Avec une population qui rajeunit de plus en plus, Gafsa manque cruellement de moyens de loisirs Avec l'avènement des vacances de printemps, la question d'actualité qui cherche en vain une réponse tourne autour des loisirs mis à la disposition des jeunes et moins jeunes, à l'affût d'une fugue pour se prélasser et se désengager du lourd fardeau des cahiers et bouquins. C'est comme un assoiffé en quête d'une gorgée d'eau. C'est aussi le malaise des parents censés concocter à leurs enfants un programme alléchant. Et pour cause, le manque affreux de moyens de loisirs fait que ces derniers sont acculés à dénicher l'issue de secours, ce qui n'est guère une sinécure dans une ville qui se trouve envahie par le béton a dévasté tant les espaces verts et dans laquelle les structures de loisirs sont pratiquement inexistants... Faouzi, 35 ans, père de deux écoliers s'en plaint : «C'est une corvée de les distraire pendant les vacances sans pour autant faire des acrobaties pour les protéger des dangers qui les guettent dans la rue. Je ne peux les laisser vagabonder à travers les dédales de la ville. Face à ce constat, l'on se demande si les autorités ont daigné penser à la chose ; pourquoi ne pas encourager à investir dans un parc de loisirs permanent». Manque cruel de moyens de loisirs En effet, avec une population qui rajeunit de plus en plus, Gafsa manque cruellement de moyens de loisirs. L'unique parc d'attraction est italien, mais débarque une fois par an (...) dans une tournée qui le mène à travers les gouvernorats de l'intérieur et cela ne lui impose pas la périodicité d'offrir l'opportunité d'en profiter au cours des vacances. Et si pour les chérubins de la commune de Gafsa, leur rêve pieux est de voir la ville se doter d'un parc d'attraction ; même si les terrains se comptent sur le bout des doigts, ceux de la délégation d'El Guettar sont mieux lotis puisqu'ils viennent de bénéficier d'une aire de jeux et de loisirs ; œuvre de l'association tunisienne de l'art environnemental et la société civile qui ont aménagé et équipé cet espace qui fait des heureux parmi les enfants et les jeunes. Pour Mariam 16 ans, lycéenne: «les loisirs numériques occupent aujourd'hui une grande partie de notre temps libre et pendant les vacances, ils constituent l'unique échappatoire même si cela n'est guère notre souhait. Ces loisirs numériques favorisent la culture de chambre avec tout ce que cela pourrait avoir comme influence sur l'évolution de la personnalité qui sera soumise à l'accoutumance et ce qu'elle implique. Le choix nous fait défaut à cause du manque d'espaces dédiés aux jeunes, et dans les salons de thé, c'est seulement papoter avec les copains mais avec parfois le risque du harcèlement. Bref, il n'y a pas d'associations sportives pour les filles où on pourrait pratiquer notre sport favori. Ici le football est maître des lieux». Mais, si dans la ville de Gafsa, les opportunités d'investir dans des aires de jeux se font rares à cause d'une architecture faussée par un plan d'aménagement urbain qui remonte aux années d'avant-indépendance et une «révolution» du bâtiment qui emporte tout sur son passage, il est à mentionner que dans les autres délégations (Mdhilla, el ksar), des terrains délaissés pourraient convenir à l'aménagement d'aires de loisirs surtout que les porteurs de projets se bousculent à la porte, sauf que la lenteur administrative et les obstacles sur lesquels ils butent font renoncer les plus audacieux.... Il y a aussi les piscines implantées dans les villes minières par la CPG et auxquelles il faut redonner âme avec des travaux de restauration. Dans ce sens, il est à relever que la piscine municipale de Gafsa est souvent fermée pour cause de travaux de réparation et d'entretien ( ?!) Donc, flâner dans un centre commercial, pour faire le lèche- vitrine ou consommer dans les fast-foods est devenu le circuit ordinaire des jeunes pendant les vacances à une époque où l'offre des loisirs est dominée par cette séduction dévorante de consommation. La nouvelle industrie du divertissement tend à l'emporter sur la nature des loisirs qui doivent enrichir les jeunes dans un moment de liberté comme aller voir un film. Mais au fait, les jeunes cinéphiles gafsiens sont orphelins de leur unique salle de cinéma depuis les années 90, alors que la maison de la culture est aux abonnés absents dans le domaine de la projection cinématographique, même si les rares films programmés sont loin de séduire les jeunes férus du 7e art.