PARIS (Reuters) - La France a commencé à puiser dans ses stocks pétroliers pour pallier les perturbations dans l'approvisionnement en carburant provoquées par les grèves dans les raffineries et les terminaux pétroliers, a déclaré hier un responsable de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Les 12 raffineries françaises ont reconduit la grève hier lundi, alors que plusieurs centaines de stations-services étaient déjà touchées à des degrés divers par ces perturbations. Le gouvernement, qui a promis d'empêcher tout blocage du pays, a commencé à procéder à des réquisitions de salariés sur certains sites, comme à Grandpuits (Seine-et-Marne). Des mesures dénoncées par le syndicat CGT du groupe Total qui stigmatise dans un communiqué le recours à «la manière forte». Dès la semaine dernière, les forces de l'ordre étaient intervenues pour dégager les accès à plusieurs dépôts pétroliers. Lundi, une tentative de blocage du dépôt de Dunkerque (Nord) a échoué. Les terminaux pétroliers de Fos-Lavera (Bouches-du-Rhône) demeurent l'un des principaux points de blocage du pays, pour leur vingt-deuxième jour de grève consécutif. Sur ces sites en effet, les mouvements liés à la protestation contre le projet de réforme des retraites sont venus se greffer à ceux organisés contre la réforme portuaire. Soixante-cinq navires, soit quatre de plus que dimanche, étaient bloqués ou retardés hier à Fos-Lavera à cause des grèves, dit la direction du port de Marseille. Parmi eux figurent 47 pétroliers. La raffinerie Exxon Mobil de Fos-sur-Mer continue de produire des carburants mais au débit minimum et peut continuer de fonctionner à ce rythme jusqu'à jeudi ou vendredi, a précisé à Reuters un responsable local du syndicat CFDT. Plus de 90 jours de stocks Aad van Bohemen, responsable du département des politiques d'urgence de l'AIE, a précisé que les stocks français étaient supérieurs au plancher prévu par l'organisation, qui coordonne les politiques énergétiques des principaux pays industrialisés. L'AIE impose à chacun de ses pays membres de détenir en permanence en réserve au moins 90 jours de consommation moyenne de pétrole brut et/ou de produits finis. En France, ces stocks sont répartis équitablement entre brut et produits raffinés. Au dernier pointage, les stocks français représentaient 98 jours de consommation, a précisé Aad van Bohemen. Pour l'instant, le recours aux stocks ne touche que ceux détenus par les industriels, qui représentent 30 jours de consommation. Les 60 jours de réserves obligatoires restants sont détenus par la Sagess (Société anonyme de gestion des stocks de sécurité), un organisme contrôlé par l'Etat. L'utilisation de ces stocks ne nécessite pas d'autorisation préalable de l'AIE puisque les perturbations en France résultent d'un problème «local», a expliqué Aad Van Bohemen. Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, s'est voulu rassurant et ferme. «Le gouvernement est responsable, il n'y aura aucun blocage, et je le dis à ceux qui nous écoutent: il n'y aura pas de blocage pour les entreprises, il n'y aura pas de blocage pour les transports, et il n'y aura pas de blocage pour les usagers de la route», a-t-il dit sur RTL. «Nous respectons le droit de grève, pas le droit de blocage, tout simplement», a-t-il ajouté.