Par Khaled TEBOURBI Pardon d'empiéter sur l'excellente rubrique «magazine» de notre collègue Neïla Gharbi, mais ce retour sur le «Show time» de Lotfi Abdelli (jeudi, «Attassia») a, croyons-nous, ses bonnes raisons. Dont l'essentielle, à nos yeux : c'est qu'il s'agit, certes, d' une émission de divertissement, mais d'un divertissement à contenu. Quel contenu ? Contenu signifie, ici, que l'on en sort, toujours (ou presque), avec «un plus», avec «du mieux». Pas forcément un supplément de savoir(propre des «culturelles», spécialisées, ciblées) mais un petit surplus, un «chouia» de connaissance utile, de clarté, de sérénité, en fin de compte, de sensibilité et de goût. Les «talks télés» ont proliféré après la révolution. En bien, aux tout débuts. Sincères, alors, enthousiastes, en quête de transparence, d'intelligence, férus d'humour, d'humilité. Nous, les anciens, étions fiers des jeunes nouveaux. Hélas, tout cela a vite fait long feu. La «culture buzz» est arrivée. A grand «renfort» de trivialités, d'inconvenances, d'incompétences, d'esprit «canaille», populacier». Et puis, comme pour parachever la «dérive», à force de frivolités, de futilités, de forfanteries, de pitreries. On ne cite personne ; on cherche à comprendre pourquoi. On nous dit d'abord que c'est pour «l'audience», pour «la concurrence», pour «le marché», «pour faire vivre la chaîne», en somme, «pour l'argent». On nous dit, d'autre part, que c'est le «public qui aime ça». Qui «en raffole». Qui «déserterait», à défaut. Oui, mais la vraie question demeure : qui décide des choses en l'occurrence ? Le public ou la télévision ? Tous les penseurs de l'audiovisuel certifient que c'est le système qui façonne les publics à son gré, et non l'inverse. Ils ajoutent, toutefois (Pierre Bourdieu), que quand on en a l'idée et la volonté, «il est possible de faire une bonne télévision».Une télévision qui peut divertir, qui peut gagner des audiences, des marchés, et qui produirait, dans le même temps, du contenu. Ce que réussit le «Show time» de Lotfi Abdelli, à notre avis. Plus ou moins, soit :la pub est souvent «abusive», et les invités sont généralement des amis. Mais on y parle d'Arts et de carrières artistiques, d'anciennes et nouvelles générations, d'anciennes et de nouvelles créations. Sans faveurs, sans chichis presque exclusivement. Les «badinages» existent, bien sûr, il faut bien amener de la détente dans un «talk show». La logorrhée est bannie, néanmoins. Et tous les «n'importe quoi». Un équilibre s'établit (s'apprécie), au final, entre «échange» et «divertissement». La comparaison qu'on a pu faire avec la très excitée «Labbès» ne nous semble pas opportune. Loin s'en faut. On terminera par un bel épisode, celui du jeudi 15 mars. Un peu le modèle du «tout». On y a écouté les «Gypsyking», de la belle musique tzigane, ponctuée de danse et beaucoup d'entrain. Puis, reçu, l'acteur Mohamed Ali Ben Jomaâ, qui a parlé, entre autres, de son centre culturel de la vieille Médina «El makhzen», et présenté ses jeunes collaborateurs. Simplement brillants ! Et rencontré, pour finir, la très séduisante Farah Ben Rjeb, ex-animatrice vedette de «Canal 21» et de «La Nationale», émigrée avec succès au Liban. Intéressant débat autour du métier, de l'éthique du métier. Evocation, émue, de figures du passé. On insiste là : une qualité, la qualité, du «show time», pratiquement boudée ailleurs : le respect des anciens. Bref, ce n'est ni «Vivement dimanche», ni «le grand échiquier», mais du boulot, de la préparation, et un effort de consistance. Dans la simplicité et la bonne humeur. On l'a dit : c'est possible, une bonne télé.