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Fadhel Moussa : «Les partis peuvent s'améliorer au contact des indépendants »
Entretien avec...
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 05 - 2018


Propos recueillis par Olfa BELHASSINE
Fadhel Moussa est ces jours-ci une personnalité très recherchée par les médias tunisiens et internationaux. Le score de la liste indépendante qu'il préside, « Al Afdhal», explique l'intérêt subit pour ce professeur émérite d'enseignement supérieur et chercheur des universités, avocat, consultant international, ancien doyen de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis et constitutionnaliste. Mais on oublie souvent que derrière l'image d'éminent juriste, se cache un fin connaisseur de la politique et de ses rouages, qui n'a pas arrêté de s'y frotter depuis les élections du 23 octobre 2011, en passant par les législatives de 2014, jusqu'au dernier scrutin du 6 mai. Rencontre dans le QG de campagne d'Al Afdhal dans un minuscule local quelque part à El Menzah 8.
Juriste, constitutionnaliste et ancien Doyen de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, qu'est-ce qui vous a poussé à vous présenter aux municipales ?
J'ai été élu à l'ANC, j'ai participé à la rédaction des lois constituantes, puis tenté les élections législatives de 2014 et nous voilà arrivés au chapitre 7 de la Constitution et notamment à l'étape des élections locales dans un climat démocratique. Je souhaitais continuer de vivre le processus électoral ainsi que l'application de la Constitution dans sa totalité. D'autre part, l‘impression d'épuisement du paysage politique domine aujourd'hui la transition démocratique. Je pensais que je pouvais contribuer à donner un second souffle à ce processus à travers mon engagement. Car malheureusement, avec le temps, la transition a perdu tous les avantages qu'elle portait au début et le « printemps tunisien » tournait à l'hiver. J‘estimais qu'il fallait retrouver l'espoir et les élections municipales nous offrent l'occasion de relancer le processus. J'ai été en plus poussé par des amis, avec qui j'ai travaillé sur les élections de 2011 et de 2014. Ensemble nous avons créé la liste indépendante « Al Afdhal » encouragés entre autres par les scrutins précédents dont les résultats démontraient que nous disposions à l'Ariana d'une assise électorale importante. Il restait à transformer un capital de notoriété et de crédibilité en une adhésion élargie.
Vous avez déclaré il y a quelque temps : « Je m'en serais voulu si je ne m'étais pas porté candidat ». Qu'est-ce que vous vous seriez reproché ? D'avoir cédé le terrain municipal à Ennahdha et Nida ?
En partie, bien que je n'aie pas la prétention de concurrencer ces deux grandes formations. Je voulais dire : je ne pouvais pas rater cette occasion pour tenter de mettre fin à cette croyance qu'ils étaient les seuls capables de faire de la politique. Je dois donc y aller à un moment où s'exprimait une grande désaffection par rapport aux partis. Je me serais reproché d'avoir raté cette phase et d'avoir failli à ma mission et au processus électoral auquel j'ai adhéré en 2011 et 2014.
Ancien d'Al Massar, certains, comme Hassan Zarghouni, directeur de Sigma Conseil, remettent en question votre véritable « indépendance ». Qu'en pensez-vous ?
Comment sont réparties les élections ? Il y a des listes partisanes, d'autres issues de coalitions et les troisièmes concernent les indépendants. Je me suis présenté en tant qu'indépendant et je dois être considéré comme tel. D'autre part, pour ceux qui remettent en question mon indépendance, libre à eux de penser ce qu'ils veulent et je ne sais point comment faire pour « mériter ce label ». Mais de grâce qu'ils arrêtent de me diffamer ! D'autre part, mon appartenance ancienne à Al Massar, je ne la renie pas. Al Massar est un excellent parti, porteur de belles valeurs par ailleurs, que j'ai quitté après les élections de 2014 par choix personnel. Je l'ai annoncé dans une déclaration publique, qui a été amplement reproduite. Zarghouni s'est discrédité en niant la présence et le score des 32, 27 % d'indépendants qui ont raflé le tiers des sièges des dernières municipales et en les faisant devancer par Ennahdha et Nida lors de sa présentation des premières estimations du scrutin du 6 mai. Son analyse, en faveur des grands partis, ne correspond plus à rien, ni à des références sociologiques, ni à une perspective de sciences politiques ! Car la question est beaucoup plus compliquée. Examinons de plus près les formations historiques. N'ont-elles pas fait trôner pour beaucoup d'entre elles des indépendants à leur tête après avoir compris qu'elles n'avaient plus pignon sur rue et qu'elles connaissaient une désaffection mémorable ? Peut-on affirmer par conséquent que ce sont des listes déguisées en groupes indépendants ?
