale. Malgré les avancées réalisées dans le domaine de la santé néonatale, des décès de bébés quelques heures ou quelques jours après la naissance continuent à être enregistrés à travers le monde à cause des conditions souvent précaires et difficiles dans lesquelles se déroule l'accouchement et de l'insuffisance de moyens pour fournir des soins de qualité dans le domaine de la néonatologie. C'est ce qu'a révélé le dernier rapport de l'Unicef, qui avance des chiffres sidérants : alors que leur vie aurait pu être épargnée, 2,6 millions de bébés décèdent au cours du mois qui suit leur naissance, cependant qu'un million ne passe même pas la semaine. Même les progrès qui ont été réalisés ces dernières décennies n'ont pas permis de réduire la moyenne journalière qui s'élève à environ 7.000 décès enregistrés chaque jour à travers le monde, ce qui constitue une prévalence relativement élevée. C'est l'implication de paramètres multifactoriels qui rend cette mortalité de nourrissons difficilement maîtrisable. En effet, on pourrait penser que les conditions dans les établissements sanitaires, l'insuffisance de ressources humaines et de matériel ainsi que la piètre qualité des soins apportés à la mère et au nourrisson sont principalement responsables du décès des nourrissons qui n'ont pas bénéficié de prise en charge appropriée pour être sauvés à temps. Mais l'analyse des facteurs à l'origine des décès dans les pays où on enregistre les taux les plus élevés de mortalité a montré qu'il existe également une étroite corrélation entre la pauvreté et le niveau d'instruction de la mère et la hausse du nombre de décès des nourrissons issus des familles pauvres. Un nourrisson a plus de risques de mourir en Somalie qu'en Norvège ou au Brésil qui est un pays à revenu intermédiaire. Cette conclusion, somme toute indéniable, s'explique par le fait que la pauvreté est élevée en Somalie, ce qui réduit les chances d'avoir accès à des soins de maternité et de néonatalité de qualité. C'est le cas en Somalie et en République Centreafricaine où il y a en moyenne entre deux et trois professionnels de la santé pour dix mille habitants, ce qui explique le taux de mortalité néonatale qui s'élève à 40‰ habitants, alors qu'il ne dépasse pas 2‰ en Norvège où on compte 218 professionnels de la santé qualifiés pour 100.000 habitants. Les facteurs socioéconomiques pointés du doigt Paradoxalement, alors que la mortalité néonatale devrait être faible dans les pays développés et à revenu élevé comme le Koweit ou les Etats-Unis où le taux de mortalité est similaire à celui des pays à revenu intermédiaire. Dans ces pays, les décès de nourrissons s'élèvent à quatre pour mille habitants. Par contre, un pays comme le Rwanda, qui fait partie des régions à faible revenu, est un contre-exemple et représente un modèle à suivre. En effet, le cas de ce dernier a démenti toutes les hypothèses relatives au rapport de causalité existant entre certains facteurs et le taux de mortalité néonatale dès lors qu'il a enregistré une baisse du nombre des décès au cours des deux dernières décennies qui est passé de 41‰ en 1990 à 17‰. Il reste que, les facteurs socioéconomiques continuent à occuper une place importante parmi les causes qui seraient responsables du taux élevé de la mortalité néonatale dans les pays pauvres et les régions à revenu intermédiaire. Selon le rapport de l'Unicef, les décès de la plupart des nourrissons ne sont pas seulement dus à une défaillance au niveau des soins apportés ou à cause de pathologies ou de complications survenues après l'accouchement, mais aussi au fait que la mère n'a pu subvenir aux besoins vitaux de son enfant à cause de l'extrême pauvreté dans laquelle elle vit. Les profondes disparités relatives au niveau d'instruction de la mère et qui existent entre les régions d'un même pays ont montré que ce dernier figure, par ailleurs, parmi les paramètres qui influent sur la hausse du taux de mortalité néonatale. Lancement d'une campagne pour sensibiliser les gouvernements Selon le rapport de l'Unicef, un nourrisson dont la mère est illettrée ou qui présente un faible niveau d'instruction a deux fois plus de risques de mourir au cours de la période néonatale qu'un bébé dont la maman a un niveau d'instruction collège ou qui a achevé ses études du secondaire. Mais au-delà de ces facteurs socioéconomiques, c'est surtout la volonté politique de faciliter l'accès aux soins à la prise en charge néonatale au plus grand nombre de femmes issues notamment des zones défavorisées dans les pays qui enregistrent le taux le plus élevé de mortalité néonatale qui a été remise en question dans le rapport. La présence ou, plutôt, l'absence d'une politique efficace en matière de santé néonatale joue un rôle déterminant dans la maîtrise et le contrôle de la mortalité néonatale, a révélé le rapport qui a mis l'accent sur l'importance de fournir dans les pays suscités une couverture médicale universelle centrée sur le respect de quatre critères principaux, à savoir le lieu (aménager et rapprocher les établissements de santé offrant des soins de qualité des populations défavorisées), le personnel (augmenter le nombre du personnel de santé qualifié et spécialisé dans les régions), les produits (mettre à la disposition des établissements de santé les dix meilleurs médicaments susceptibles de sauver la vie des nourrissons) et les moyens afin de mieux protéger les mères et les nourrissons au cours de la période néonatale. Sur la base des chiffres établis sur le taux de mortalité néonatale à travers le monde, l'Unicef vient de lancer une campagne mondiale intitulée «Pour chaque enfant, une chance de vivre», afin de sensibiliser les gouvernements sur l'importance de garantir et de généraliser l'accès aux soins de qualité en matière de santé néonatale aux populations défavorisées pour réduire les décès des nouveau-nés à travers le monde.