Du 18 octobre au 15 novembre, le poète égyptien Ahmed Chahawi embrasse la poésie des lignes et des couleurs et organise sa première exposition personnelle " The stage of secrets " (L'étape des secrets), inaugurée par l'écrivaine Lotus Abdel Karim à l'espace Ibdaa au Zamalek. Soixante-dix œuvres, peintes en 2010, dévoilent autrement que par les mots les secrets du regard artistique d'Ahmed Chahawi. Il y utilise principalement l'aquarelle et l'acrylique. Un grand nombre d'artistes et de critiques ont été présents au vernissage et se sont exprimés à propos de cette migration chez le poète de la parole à l'image. Abdelwahab Abdelmohsen, plasticien égyptien, considère que " parfois, son moyen d'expression habituel ne suffit plus à l'artiste pour extérioriser ce qu'il ressent dans toute sa profondeur. Dans ce cas, il se dirige vers d'autres formes artistiques, où il retrouve une meilleure traduction à ses idées et sentiments. C'est ce qui arrive à Ahmed Chahawi. Il a besoin d'une diversité qui soit en même temps marquée par la cohérence". Il ajoute que " cette exposition est imprégnée par une inspiration soufie. Cela se voit dans son souci du détail et son rapport aux couleurs et aux formes. Il les laisse épouser le papier avec plaisir et spontanéité ". Le peintre Ahmed Abdelkarim trouve lui aussi que " la poésie et le soufisme sont très présents dans les œuvres d'Ahmad Chahawi. La poésie des mots, celle des lignes et celle des couleurs fusionnent... Le noir et le blanc sont le point commun entre ces derniers et les poèmes de l'artiste ". Ce mélange confère, selon lui, une grande richesse à l'univers artistique d'Ahmed Chahawi qui trouve son avantage dans le fait de ne pas être influencé par la formation académique. " Dans ses peintures, continue Ahmed Abdelkarim, les formes comme le cercle, le triangle et les lettres arabes sont symboliques. Elles mettent en évidence la maîtrise de la coloration ". Cette exposition n'a pas laissé l'artiste peintre Fadwa Ramadhan indifférente. " C'est la deuxième fois, dit-elle, qu'Ahmed Chahawi nous invite à explorer son univers poétique par la peinture. Entre la précédente exposition collective à laquelle il a pris part et cette dernière exposition, on ne peut que s'étonner de la grande évolution dans la compréhension et la maîtrise des techniques qu'il s'approprie pour donner une identité singulière aux formes et aux couleurs. Des œuvres tantôt abstraites tantôt expressionnistes dévoilent des secrets qu'Ahmed Chahawi ne veut exprimer par les mots. La surface de la toile devient dès lors un champ où il sème ses sentiments et les détails de sa vie. Les parties non peintes de la toile sont tout aussi importantes que celles colorées. Elles jouent un rôle dans la composition et nous donnent l'impression de lire ce que l'on voit, comme un nouveau poème aux différentes lectures ". Le directeur de la galerie Ibdaa, Nabil Abul Hassan, affirme enfin qu' " une belle coïncidence accompagne l'exposition d'Ahmed Chahawi, puisque cet espace célèbre les dix ans de son existence". Et d'ajouter : " L'art est au centre de la vie de l'Homme. C'est le lien entre l'artiste et le récepteur de son œuvre, qu'il soit initié ou amateur. Les galeries ont donc un rôle culturel, éducatif important. Elles doivent œuvrer pour la promotion des artistes et leur rapprochement avec le public en premier lieu et l'acheteur en second lieu".