Ce fut le week-end dernier à la Cité de la culture avec la première de «Bnet wasla» de Hala Fattoumi, une démonstration du work in progress «Ainsi dansait le berger» de Karim Touwayma et «Les quatre saisons ou Le mariage du loup» d'Emilio Calcagno. C'est devant une salle archicomble que le Pôle ballets et arts chorégraphiques de la Cité de la culture a ouvert, dimanche 29 avril, son programme inaugural au Théâtre des régions. La cérémonie d'ouverture s'est déroulée en présence de M. Mohamed Zinelabidine, ministre des Affaires culturelles, et de plusieurs personnalités dont un grand nombre de chorégraphes et de figures emblématiques des arts et des lettres. Au cours de cette cérémonie, Mme Nesrine Chaâbouni, directrice du Pôle ballets et arts chorégraphies, a présenté cette nouvelle institution culturelle, la première de ce genre en Tunisie et qui comprend notamment le Centre chorégraphique dirigé par Syhem Belkhodja et Nejib Khalfallah, le Ballet de l'Opéra de Tunis, le Nouveau Ballet de Tunis, dirigé par Karim Touwayma et la Troupe nationale des arts populaires. Après avoir souhaité la bienvenue au public, Nesrine Chaâbouni a cédé la place au corps dans toute son exubérance pour interpréter le Ballet «Bnet wasla» de Hela Fattoumi avec une collaboration entre le Ballet de l'Opéra de Tunis et le CCN de Belfort. «Bnet wasla» est la réplique 20 ans plus tard de «Wasla», un projet lancé en 1998 par Hela Fattoumi. La reprise de ce ballet est nourrie du désir de Héla Fattoumi de transmettre l'ensemble des idées qui lui ont permis de réaliser cette œuvre surtout que la danse est un art éphémère qui ne se déploie qu'au présent. Et c'est parce que la danse est un art éphémère que l'idée d'une transmission du savoir de la chorégraphe et des idées qui ont soutenu sa création a germé dans son esprit pour aboutir à ce partenariat avec le Pôle ballets et arts chorégraphiques avec de jeunes danseuses tunisiennes. «Bnet wasla» a vu le jour pour pérenniser ce ballet et continuer le combat des femmes à l'émancipation, «Wasla» étant une révérence à la femme dans sa lutte pour la liberté. La deuxième partie de cette journée inaugurale s'est déroulée à la salle des jeunes créateurs de la cité où le public a assisté à un work in progress du spectacle «Ainsi dansait le berger» du Nouveau ballet de danse tunisienne dirigé par le chorégraphe Karim Touwayma, une œuvre qui aspire à la réalisation d'une anthologie de la danse tunisienne représentative de toutes les régions du pays. La troisième partie a été consacrée au ballet «Les quatre saisons ou le mariage du loup» du chorégraphe Emilio Calcagno pour le Ballet de l'Opéra de Tunis, accompagné d'un Orchestre de chambre sous la direction de Mohamed Bouslama pour lequel la fosse du Théâtre des régions a été ouverte pour la première fois. «Les quatre saisons » d'Emilo Calcagno fut une belle démonstration de l'art du ballet dans toute sa magnificence avec une belle harmonie entre la musique, les costumes, la danse et les innombrables métaphores sur la vie, ici décrite comme un cercle infini où la vie engendre la vie dans un éternel retour. Un clin d'œil subtil à l'univers soufi où chaque instant est une révérence à la vie. Un programme de grande qualité que le public a su apprécier à sa juste valeur à travers des ovations très nourries. «Inertita» de Luigia Riva et Daniele Drossi et «Sens 1» Cie Pepeau/Perdro Pawels Au cours de la deuxième journée inaugurale, le Pôle ballets et arts chorégraphiques a proposé au public un florilège de couleurs chatoyantes et de mouvements rythmés au gré de chorégraphes illustres, venus de très loin partager l'art et la passion de la danse avec les amoureux de cet art dont le corps est à la fois texte et texture. Cette deuxième journée a été ouverte par le ballet «Sens 1», une chorégraphie de Perdro Pawels (France), suivie du ballet «Inertita» de Luigia Riva et Daniele Drossi (Italie). Inertita est une évocation de la lutte de la femme contre les archétypes d'une société machiste. Dans ces deux ballets, c'est le corps qui parle pour dire ce que les mots ne parviennent pas à exprimer. Deux ballets d'une extrême beauté interprétés avec beaucoup de rigueur et un sens de l'esthétique très élaboré. La deuxième séance de ce programme a été consacrée à la projection du work in progress du documentaire «Portraits de chorégraphes tunisiens» de Marouan Meddeb en présence d'un grand nombre de chorégraphes dont Karim Touwayma, Nejib Khalfallah... Marouan Meddeb a fait savoir que l'objectif visé à travers la production de ce film par le Centre chorégraphique tunisien est de valoriser le patrimoine national chorégraphique à travers plusieurs témoignages vivants, à l'instar de Malek Sebii, Moncef Sayem, Sondes Belhassen, Hafedh Zellit et tant d'autres encore.