Justement, les partis peuvent-ils être une bonne école du politique pour les indépendants ?
On peut faire de la politique sans passer obligatoirement par une formation organisée. Mais une expérience préalable dans un parti peut se révéler nécessaire dans un parcours. Elle vous munit d'une culture générale très enrichissante. Qu'on le veuille ou non, traditionnellement, la politique est basée sur les partis et le processus démocratique est mis en place et se déroule par l'intermédiaire des partis. Ce qu'on apprend dans un parti concerne véritablement des mécanismes et des mécaniques qui tempèrent beaucoup les approches théoriques et académiques de la gestion de la vie publique. On y expérimente les moyens de s'en sortir lorsqu'on est en difficulté : les manœuvres, le compromis...On colle plus à la réalité qui a ses propres ressorts et ses façons d'opérer. Autre chose : pour faire de la politique, il faut également savoir comment entraîner les gens avec vous, former des cellules, organiser des meetings, chercher la meilleure opportunité pour publier un communiqué. « La politique est un art », a-t-on l'habitude de répéter et l'on apprend beaucoup dans les partis même si on choisit par la suite de s'en affranchir.
Vous répétez souvent dans vos déclarations publiques que les partis ne doivent pas avoir le monopole du politique. Une idée dans l'air du temps au niveau mondial avec l'apparition de mouvements comme Podémos en Espagne et 5 Etoiles en Italie, qui signent également la mort des idéologies. Est-ce dans cette mouvance là que vous vous inscrivez ?
En effet, c'est le pragmatisme qui prime aujourd'hui au sein de ces mouvements. Si on veut théoriser l'idéologie ou la façon de penser des indépendants en Tunisie, on dirait qu'elle commence avec le rejet. Ce rejet est négatif, il manifeste une opposition contre les hommes politiques et leur vision opportuniste de la gouvernance. Les personnes engagées dans ce mouvement ne leur font plus confiance, notamment pour leur déni de l'intérêt général et du bien commun. Puis s'exprime chez les indépendants un discours vertueux. Plus précisément, on reproche aux autres les vices auxquels on oppose ses propres vertus. D'où leur volonté de faire la politique autrement. L'exemple d'Al Afdhal illustre bien ce discours du vice et de la vertu. Notre programme commence par un énoncé de valeurs et non pas par des actions concrètes, dont le respect et l'application de la loi pour combattre le désordre (fawdha), l'impossibilité du « compromis avec le sous-développement » et la dégradation de notre environnement et la transparence quant aux autorisations livrées, les marchés accordés, les contrats signés. Tout sera publié sur notre site. C'est le seul moyen de rassurer le public et d'en finir avec les pratiques de tous ceux qui en s'installant dans des postes de décision veulent avant tout bénéficier des avantages de leur statut nouveau et de l'utiliser en faveur des copains et des coquins. Je me suis d'ailleurs engagé à ne pas percevoir de salaire de la municipalité. Ma retraite de Professeur émérite me suffit amplement pour vivre décemment. Je ne vois pas pourquoi j'y rajouterais un autre salaire !
Comment allez-vous vous démarquer des partis dans l'exercice quotidien du pouvoir local ? Comment allez-vous associer concrètement les citoyens à votre mission ?
Parmi les valeurs que nous prônons, nous insistons sur un principe : la décision doit être celle à laquelle prennent part les citoyens. Il s'agit dans notre projet de « démocratie participative », que cite l'article 139 de la Constitution, l'une des plus belles dispositions de la Constitution où apparaît pour l'unique fois dans la loi fondamentale le mot « société civile ». Cet article qui accorde aux citoyens le droit à une participation extrêmement forte trouve son correspondant au niveau de l'article 29 du Code des collectivités locales. Nous voulons mettre en application ce principe. Car nous sommes convaincus que le gage de la réalisation des projets municipaux se situe dans l'association des citoyens à la prise de décision. Les instruments de cette démocratie participative restent à définir. Même le nouveau Code ne précise pas ces mécanismes promettant qu'un décret interviendra pour les fixer tout en appelant les conseils municipaux à établir leurs propres compléments. Dans le but de nous préparer à cet enjeu futur dans la gestion de notre commune, nous avons organisé deux séminaires sur les mécanismes à introduire pour transformer la démocratie participative en réalité. Car tout doit être bien structuré pour donner une crédibilité à ce processus et sortir des vœux pieux d'usage. A l'Ariana, nous avons la chance d'être entourés d'associations qui ont beaucoup travaillé sur cette question et qui nous ont aidés à acquérir une expertise à ce sujet. Le réseau associatif a été d'un grand soutien pour nous et promet de continuer à avancer comme notre véritable relais.
Quels sont, à votre avis, les dossiers les plus brûlants et les plus urgents de la commune de l'Ariana ?
