Pour la plupart des Kairouanais, les journées estivales se succèdent dans la platitude totale Quelques semaines nous séparent de la rentrée scolaire 2017-2018. Il est grand temps pour ceux qui n'ont pas encore profité des vacances d'été de chercher des idées pour distraire toute la famille. Culturelles, sportives, scientifiques, dans toutes les villes tunisiennes, les propositions ne manquent pas. Il va sans dire que la première chose à faire, si on a épuisé toutes les solutions possibles, est de discuter en famille. Et surtout demander aux enfants ce qu'ils ont envie de faire. Un séjour forcé, aussi séduisant soit-il à nos yeux, n'a aucune chance d'être une réussite s'il n'y a pas concertation avec les jeunes vacanciers. A Kairouan, par exemple, où 50% de la population ont moins de 30 ans, beaucoup de familles, pour une raison ou une autre, n'ont pu aller dans les villes sahéliennes et se trouvent donc obligées de supporter les grosses chaleurs estivales, vivant la journée dans un état semi-comateux. Asma Atallah, une jeune étudiante, nous parle de ses activités ludiques pendant les vacances : «Comme j'ai beaucoup de temps pour m'adonner à mes hobbies, j'en profite pour écrire avec fougue des poèmes car l'écriture représente pour moi une activité passionnante et une échappatoire qui me permet d'extérioriser mes émotions». D'autres jeunes dont Ridha Allani et Samir Romdhani, deux lycéens, préfèrent passer les vacances à surfer sur le net et à s'adonner au bricolage : «En fait, Kairouan représente pour nous la platitude concernant les loisirs. C'est vraiment le désert culturel, surtout pour une jeunesse avide de divertissement. D'ailleurs, les parcs de loisirs sont inexistants et les espaces familiaux où les prix sont inabordables ne sont fréquentés que par les gens aisés. En outre, il n'y a aucune salle de cinéma et la seule piscine municipale manque de beaucoup de commodités. Quant aux salons de thé, ils sont pollués par la fumée des cigarettes. Pour ce qui est de la maison des jeunes, elle est presque désertée. C'est pourquoi il faudrait penser à créer une deuxième piscine municipale et des jardins publics avec des jets d'eau, pour offrir des moments de détente aux citoyens...». Mokhtar Selmi, retraité, passe la plupart de son temps au café à jouer aux cartes et à discuter avec ses amis . Il échappe à la chaleur torride en se réfugiant dans sa vieille habitation située dans la médina et dont l'architecture et la cour intérieure procurent beaucoup de fraîcheur : «Et puis, comme j'aime la lecture, je lis beaucoup de revues et de romans et je m'adonne aux nouvelles technologies, ce qui me permet d'acheter en ligne les films récents et en vogue, les nouveaux best-sellers». Leïla Fatnassi, cadre dans une banque, trouve difficile de passer l'été à Kairouan : «Comme j'ai épuisé tous mes congés annuels, je me trouve obligée de rester ici à supporter la monotonie . Il m'arrive d'aller passer quelques moments à Bir Barrouta et de flâner dans les vieux souks couverts et qui sont relativement frais, même pendant la sieste. Ensuite, je me réfugie dans un publinet climatisé et j'en profite pour me connecter au net et chater avec mes amis. Mais quand je rentre chez moi, l'ennui me saisit et je ressens la solitude. Mes joies sont rares et s'effilochent vite car même les spectacles qu'on présente à la maison de la culture dans le cadre du festival d'été n'attirent pas beaucoup de monde car ils sont éphémères et pas toujours intéressants. Quelle absurdité ces journées estivales qui se succèdent sans fin sans aller nulle part. C'est pourquoi j'attends avec impatience le retour de l'hiver».