Hier, les universitaires ont observé une journée de grève dans l'ensemble des établissements universitaires et de recherche qui ont été quasi paralysés, suivant les affirmations du secrétaire général de la FGESRS, Hussein Boujarra. Cette grève, qui était donc bien suivie, selon ses dires, était décrétée par le conseil sectoriel tenu le 15 novembre dernier pour protester contre ce que la Fédération générale appelle « la politique d'atermoiement et de rétraction empruntée par l'autorité de tutelle, concernant les accords signés et les promesses faites. Le syndicat reproche aussi à celle-ci « de ne pas l'inviter à une réunion de réconciliation, à l'instar de son homologue de l'enseignement secondaire ». «Déjà sous le gouvernement de la Troïka» La relation entre la FGESRS et le MESRS sous les gouvernements de la Troïka était très tendue, mais avec l'avènement de celui des technocrates, la situation ne s'est pas améliorée, elle reste, toujours, tendue. Le syndicat est catégorique là-dessus : aucun accord signé n'a été appliqué. Cette manière de procéder de la part du ministère, s'inscrit, selon lui, dans la continuité de la politique de procrastination menée à son encontre par son prédécesseur. « En réalité, il s'agit là d'une politique générale arrêtée par le gouvernement et qui sera lourde de conséquences, affirme Hussein Boujarra. La réunion de négociation promise sur laquelle les parties ministérielle et syndicale se sont mises d'accord, conformément au PV signé le 14 octobre en cours, et dont la tenue était prévue pour la fin du mois écoulé a eu lieu avec une semaine de retard, c'est-à-dire le 7 novembre. Le pire, c'est qu'elle s'est déroulée sans la présence du représentant de la haute commission de la fonction publique, ni de celui du ministère de l'économie et des finances et au siège du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique au lieu du palais gouvernemental à la Kasbah comme convenu et conformément audit PV. La raison de toutes ces rétractions c'est le refus du gouvernement. La FGESRS trouve « étrange l'attitude de ce dernier qui refuse ce qu'a décidé son ministre et qui boycotte les négociations, bien qu'il ait insisté, par écrit, sur la nécessité de la présence de son représentant et de celui du ministère de l'économie et des finances dans toute négociation ayant des incidences financières. La Fédération générale trouve, également, curieux le comportement de l'autorité de tutelle qui se transforme ainsi, selon elle, en un simple facteur, compte tenu du fait qu'elle s'obstine à considérer que le refus émane du gouvernement, tandis qu'elle, en tant que ministère, accepte d'appliquer tous les points signés dans les accords précédents ». Il est à rappeler que ces points sont les suivants : la prime de la rentrée universitaire, la prime de motivation en faveur des enseignants exerçant dans les régions de l'intérieur isolées, l'octroi d'un congé payé aux technologues et agrégés, doter les universités de l'intérieur et les instituts supérieurs de technologie de structures de recherches, la rémunération et l'unification de rémunération des différents travaux d'encadrement pour les PFE, les PFA et le master professionnel, avec la nécessité de revoir la question concernant le master de recherches et la thèse de recherches, le paiement du solde restant dû aux universitaires occupant des fonctions administratives, pédagogiques ou de recherches. D'autre part, la FGESRS exprime « son étonnement face au reniement par le ministère de ses engagements fermes, se rapportant à la revalorisation des lois organisant les recrutements et les promotions, et ce, en redéposant les thèses obtenues dans des universités étrangères devant les commissions d'équivalence ainsi que l'ensemble des dossiers de recrutement, survenus dans le cadre de l'amnistie législative générale, devant des commissions de recrutement élues ». Prélude de crise entre l'UGTT et le gouvernement ? Face à ces volte-face que le ministère, une fois, les assume, et une autre fois, les impute au gouvernement, la Fédération générale affirme que ses vis-à-vis dans les négociations sont, à la fois, ce dernier et l'autorité de tutelle, que la crédibilité de ces négociations et la bonne foi de celle-ci requièrent l'activation de tous les points sur lesquels les deux parties se sont mises d'accord et que, par conséquent, il n'y a pas lieu à continuer d'user des méthodes d'atermoiement et du double discours. Et pour la mettre devant ses responsabilités, la FGESRS lui fait savoir que la concrétisation des contenus de tous les accords signés relève, dorénavant, des attributions de l'UGTT et du bureau exécutif national, et de celles du pouvoir décisionnel syndical du secteur, à savoir le conseil sectoriel qui a, donc, répliqué au désengagement du MESRS, cautionné par le gouvernement. Tout en lui imputant l'entière responsabilité relativement au fait que les négociations soient dépourvues de toute crédibilité et que, partant, le ministère perde son crédit auprès de lui, le syndicat a appelé celui-ci à mettre un terme définitif à l'exacerbation de la crise le plus tôt possible avant qu'il ne se trouve obligé à recourir au procédé de la grève qu'il a tout fait pour éviter, étant persuadé de la primauté des négociations sérieuses et de la nécessité de prendre en considération les échéances électorales que connaît le pays dans le cadre de la transition démocratique. Lorsqu'on voit les remous dans plusieurs secteurs professionnels, notamment celui de l'enseignement secondaire qui vient d'observer deux jours de grève, ne devrait-on pas en conclure que cette crise s'insère dans un cadre plus large ? Ne dépasse-t-elle pas celui de l'université pour s'inscrire dans un processus national mettant aux prises l'UGTT et le gouvernement ? C'est ce qui ressort de l'appel lancé et de l'ultimatum du 30 novembre fixé par son secrétaire général, Hussein Abassi, concernant le respect des accords conclus avec les partenaires sociaux. Pour lui, il n'est pas question de reporter les négociations à 2015, car ce serait renvoyer la crise au prochain gouvernement. Ce blocage ne constitue-t-il pas un prélude de crise entre les deux parties?