Rechercher une solution au problème de la circulation dans Bizerte s'avère plus difficile qu'il n'y paraît. Et les mesures envisagées démontrent le peu de cas qu'on y attache. Une réunion s'est tenue au siège du gouvernorat de Bizerte dont l'objectif était d'exposer, de débattre et de trouver les solutions aux problèmes inhérents à la circulation dans le chef-lieu de la région ainsi que dans ses plus importantes cités. Autour du gouverneur qui a signalé d'emblée l'acuité du problème et «la volonté de tous d'y trouver une solution adaptée et efficace», étaient réunis des représentants des services et organismes régionaux concernés par ce problème, lequel n'est nullement distinctif de la seule ville de Bizerte. Pas moins de cinq interventions ont présenté la circulation à Bizerte dans tous ses états : les composantes infrastructurelles routières et leur entretien, le plan directeur de circulation de la ville de Bizerte, la congestion des artères de la ville et l'accroissement du trafic, le comportement des automobilistes, les incidences sur le transport public. L'on a su, au cours de cette réunion qui a duré quatre heures, que le parc automobile de la région de Bizerte comporte près de 90.000 véhicules enregistrés, toutes catégories. Chaque jour, 37.000 véhicules affluent vers la ville, par la RN 8 (25.000) ou la RN 11 (12.000). Tout ce beau monde se déverse dans les principales artères centrales de la ville, provoquant un encombrement oppressant et pénible. Il faut préciser que le problème ne date pas d'hier et que différents conseils municipaux ont essayé nombre de moyens pour y mettre fin ou du moins réguler un trafic urbain qui plonge la ville et les activités dans une véritable paralysie. En vain, la résolution du problème étant constamment contrecarrée par un comportement citoyen souvent irrationnel, encouragé par l'attitude timorée des autorités. Rien n'y fit. Des feux ont été installés sur les artères les plus congestionnées de la ville, installations onéreuses qui ont grevé les finances de la mairie mais qui, singulièrement, ont été démantelées après avoir été vandalisées. L'enlèvement des voitures n'a pas réussi à empêcher les stationnements anarchiques, et l'absence cruelle de parkings conduit à tous les excès. Les réunions se succèdent et se ressemblent tout comme les constats et les recommandations. Comme celle de la semaine dernière qui n'a nullement dérogé aux coutumes et où l'on avait l'impression du déjà ressassé, tant au niveau des constats que des recommandations émises. En fait, ce fut une réunion vaine où les propositions concrètes destinées à solutionner d'une manière pérenne les problèmes causés à la cité et à ses habitants, au transport public et même aux particuliers par un trafic étouffant ont été absentes. Pourtant, tout le monde est conscient des coûts que cela occasionne pour le portefeuille même de l'usager en matière de consommation en carburant qui se répercute négativement sur la stratégie énergétique générale du pays. A peine si l'on a osé une solution qui a consisté dans le transfert de la station de louages vers les abords de la ville, mesure qui a entraîné des manifestations des louagistes et des transporteurs ruraux. Bref, il n'est pas sûr que ce problème d'allégement du trafic dans les cités du gouvernorat de Bizerte soit solutionné. La réunion de la semaine dernière ayant démontré que les mesures prises ne sont en fin de compte que des cautères sur une jambe de bois.