Pourtant, tout portait à croire que l'Espérance Sportive de Tunis était devant une aubaine avant-hier au stade Borj Al-Arab à Alexandrie face à Al Ahly dans le cadre de la première journée de la phase des poules valable pour la Champions League. Mais en réalité, ce n'était qu'une illusion. Après ses deux derniers revers essuyés en championnat contre Ezzamalek (1-2) et en coupe d'Egypte au grand bonheur de la modeste équipe d'Assiout, Al-Ahly était dans de bien beaux draps quelques jours avant son rendez-vous crucial avec notre représentant «sang et or». Pis encore, à ce problème de résultats «inquiétant», Al-Ahly souffrait de surcroît d'un problème non moins grave, celui des nombreuses absences enregistrées dans ses rangs. Ce qui supposait que son duel avec l'Espérance allait être très risqué. En effet, Al Ahly était amputé des services de son défenseur de marque Ali Maâloul, de son stratège Abdallah Saïd et de ses deux fers de lance offensifs, le Marocain Walid Azaro et le Nigérian Ajayi. Que veut-on de plus du côté de l'Espérance pour affronter le colosse égyptien en toute quiétude, voire en toute confiance pour lui damer le pion chez lui. Seulement rien de tout cela n'en fut à notre grand étonnement car l'EST n'était que l'ombre d'elle-même avant-hier. D'aucuns diront même qu'elle doit s'estimer heureuse d'être rentrée à Tunis avec ce score de parité (0-0) qui ne reflète guère la physionomie du match, notamment la deuxième mi-temps dominée de bout en bout par les Egyptiens. De l'errance de l'EST au métier d'Al Ahly En somme, le match n'était pas très beau à voir en ne tenant pas ses promesses particulièrement en première mi-temps dans laquelle les deux protagonistes s'étaient redoutés outre mesure en cherchant essentiellement à éviter d'encaisser des buts. Les occasions étaient inexistantes à part les deux tentatives sans succès du jeune Sud-Africain d'Al Ahly Paca (5') et de Taha Yassine Khénissi (39'). Les opérations étant concentrées au milieu du terrain le plus clair du temps. Le jeu était entrecoupé par des interventions quelque peu brutales et fréquentes des deux côtés. La créativité et le jeu offensif articulé faisaient criardement défaut. On pouvait accepter cela de la part d'Al-Ahly dont les difficultés étaient grandes, mais du côté espérantiste, on s'attendait à beaucoup mieux surtout que Khaled Ben Yahia a donné l'impression qu'il visait la victoire en alignant d'emblée trois attaquants francs: Badri, Jouini et Khénissi. Mais les trois compartiments de l'EST étaient trop éloignés pour permettre une construction de jeu optimale. Toutes les actions étaient stéréotypées avec des passes en profondeur en direction de Khénissi qui était toujours esseulé en plus du fait qu'il était en petite forme. A l'exception de Franck Kom qui était toujours égal à lui-même en réussissant un vrai travail de sape titanesque, tous les autres joueurs espérantistes erraient sans leur cohésion habituelle. En revanche, les Ahlaouis, qui ont rapidement constaté les limites de l'adversaire tunisien, ont gratifié leurs supporters d'une bonne deuxième mi-temps qui les a certainement réconciliés avec eux. Leurs incursions dans la défense espérantiste étaient à répétition, mais l'efficacité au finish leur faisait criardement défaut en raison, particulièrement, de l'inexpérience de Paca qui a raté au moins deux occasions de but. Des recrutements s'imposent Franchement, ce n'est pas avec ce genre de rendement que l'EST peut imposer sa loi sur les grands d'Afrique lors des tours avancés. Il est vrai que le nul obtenu en Egypte est toujours bon à prendre, mais c'est la manière qui n'est pas de bon augure. Sans dramatiser, l'EST de Ben Yahia a du pain sur la planche sur plus d'un chapitre. Elle a également besoin d'être renforcée. Elle a manifestement besoin d'un régisseur de métier capable de reconvertir l'excellent travail de récupération garanti par la paire Kom-Coulibaly en opérations offensives payantes. C'est la première opération de renfort à prévoir au cours de l'été car rien n'urge pour le moment, surtout que l'Espérance saura certainement se qualifier aux tours suivants sans pépins. De son côté, Al Ahly a certes concédé un score de parité chez lui, mais il a convaincu tout le monde de son métier et des potentialités énormes qui seront plus accentuées une fois ses illustres absents de retour à la compétition. C'est surtout cela qu'il ne faut jamais perdre de vue.