Par Jalel Mestiri Les clubs tunisiens sont malades. Ils sont de plus en plus exposés aux turbulences. Les diagnostics des dernières années sont déroutants. La majorité connaît des pertes cumulées. Leurs revenus restent liés à des choses extérieures au sport et bien au-delà de ce qui est souvent souhaité. A moins de posséder une boule de cristal, ils restent dans l'incertitude, alors que leurs charges fixes sont bien réelles et atteignent des sommets. Pourtant, l'inflation des indemnités des joueurs plombe de plus en plus les comptes et les bilans. En dépit du passage au professionnalisme qui a commencé en 1994, les clubs tunisiens n'ont pas jusqu'à aujourd'hui changé leur statut juridique. Ils sont encore, et toujours, gérés par le biais de subventions, à défaut de statut d'association. Et sous forme de prise de participation directe, à défaut de forme juridique. La vision paternaliste n'a pas disparu. L'idée de faire bénéficier les clubs d'actionnariat public et privé se fait de plus en plus pressante. Notamment une loi qui devrait permettre aux clubs professionnels de pouvoir mieux gérer l'apparition et le développement d'enjeux financiers, de favoriser une meilleure place à l'économique et de se rapprocher du modèle d'entreprise, avec toutefois les spécificités sportives que cela exige. Depuis 2011, le désir d'acquérir une notoriété a fait que de nouveaux acteurs financiers soient présents dans des postes de responsabilités dans les clubs tunisiens. La plupart d'entre eux ont fortement investi dans le football, mais avec une vision hautaine, au point même d'agir sur la stratégie sportive. Slim Riahi au CA en est l'exemple le plus significatif. L'apport de ces nouveaux responsables est synonyme d'apport en capitaux, mais aussi d'une grande instabilité, à l'image des clubs endettés en dépit de bons résultats. Certains acteurs, poursuivant un objectif de notoriété ou d'amélioration de leur image de marque lorsqu'ils sont l'objet de scandales, ont mis en difficulté des clubs qui n'étaient pas endettés auparavant. L'arrivée de ces hommes d'affaires, et de fonds presque illimités, essentiellement sur le marché des transferts, a eu pour effet une forte augmentation des prix et des salaires des joueurs. Il y a cependant des dirigeants sportifs qui n'ont pas cédé à cette folie dépensière. Certains clubs dépensent en une saison plus que le budget annuel de plusieurs clubs réunis pour la même période. Les revenus des clubs, notamment de Ligue 1, proviennent des subventions, du sponsoring, des droits de télévision, des transferts des joueurs pour certains, et bien que ce ne soit plus le cas aujourd'hui, de la billetterie. Pour cette raison, et pour tant d'autres, le passage des clubs au statut d'association, l'intégration du football professionnel dans l'économie du marché et la ressemblance de plus en plus forte aux entreprises induisent la nécessité de procéder à une étude des éventuelles évolutions et transformations des lois sportives qui gèrent actuellement le football tunisien. Devant le dépassement du seuil financier traditionnel, qui n'est pas du reste défini par la loi, nous osons dire que les clubs sont aujourd'hui dans l'obligation de créer des sociétés anonymes sportives professionnelles(SASP), un modèle qui a fait ses preuves en Europe et en Amérique du Sud depuis de longues années, tout en conservant la vocation de clubs à statut renforcé. La modification du code du sport et les nouvelles tendances de management permettront plus de flexibilités aux clubs pour prendre la forme de sociétés anonymes. L'objectif recherché est l'adaptation à une économie de marché susceptible d'attirer les investisseurs, la maximalisation du profit, l'investissement extérieur et même la cotation en Bourse.