Si l'attitude des clubs ressemble à une fuite en avant, il n' y a malheureusement aucun garde-fou contre la recrudescence des affaires qui peuvent coûter jusqu'au retrait de points, ou la rétrogradation tout court. L'attitude est d'une totale irresponsabilité et d'une indifférence révoltante à l'endroit de l'avenir et la pérennité du club. Vivant au jour le jour, le bureau directeur en place ne voit que le bout de son nez, gère comme il peut en insultant l'avenir. «Après moi, le déluge!», se dit-il, royalement indifférent à ce qui peut arriver par la suite. Il peut ainsi rester des mois et des mois à ne pas payer un joueur étranger au motif que les caisses ne le lui permettent plus. Il peut limoger à sa guise un entraîneur étranger sans conclure un accord viable de séparation à l'amiable, se désintéressant éperdument des conséquences. Car ces joueurs et ces entraîneurs vont par la suite inévitablement saisir la fédération internationale (Fifa). La plainte devant la chambre de résolution des litiges prendra le temps qu'il faut avant de prononcer son verdict qui rend régulièrement justice aux plaignants dont le dossier est solide. On n'est pas dans la jungle. Les documents suffisent pour condamner les clubs mauvais payeurs à de lourdes sanctions financières qui peuvent aller jusqu'au retrait de six points du total en championnat au cas où le versement du montant de dédommagement décidé par la Fifa n'est pas effectué dans les délais prescrits. Le Club Athlétique Bizertin a perdu six points en Ligue 1 suite à la plainte déposée par son ancien attaquant nigerian, Abubakar Aliyu et au non-paiement dans les délais d'un montant de 550 mille dinars. La même mésaventure était déjà arrivée en début de saison à l'Olympique de Béja qui a commencé son parcours en Ligue 2 par un retrait de six points qui aurait pu lui coûter la relégation sans la décision de l'Assemblée générale des clubs professionnels, tenue samedi dernier à Gammarth, de mettre en place un mini-championnat pour le maintien ou l'accession en L2 avec la participation de six clubs. En effet, le club des Cigognes n'a pas réglé la prime de formation d'un montant de 119 mille dinars à son ancien joueur Skander Tlili, une prime qui remonte à 2012. Dernièrement, El Gaouafel Sport de Gafsa s'est retrouvé dans une situation identique suite à une plainte de son ancien attaquant burkinabe Wilfried Dah pour non-paiement d'un montant de 280 mille dinars. Le contrat de Dah, signé en 2014-2015, a été résilié, mais de façon unilatérale après une blessure. A présent, le club du Sud-ouest s'attelle à s'acquitter de cette somme. Il l'a sans doute échappé belle ! Une crédibilité détériorée Chaque bureau lègue à celui qui arrive après le soin de régler ce casse-tête chinois. Un héritage très lourd non seulement d'ordre financier, mais, plus grave encore d'ordre sportif puisqu'il coûte des points précieux au classement. Les dirigeants se sentent impuissants lorsqu'ils découvrent ce genre de dossiers hérités d'une gestion précédente. Et ils vont sans doute faire pareil vis-à-vis de ceux qui vont leur succéder. Un code d'honneur reste insuffisant car le ver est dans le fruit. Les dirigeants avouent leur impuissance à faire face aux difficultés financières insolubles auxquelles ils sont confrontés en raison du tarissement des sources de revenus. De plus, ils résilient les contrats des joueurs, et surtout des entraîneurs étrangers, avec une facilité déconcertante. Tout leur semble facile du moment que le soin de s'acquitter des lourdes conséquences financières d'une telle séparation, ils le laissent en toute impunité au bureau qui viendra par la suite. Et c'est en cela que la fuite en avant, à laquelle ils sacrifient, donne la pire image qui soit de notre football auprès de la Fifa, et surtout auprès des joueurs et techniciens étrangers. La multiplication des litiges examinés par l'instance faîtière du football international et impliquant des clubs tunisiens va amener joueurs et entraîneurs étrangers à y réfléchir à deux fois avant de venir exercer dans notre pays. La crédibilité de nos clubs et leur solvabilité s'en trouvent écornées.