Après une «première» en 2013, les organisateurs furent surpris de voir la BD et le film d'animation rassembler autant de compétences, de disciplines. Et depuis, c'est le parcours d'un battant à la recherche d'une place sur le piédestal. Pari relativement gagné, la 5e édition qui pointe à l'horizon (20-24 mars) allume déjà l'ardeur des férus du 9e art. Un dimanche matin, quelques jours nous séparent du festival de la BD. Le local mis à disposition gracieusement par «la ligue des générations» (Rabitat al ajiel) fourmille comme une ruche. Professeurs de français, d'arts plastiques et des jeunes talentueux sont au four et au moulin et chacun y met du sien dans l'attente du grand jour. C'est que la pépinière de la bande dessinée prépare la 5e édition du printemps de la BD, un festival né pour être grand dans une «foule» de joutes imprégnée souvent de pollution visuelle avec des décibels qui perforent le tympan. Hedi Megdiche, le maître des lieux, inspecteur-formateur à l'éducation nationale, fondateur du festival et président du club de cinéma Tahar-Cheriaa, nous parle de son-nouveau né. «L'idée est née en 2012, date de la sortie du film de Steven Spielberg (Tintin et le secret de la licorne), lorsque Amine Masmoudi, ingénieur informaticien, a projeté l'œuvre en 3D, on a fait l'approche du film. Décidé à créer une structure pluridisciplinaire pour sensibiliser, vulgariser et tisser ce lien solide entre la vie sociale, la sphère culturelle et le mode professionnel, c'est la gestation qui a donné naissance à la pépinière de la BD». Les dessinateurs de demain, des talents en herbe, sont découverts dans les lycées grâce à leurs professeurs de langues et d'arts plastiques qui les coachent ensuite dans ce cocon de la BD avec comme leitmotiv : faire danser son crayon dans une valse qui n'attend qu'à être connu et reconnu. Hergé disait «j'écris pour les jeunes de 7 à 77 ans», c'est le créneau de cette pépinière du 9e art qui a séduit les chérubins autant que les adultes; n'est-ce pas monsieur Habib Dallaji. Néophyte dans le gotha des événements culturels à Sfax, le printemps de la BD commence à bousculer et faire des émules (...) dans la capitale du Sud. Grâce aux donations de la Maison de France, la pépinière arrive à sortir le grand jeu et bousculer ainsi une hiérarchie qui tend à s'inverser. Après une «première» en 2013, les organisateurs furent surpris de voir la BD et le film d'animation rassembler autant de compétences, de disciplines. Et depuis, c'est le parcours d'un battant à la recherche d'une place sur le piédestal. Pari relativement gagné, la 5e édition qui pointe à l'horizon (20-24 mars) allume déjà l'ardeur des férus du 9e art. Le programme concocté traîne, à coup sûr, les adeptes des croquis qui, bluffés par leur simplicité apparente, seront ravis d'être bercés par ce pouvoir inouï des images pour fuguer vers un autre univers et les amoureux d'Hergé, d'Hugo Pratt et du Tuniso-Belge Sabri Kasbi seront emportés par l'ivresse et la magie de la bande dessinée; le plus haut degré d'expressivité. Un plat varié avec des ingrédients délicieux (conte, théâtre, musique et défi-lecture), le festival vous convie au site archéologique de Thyna pour une visite guidée sur les traces des explorateurs. Fondouk Hadadine, lieu mythique des artisans forgerons sfaxiens, sera le théâtre d'ateliers riches en couleurs, et qui risque de s'avérer trop exigu pour contenir une foule aspirant à façonner son univers mental et son imaginaire. Mais au fond, dans les dédales de cette pépinière qui tend à gagner une place au soleil, «c'est une promesse lancée pour une reconnaissance ; qui n'a rien d'illicite ; de cette forme d'expression. Serait-il temps de libérer nos jeunes de cet esclavage de l'abstrait. C'est aussi un clin d'œil à nos didacticiens pour introduire le 9e art dans nos écoles et nos universités». C'est le rêve pieux de Hedi Megdiche et ses acolytes. En attendant, le printemps de la BD en fait une promesse...