Par Jalel Mestiri Des fois, pour se faire des ennemis, pas la peine de déclarer la « guerre », il suffit juste de dire ce que l'on pense. Dans un paysage sportif qui ne ressemble plus à ce qu'il devait être, il est aujourd'hui plus facile de faire semblant que de dire la vérité. Plus facile de renier que de rester fidèle. Plus facile de fuir que de faire face. Plus facile d'oublier que de s'engager. On n'est plus qu'au stade où les gens comprennent seulement ce qu'ils veulent comprendre, ce qu'ils veulent accepter. La plupart ont choisi la facilité et ont compris que les résultats ne se gagnent plus sur le terrain, encore moins en se démarquant de la médiocrité. Mais l'on oublie que ce n'est pas parce qu'on parle beaucoup qu'on fait les choses plus et mieux que les autres. Ceux qui accaparent aujourd'hui la parole, surtout dans les plateaux de télévision, parlent souvent de tout, sauf de l'essentiel. Il n'est pas question ici d'instruire le procès généralisé du système tunisien, qui ne le mérite pas et qui a réalisé d'indiscutables progrès, mais c'est le devoir de pointer ce que nous considérons comme des erreurs, des manquements ou des dérives. Il ne s'agit pas, aussi, de suivre le courant des hostilités dans lequel baignent les commentaires et les accusations lancées, à tort ou à raison, par les différents intervenants. Simplement, il y a de ces responsables sportifs, anciens et nouveaux, de ces pseudo-journalistes et consultants TV qui s'érigent en protecteurs, en paratonnerre au nom de l'intérêt supérieur du sport tunisien. Le sport, tel qu'il est conçu et vécu aujourd'hui chez nous, est loin de pouvoir faire évoluer les rôles des uns et des autres, du moment que ceux qui interviennent ici et là n'ont rien appris. Ils n'ont rien compris. Ils n'ont rien oublié de leurs prérogatives et de leurs privilèges, sûrs de leur bon droit. Il faut dire qu'au-delà des prises de position et de la légitimité des uns et des autres, c'est l'honnêteté du responsable sportif (encore ancien et nouveau) et de l'homme de média qui est mise en cause. Les dérapages et les excès montrent que, d'une façon générale, notre époque, et pas seulement celle du sport, baigne, transpire, dégage et produit la médiocrité. On a l'impression que le sport se revendique dans une atmosphère instable où on ne voit plus comment on peut s'unir sans se séparer. Le sens de la morale, la dignité, la pudeur et la retenue sont bafoués. Si on tourne une page, on n'est pas si sûr d'en ouvrir une vierge. Dans cette panade générale, il y a ceux qui tentent de résister, de surnager. Mais ils ne sont plus nombreux. Le sport d'aujourd'hui aurait ainsi perdu une partie de son âme et beaucoup de son innocence. Ce à quoi on est aujourd'hui prêts, c'est comment fausser un match, comment dénaturer l'image du sport. Ce « besoin » de tout compromettre qui plus est dans une période où l'image donnée a été bien dégradée sous l'emprise de ceux qui n'ont pas vraiment de place. Le sport tunisien est dans tous les cas de figure perdant. On n'a pas besoin de se demander qui en est le responsable. A moins qu'on leur donne un miroir où ils verraient peut-être un début de réponse à toutes les accusations dont ils sont l'objet...