Un accord de partenariat entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et le Pcpa afin de consolider la participation des jeunes à la vie communautaire. L'un des enjeux majeurs de la Tunisie postrévolution est la réduction des inégalités après la transition démocratique de 2011. La nouvelle Constitution et les élections libres et démocratiques augurent une nouvelle ère où les jeunes sont appelés à prendre la relève. Mais que de défis à relever et de disparités à éliminer ? L'enjeu sociétal étant partagé sur les deux rives de la Méditerranée, les composantes de la société civile tunisienne et française, ne pouvaient qu'œuvrer ensemble, dans le cadre du programme concerté pluriacteurs qui réunit à ce jour 47 entités : associations, syndicats, coopératives, collectivités territoriales et pouvoirs publics issus des deux rives de la Méditerranée. Dans ce contexte général, le Programme concerté pluriacteurs (Soyons actifs/Actives) a tenu les 6 et 7 avril 2018 son Assemblée plénière aux Berges du Lac à Tunis en présence de nombreuses organisations de la société civile tunisienne et française membres du programme, ainsi que les représentants des principaux partenaires. Réinventer une société qui bouge Le Programme concerté pluriacteurs « Soyons Actifs/Actives» est un programme de renforcement des capacités des organisations de la société civile tunisienne et française qui vise la réduction des inégalités d'accès aux droits. Il réunit plus de quatre-vingts acteurs de changements (associations, syndicats, coopératives, collectivités territoriales, pouvoirs publics) issus des deux rives de la Méditerranée. Actuellement, il intervient dans vingt gouvernorats tunisiens sur trois thématiques clefs pour la réduction des inégalités: l'éducation, l'insertion socioprofessionnelle et la démocratie participative. Plus de 40 projets dans plusieurs régions de Tunisie et de France sont appuyés techniquement et financièrement par le Pcpa, dont le projet « pas à pas » qui consiste à renforcer les compétences de 40 femmes rurales issues de la zone de « Hassi Elfrid à Kasserine. L'objectif général de ce projet est de promouvoir l'insertion des habitantes des zones rurales dans les régions de Kasserine et Sidi Bouzid en mettant en place une structure d'économie sociale et solidaire. Comment réinventer une société qui est en perpétuel mouvement et qui s'est transformée radicalement depuis 2011 ? C'est la question que s'est posé l'Ambassadeur de France, Olivier Poivre d'Arvor à cette occasion. Cette mutation continuera pour des décennies car la démocratie n'est pas quelque chose qu'on adopte, c'est tout un processus qui prend beaucoup de temps pour se mettre en place, affirme-t-il. «Pour nous Français, travailler avec vous est une chance parce que nous apprenons de cette société qui s'invente tous les jours grâce à ce programme pluriacteurs et parce que le cas tunisien est unique au monde après la chute du mur de Berlin depuis 30 ans», souligne-t-il. C'est une société qui a fait ses choix très librement et avec une force incroyable qui permet de réussir. ‘‘Jeune et je décide'' Le Pcpa offre, dans le cadre de ces trois thématiques principales, une multitude de projets ciblant les jeunes dont le projet de recherche « Jeune et je décide » qui cherche à faciliter l'implication et l'inclusion des jeunes dans la gouvernance locale à travers la sensibilisation des citoyens sur leurs droits et devoirs civiques participatifs en la matière et leur implication dans un processus de réflexion participative sur un nouveau modèle de développement de leur ville . Abdelkoddous Saâdaoui, Secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports chargé de la jeunesse, a appelé à installer une relation de confiance et redonner espoir à la jeunesse tunisienne. Faire participer les jeunes dans la vie publique n'est pas un choix mais un devoir et les jeunes qui ont fait la révolution sont appelés à voter aujourd'hui. « Ils sont nés dans un pays à la parole libre et le ministère est appelé à adopter une politique inclusive à leur égard », conclut-il. De son côté Majdoline Cherni, ministre de la Jeunesse et des Sports insiste sur la nécessité de s'approcher encore plus des jeunes et de miser sur eux. «On a mis au point des programmes d'activité adaptés aux jeunes pour couper court avec d'anciens programmes qui étaient en déphasage avec la mentalité de la jeunesse d'aujourd'hui, a-t-elle souligné. On est appelé, avec l'appui de la société civile, à concrétiser les rêves de nos jeunes pour qu'ils puissent assurer demain la relève et accéder aux postes de pouvoir». Un accord de partenariat entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et le Pcpa a été signé à cette occasion, ce qui contribuera à consolider la participation des jeunes à la vie communautaire en tant qu'acteurs du changement. «Il ne faut pas oublier que la tranche d'âge entre 15 et 35 ans représente un taux de 30% de la population tunisienne et que ce taux va doubler en 2030. Ces jeunes doivent être préparés à assurer la relève et c'est notre devoir de le faire, a fait remarquer Majdoline Cherni. L'économie sociale et solidaire Nadia Hammami, Secrétaire générale adjoint au sein de l'Ugtt, a valorisé ce partenariat qui constitue un espace de rencontre entre la société civile et les organisations tunisiennes et françaises ainsi que des parties gouvernementales. L'économie sociale et solidaire est l'une des solutions envisageables pour réduire les inégalités sociales, c'est pourquoi l'Ugtt œuvre aujourd'hui en vue de faire passer un projet de loi relative à cette question, explique-t-elle. Une réelle menace plane aujourd'hui sur la démocratie et la stabilité sociale, d'où l'extrême importance de ce Programme concerté pluriacteurs, fait-elle savoir. Il est à rappeler que le pôle de l'insertion socioprofessionnelle et économie solidaire (ISP/ESS) vise, dans le cadre du Pcpa, à accompagner la mise en place d'un cadre juridique qui pourra soutenir le développement de ce secteur et garantir un fonctionnement flexible de ses parties prenantes. Participer, changer demain Les sondages inquiétants qui prévoient un grand taux d'abstention lors des prochaines élections municipales étaient sur toutes les lèvres des intervenants. Une campagne de sensibilisation des jeunes et des femmes rurales sur l'importance de la participation aux prochaines élections municipales a été lancée à l'occasion de la tenue de cette assemblée. La société civile doit être vigilante quant à l'importance de la réussite des prochaines élections municipales, et l'implication des jeunes dans la démocratie locale et participative après ces élections. Une « Charte pour une municipalité citoyenne et solidaire » a été élaborée à cette occasion définissant le cadre des relations de confiance et de respect entre les citoyens, les associations et organisations de la société civile et le conseil municipal élu. Cette charte définit le cadre des relations de confiance et de respect entre les citoyens, les associations et organisations de la société civile et le conseil municipal élu.