NAGOYA, Japon (Reuters) — L'ONU devrait imposer un moratoire sur les projets de géo-ingénierie comme les "volcans artificiels" et les programmes d'ensemencement de nuages, visant à lutter contre le réchauffement climatique, de crainte qu'ils n'aient des retombées néfastes sur la nature et le genre humain, estiment des ONG écologistes. Les risques sont trop élevés car l'impact d'une manipulation de la nature à grande échelle n'est pas pleinement connu, ont déclaré hier des organisations présentes à Nagoya, dans le cadre de la conférence internationale des Nations unies sur la biodiversité. Des représentants de près de 200 pays sont réunis dans cette ville du Japon pour se mettre d'accord sur des objectifs de lutte contre la déforestation, la pollution des rivières et la disparition des barrières de corail. Les changements climatiques sont l'une des causes majeures de la dégradation rapide de la nature, déclare l'Onu, pour laquelle il incombe aux Etats de prendre rapidement des mesures pour freiner ces changements afin d'empêcher des sécheresses ou des inondations catastrophiques. Certains pays considèrent que les projets de géo-ingénierie, qui coûteraient des milliards de dollars, seraient un bon moyen de contrôler les changements climatiques, par exemple en bloquant une partie du rayonnement solaire ou en recourant à des "puits de carbone" pour emprisonner les émissions de gaz à effet de serre. "Il serait absolument mal venu qu'une poignée de gouvernements de pays industrialisés prennent la décision de se lancer dans la géo-ingénierie sans le feu vert du reste de la planète", a déclaré à Reuters Pat Mooney, de l'organisation ETC, basée au Canada, "Ils ne doivent pas se lancer dans des expérimentations véritables, sur l'environnement, ou dans des projets de géo-ingénierie s'il n'y a pas consensus en ce sens aux Nations unies", a-t-il ajouté, en marge de la conférence de Nagoya, qui s'est ouverte le 18 octobre et prendra fin dans une semaine. Selon certaines ONG écologistes, la géo-ingénierie serait une manière, pour certains Etats ou certaines grandes entreprises, d'éviter de prendre des mesures censées réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Parmi les méthodes de manipulation du climat regroupées sous le label de "géo-ingénierie" figurent la diffusion de particules de soufre dans la stratosphère pour freiner le rayonnement solaire (méthode dite des "volcans artificiels"), le déploiement de milliards de minuscules écrans dans l'espace, également pour réduire le rayonnement solaire, ou encore la fertilisation des océans et l'ensemencement des nuages, ainsi que les "puits de carbone".