Nous avons écouté les requêtes des gens. Ils ont des demandes toutes simples liées à leur quotidien, qui commencent par la réfection des routes, la propreté dans la cité, l'hygiène, l'éclairage public, la restitution des trottoirs. Finalement pour eux ce serait un exploit si nous réussissions à résoudre ces problèmes. Si bien que lorsque vous sortez des projets ambitieux, qui projettent l'Ariana dans dix ou vingt ans, ils répliquent : « Non, ce n'est pas urgent ! ». N'empêche, nous voulons quand même préparer la transition de la ville vers quelque chose de plus adapté au vingt et unième siècle. D‘autant plus que cette commune dispose d'un potentiel intéressant pour devenir une belle et grande ville. 75% des Arianais sont connectés. La région présente l'un des taux les plus élevés de personnes éduquées, près de 92 %, dont de très nombreux diplômés du supérieur. C'est un capital inestimable et un réservoir précieux s'il est bien exploité et encadré. D'autre part, le budget de l'Ariana est parmi les plus hauts de la République : 62 milliards pour près de 140.000 citoyens. Nous estimons qu'à moyen et long terme, il faudrait régler les problèmes de circulation et d'accès à la ville dus à tous ces locaux transformés en commerces et cafés et qui entraînent des stationnements anarchiques. Je considère d'ailleurs le nouveau plan d'aménagement urbain de l'Ariana comme la pièce centrale pour une réorganisation plus ordonnée de la ville. Son application est un gage d'équilibre urbain. Nous aurons la tâche ardue de faire respecter ses prescriptions. Nous voudrions également inscrire l'Ariana dans une perspective de Smart city, à l'image de ces villes connectées et partagées. Des jeunes génies tunisiens se proposent d'ailleurs de nous concevoir des applications pour smartiser la commune.
Quelles alliances ferez-vous lors des élections prochaines pour la présidence du Conseil municipal de l'Ariana ?
Maintenant que les résultats officiels provisoires ont été proclamés par l'Isie, nous sommes en train de discuter ensemble avec les autres conseillers d'Al Afdhal, sur nos alliances futures possibles. Nous avons déjà décroché 15 sièges, il nous reste 4 sièges pour obtenir la majorité absolue, désigner le président et avoir de l'aisance pour faire passer nos résolutions. Nos alliés naturels sont les autres indépendants. Les partis qui peuvent être proches de nous sont Bani Watani de Said Aidi et l'Union civile. Je pense qu'il faut discuter avec tous ceux qui partagent avec nous des valeurs et avec qui on peut travailler pour faire évoluer la ville. Tout compte fait, nous disposons d'un réservoir de sièges qui nous permet d'obtenir une majorité très confortable. Ceci étant, il ne s'agit pas de rentrer au conseil municipal avec l'ambition de tout passer avec cette majorité. Nous voulons mettre l'ensemble des projets sur la table et prendre le meilleur ici et là afin de concevoir un projet global pour l'intérêt de la cité. Voilà, à mon avis, ce qui nous permettra de travailler dans un esprit de concertation et j'espère dans une ambiance d'unanimité.
Pensez-vous qu'une nouvelle force politique émergera des listes indépendantes pour affronter les prochaines échéances électorales ?
En effet, c'est une question que beaucoup de personnes commencent à se poser. Hassan Zargouni taxe les indépendants de « groupes hétérogènes ». Il faut cesser de penser à l'ancienne, à la politique qui ne peut que se déployer dans un parti. Aujourd'hui, il y a une mutation visible dans le monde à travers l'apparition des mouvements que vous avez déjà cités et la Tunisie en est la parfaite illustration. Quel sera le sort et l'avenir de ce mouvement ? Est-ce finalement un feu de paille ? Pourra-t-il progresser et devenir la troisième voire la première force politique du pays ? Le mouvement est encore embryonnaire même si émergent aujourd'hui des initiatives pour mettre en place une coordination des indépendants. Il faudrait qu'ils arrivent à se coaliser et à progresser pour créer éventuellement une base de travail commune et rapprocher nos expériences. Ce mouvement citoyen pourrait tenir tête aux partis politiques, qui ne peuvent que se redéfinir et s'améliorer à son contact. L'Histoire de la Tunisie a quelque chose d'extraordinaire. A chaque fois où on a l'impression d'avoir atteint le fond, un nouveau ressort jaillit et une brèche s'ouvre pour sauver la mise et redonner l'espoir !
Les près de 40% des voix pour Al Afdhal sont-elles la revanche des fameux zéro virgule de 2011 et des zéro de 2014 ?
En fait, la vérité c'est que derrière ce score, il y a le travail fabuleux de nombreux zéro virgule des anciennes échéances électorales !


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